Carnet n° 417 du 29 Août 2016

« Une certaine mélancolie …mais pas uniquement »

 

«Je ne porte ni kippa, ni voile, ni croix mais juste une certaine mélancolie de l’époque où tout le monde s’en foutait ».

 

Cette réflexion, largement reprise sur internet et qui n’a pas d’auteur clairement identifié, ma trotté dans la tête tout au long de ces derniers jours alors qu’un « débat insensé » occupait la scène politique et médiatique à propos d’un vêtement féminin dénommé ʺburkiniʺ, et donc finalement à propos du droit (ou non) de s’habiller comme on le souhaite sur une plage…

 

Et on a ainsi vu des Maires prendre des arrêtés d’interdiction, des Ministres et un Premier Ministre se disputer, un Mélenchon comparer ces décisions « ridicules » aux persécutions des protestants et des juifs (Jean-Luc a toujours eu « le sens des nuances »…), un ancien Président de la République (à nouveau candidat) promettre ,s’il est élu ,une loi pour l’interdire (et heureusement un de ses concurrents à droite, Alain Juppé, dénoncer les lois de circonstances)… et même un Maire d’une commune de la MEL, sans plage, lui aussi se dire décidé à prendre un arrêté avec le soutien d’un autre Maire de la MEL « redevenu proche « de Nicolas Sarkozy…

 

En 50 ans de vie militante et 40 ans de vie élective je n’ai jamais rien vu d’aussi grotesque !

 

Quand je repense au film de Louis De Funès, ci -devant Gendarme à St Tropez en 1964, courant derrière des naturistes pour les rhabiller et que je vois à Nice des policiers allant, sur dénonciation, déshabiller des femmes coupables d’être habillées… j’hallucine ,en me rappelant les mots d’Einstein« sur le caractère infini de la bêtise humaine » … car, en plus, si De Funès et ses gendarmes nous faisaient rire… aujourd’hui « c’est même pas drôle… !»

 

Ce n’est certes pas le laïc que je suis qui accepterait de voir notre République laïque sombrer dans des formes « d’État religieux « comme l’aurait d’ailleurs voulu « les tenants et partis politiques du refus du mariage pour tous, au nom de leur religion ou encore des tenants de l’interdiction de la recherche sur les cellules souches (destinées pourtant à guérir de nombreuses maladies dégénératives) et je ne parle pas de ceux qui en France (et dans l’ancien projet de Construction Européenne rejeté en 2005) voudraient encore « graver dans le marbre nos racines chrétiennes »…

Pour autant, en dehors des cas où notre sécurité est en jeu et où les femmes sont quasiment emprisonnées comme avec la burka (chère aux Talibans et à l’Arabie Saoudite), … on ne va pas, sous peine de régresser de plusieurs siècles, réglementer l’habillement de chacune et de chacun !

 

J’ai d’ailleurs encore vu cet été des « bonnes sœurs en habits » et des curés en soutanes… et que dira t’on le 1er janvier prochain à celles et ceux qui se jettent tout habillés dans la mer, (à Nice aussi), pour le Nouvel An ? …

 

Des ʺpolitiquesʺ se déchaînent pour, crient-ils, coller à l’opinion (et comme dirait N.Sarkozy refuser « les dénis de réalités ») ….et les médias en rajoutent, ce qui n’est pas nouveau quand on relit Émile Zola qui, en 1888 ( !!), parlait de « l’état de surexcitation nerveuse dans lequel le journalisme tient la Nation… » (et, enfonçant le clou) : « Remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait. Quand une affaire est finie, une autre commence… si les sujets d’émotion manquent, ils en inventent… »

C’était Émile Zola en 1888, il y a 128 ans !

 

Pendant ce temps là, la terre tremblait en Italie en faisant des centaines de victimes sans pour autant, contrairement au burkini, faire « la une » de la plupart des médias et des journaux…

Lutter contre l’intégrisme islamique, oui, … contre ses réseaux de financement, oui, …

Ne pas applaudir aux « exploits » d’un PSG qui croule sous l’argent du Qatar ou ne pas aller se ʺrouler aux piedsʺ du Roi d’Arabie Saoudite comme ,nous dit on ,Nicolas Sarkozy l’a fait cet été… quand on sait les « actions » de ces États dans ces domaines, oui… vraiment…

Mais, certes, Monsieur Sarkozy, Mesdames et Messieurs qui le soutiennent à Villeneuve d’Ascq, comme ailleurs, c’est « moins facile » que de faire se « déshabiller des femmes » qui, pour de multiples raisons, ne veulent pas se déshabiller sur une plage… ( et pas que pour des raisons religieuses).

J’ajoute enfin que dans ces temps d’insécurité et de risques mortels de terrorisme, nos polices ont d’autres choses à faire…

Je l’ai déjà dit et je le répète :

Dans les 9 mois qui viennent on va en voir et en entendre « de toutes les couleurs », durant les primaires des partis d’abord et les campagnes électorales ensuite…

avec des manœuvres de positions individuelles et collectives de celles et ceux qui chercheront à être, coûte que coûte, dans le camp du et des gagnants…

On va en voir des girouettes tourner à tous les niveaux et en tous lieux et dans tous les  sens pour des raisons dépassant les enjeux de 2017, (à Villeneuve d’Ascq y compris),… même si, comme le disait Edgar Faure accusé d’en être une, « ce ne sont pas les girouettes qui tournent mais le vent » et il est vrai qu’aujourd’hui les vents soufflent forts !

Ce ne sera pas mon cas et, au risque de déplaire, je ne serai ni une girouette ni un roseau, préférant rester le chêne que j’ai toujours été au risque, un jour, comme le chêne de la fable de Monsieur Jean de La Fontaine, dêtre déraciné par un vent qui aura redoublé ses efforts tandis que ʺles petits roseauxʺ continueront à plier…

 

Gaston Leroy, un vieil ami qui nous a quitté fin juillet, aimait à m’appeler « le vieux lion »… Je sais, aujourd’hui plus que jamais, ce que cela signifie et signifiera…

et j’en suis fier… par rapport à ʺdes lionceaux ,voire des jeunes chiotsʺ qui tournent sur eux-mêmes pour attraper je ne sais quoi… pour je ne sais quelle raison…

 

J’espère qu’Alain Juppé, autre vieux lion de droite (il a mon âge) et qu’Arnaud Montebourg, ancien lionceau de gauche sauront être dignes des ambitions qui sont les leurs et (au risque de perdre) s’attacher aux véritables enjeux de la France de 2017… :

Croissance, emploi, moyens de vie pour tous, urgence écologique, République et laïcité, sécurité, Démocratie… (voilà de vrais enjeux…)

Et j’attends d’eux qu’ils aient le courage de ne pas sombrer dans la lepenisation des esprits sans pour autant nier les réalités que vivent nos concitoyens…

L’exercice n’est pas facile mais être Président de la République ne l’est pas non plus :

Le Général De Gaulle, François Mitterrand et même Jacques Chirac nous en avaient fait la démonstration…

Pour eux, comme pour nous, ces mots de Benjamin Dellesert, datant du début du 19ème siècle, tracent une feuille de route :

« Le mérite consiste à bien penser, à bien parler, à bien agir »

des mots auxquels j’ajouterai ces paroles de Goethe de 1839 :

« quand on est vieux, on doit agir (encore) plus que quand on est jeune ».

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