Chez Homère, Pénélope est un modèle de vertu.
Chez nous, elle est l’épouse de F. Fillon.
Le meeting de ce dimanche 29 janvier était attendu comme une étape décisive pour relancer un candidat en pleine tourmente. On attendait de savoir comment il évoquerait l’ « affaire » en cours. Il n’a pas tardé pour aborder le sujet.
Aucune évocation des faits pour lesquels il est mis en cause, autocélébration de sa force de caractère, coups de menton, attitude virile, hautaine et instrumentalisation de la condition féminine lorsqu’il invite à s’en prendre « à lui », « droit dans les yeux, » et non à sa femme.
Une touche d’émotion sucrée et de romantisme s’invite même : « devant témoins je l’aime »…
Assurément, le malaise est profond, face à ce spectacle.
Et il conduit à la nausée quand le candidat Fillon enchaîne directement dans son discours, sanglots dans la voix, en convoquant la figure de Simone Veil et le souvenir d’une visite avec elle du camp d’Auschwitz.
Rien ne nous aura été épargné.
Au final, une scène surréaliste où le ban et l’arrière ban de l’UMP/ L.R. acclame le candidat. Ils sont venus, ils sont tous là, ils s’époumonent pour Pénélope et François.
Dans la Grèce antique, la ploutocratie désignait un gouvernement aux fondements aristocratiques pervertis par la richesse. La démagogie était considérée comme la pire des menaces pour la démocratie. Et la tyrannie apparaissait comme une solution légitime aux moments de crise.
La scène de ce jour, au-delà des sentiments qu’elle inspire, prépare assurément de beaux jours à l’extrême droite du clan Le Pen. Elle jette l’opprobre sur la classe politique et fait le jeu des populismes les plus dangereux.
Aristophane, dans sa pièce Lysistrata, raillait les hommes de son époque et imaginait que seules leurs femmes pouvaient les ramener à la raison, par les moyens les plus originaux…
Puisse Pénélope Fillon être à la hauteur.
Sylvain Estager
