Mille neuf cent soixante-seize – deux mille vingt-quatre, 48 ans vécus en tant qu’élu de Villeneuve d’Ascq,
toute une vie ou presque… avec ses grands et ses petits moments, ses bons et ses moins bons moments.
48 ans déjà au cours desquels Villeneuve d’Ascq –
d’abord « Ville nouvelle », sans majorité en son conseil municipal d’alors de Jean Desmarets pour voter son budget 1977 quand j’y suis entré le 27 février 1976 en tant qu’« élu d’opposition »,
Villeneuve d’Ascq qui est passé en 48 ans d’une Ville que beaucoup, au départ, voyaient (ou voulaient voir) devenir « un quartier » de Lille, (d’où largement le nom « Lille-Est » de la ville nouvelle), à une Ville de « plein exercice » dès 1983, à une technopole à partir de 1985 et depuis 2008, à une Ville clairement « nature et nourricière »… grâce d’ailleurs, en premier lieu, à ma décision prise dès 1978 de la voir rester à 65 000 habitants plutôt qu’aller aux plus de 100 000 habitants prévus au début des années 70,
avec donc aujourd’hui, grâce à cette décision, sur ses 2746 hectares, près de 1 000 hectares de terres agricoles, de parcs, de forêts, de lacs et de jardins de toutes natures sans oublier ses 250 000 arbres sur le domaine public.
Villeneuve d’Ascq dont je fus élu Maire en mars 1977 avec « une majorité d’Union de la gauche » dont les partis qui la composaient avaient alors des idées, des valeurs et des projets… ce qui n’est plus vraiment le cas aujourd’hui de partis politiques largement devenus de simples « organes de gestion des postes de pouvoir ».
D’où, après 2008, à mes cotés, ma volonté de bâtir des équipes et des majorités unies sous « une bannière »,
« il n’est pas nécessaire d’être d’accord sur tout pour bien travailler ensemble au service de tous »,
et des majorités municipales plurielles du « Camp du Progrès » en 2008 , 2014 et 2020 avec, en leurs « cœurs », « Rassemblement Citoyen », le mouvement que j’ai créé le 27 février 2002… sous cette bannière.
Une Ville, donc passée en 48 ans de « l’état potentiel » d’un ou de nouveau(x) quartier(s) de Lille…, ce dont rêvait alors Pierre Mauroy
… à une Ville dont on peut dire , « sans forcer le trait », qu’elle est aujourd’hui sur « le podium de la MEL ».
Aujourd’hui 27 février 2024, après avoir longuement hésité avant de décider si j’irai ou non jusqu’au bout de mon mandat commencé en 2020, et donc jusqu’en mars ou juin 2026, des hésitations pour diverses raisons dont de santé et d’âge mais surtout pour m’éviter grâce à un départ « anticipé » d’être noyé sinon broyé dans les manœuvres que je vois déjà se profiler, « propres aux successions du type de la mienne »,
j’ai néanmoins décidé d’aller jusqu’au bout de ce mandat, et donc de transmettre, le moment venu, l’écharpe de Maire de Villeneuve d’Ascq à celui ou à celle qui me succédera,
et surtout je suis décidé, durant ces deux ans, à donner le meilleur de moi même pour :
- parfaire et « inscrire dans le bronze » la Ville que Villeneuve d’Ascq est devenue en terminant les grands projets en cours et en en lançant d’autres pour éviter « toute période de paralysie » souvent consécutive à ce type de situation lors de certaines successions…
- continuer à former les principaux acteurs de mon équipe actuelle dans la même direction que j’ai tracée en les faisant mieux connaître de tous les citoyens avec, de ma part, de ce fait, sans doute moins de présences publiques pour donc ainsi aussi avoir davantage « le temps de bien tenir toutes les manettes » ce qui me prend, comme tous les Maires, de plus en plus de temps vu le sort fait par l’État aux collectivités locales et donc à leurs élu(e)s en termes financiers mais pas que… tandis que leurs responsabilités qui sont les leurs (ou qu’on leur prête) s’accroissent dans l’esprit des citoyens qui n’ont souvent plus que leurs élus locaux comme interlocuteurs…
- accueillir dès maintenant des citoyens désireux de s’y associer et de s’engager à nos cotés en 2026 en partageant notre philosophie, notre ancrage social, nos valeurs Républicaines et le sens des politiques qui font la différence de notre Ville…, une Ville clairement du 21ème siècle avec des racines profondément ancrées dans un temps de plus de deux millénaires.
Alors certes, ce ne sera pas facile.
Je connais la dureté de certains appareils, la violence et l’ignominie de certaines attaques.
J’y ai déjà gouté… et je sais qu’il y en aura d’autres…, certaines se profilant déjà…
Mais je ferai tout pour résister car j’aime ma Ville, j’aime ses habitants et je n’aimerais pas qu’elle tombe entre les mains d’un « conglomérat politicien » qui la ferait régresser au sein de la Métropole, sachant, qu’en toutes choses, « on descend plus vite qu’on ne monte »
Voilà ce que je voulais dire en ce 27 février 2024 en forme d’engagement après avoir bien réfléchi et bien pesé toutes les difficultés qui m’attendent comparées à ce qu’aurait pu être une retraite reposante… plus immédiate et plus longue .
Mais ce serait, en fuyant ces difficultés, refuser d’être à la hauteur de ces 48 années et donc d’une vie publique avec tous les sacrifices qui en ont découlé pour moi-même et plus souvent pour mes proches…
et cela, ce type de lâcheté… « ce n’est pas moi »,
car comme disait Jean Jaurès à propos du courage dans son discours à la Jeunesse de 1903 au lycée d’Albi ;
« Le courage c’est d’aimer la vie, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant ».
Et j’ai moi aussi, depuis mon enfance, ce type de courage rivé au fond de mon être…
Gérard CAUDRON
27 février 2024