Carnet n° 401 du 9 Mai 2016

« La société politique contemporaine, une machine à désespérer les hommes »

 

Ce jugement péremptoire de la plupart des chroniqueurs en cette année 2016, même si il est exprimé de manières différentes, dont certaines m’ont interpellées lors de mes lectures de ces derniers jours, avec, entre autre, un ouvrage qui titre sur notre Démocratie malade et un article de « l’Obs » sur « une France mûre pour le fascisme », ce jugement péremptoire, disais-je, a, en fait, plus de 60 ans d’âge car son auteur en est Albert Camus un merveilleux écrivain qui nous a quitté, trop tôt, à 47 ans, en 1960….

 

Cela peut, peut-être, atténuer nos angoisses et nos doutes en ce début du 21ème siècle…. « Encore que »… Ce n’est pas si sûr… Surtout si on l’ampute d’un mot, le mot politique :

« La société contemporaine, une machine à désespérer les hommes… ».

 

Mais, là aussi, les férus d’histoire, dont je suis, vous diront que la formule et le jugement sont applicables à toutes les étapes de l’histoire humaine….

Il est pourtant aujourd’hui intéressant de l’illustrer quand on compare les envies et les intentions « citoyennes » qui s’expriment dans les sondages d’opinion qui nous arrivent à jets continus.

Exemple : les Français veulent du renouvellement en politique, des responsables plus jeunes, des durées de mandats et des carrières plus courtes, davantage de démocraties directes, de l’honnêteté … J’en passe et des meilleures…

Et qui choisissent-ils dans les mêmes ou d’autres sondages ? Alain Juppé qui a mon âge et une carrière un peu plus longue encore que la mienne….

Qui élisent-ils ici ou là de manière récurrente ?

Un Patrick Balkany dont le bilan judiciaire et patrimonial sont « des exemples du genre »…

Vers qui un nombre croissant d’entre eux vont leurs cœurs et leurs votes ?

Un FN et une famille Le Pen dont les idées n’ont rien à voir avec une Démocratie directe et dont les méthodes et les financements ne sont, pour le moins, pas exempts de questions.

Des députés PS ont été, dans leur majorité, élus en 2012 dans le sillage de l’élection de F. Hollande. S’ils pensent, en le chargeant de tous les maux, sauver leurs mandats en 2017… Ils et elles se font bien des illusions et même si, sur le fond, sont loin d’avoir toujours tord ils et elles ont souvent raison.

 

Un Président Hollande « aux abysses » dans les sondages et qui n’est pourtant plus très loin de nous refaire le coup du « moi candidat… » après le « moi Président… » de 2012, en réussissant, au moins, ce « quasi exploit » d’affirmer qu’il « réformera » jusqu’au bout… Tout en distribuant ici et là chaque jour des petits cadeaux et des promesses de toutes sortes pour préparer sa candidature.

Des candidats potentiels pour 2017 à droite comme à gauche par dizaine et, pour beaucoup, le temps sans doute de faire parler un peu d’elles et d’eux, ce qui contribue à un émiettement d’où ne subsisteront, dans quelques mois, que les plus « gros » avec, « au bout du bout », sans doute un remake des Présidentielles de 2002 et de décembre 2015 aux Régionales en Nord-Pas de Calais-Picardie, un choix à faire entre :

– le moins pire : A Juppé contre Mme Le Pen,

– ou pire encore, Nicolas Sarkozy contre Mme Le Pen

(et je ne parlerai même pas d’un choix entre N. Sarkozy et F. Hollande…)

Et avec cela, quel que soit le duel du deuxième tour, la certitude d’une Assemblée Nationale bleu horizon et des gauches plus que laminées….

 

Certains dans l’électorat de gauche penseront et diront « qu’ils ne l’ont pas volé ». Sans doute, et ce n’est pas faute, pour moi, de l’avoir rappelé au long de mes carnets de ces 4 dernières années.

Pour autant, après que F. Hollande ait contribué à faire perdre au Camp du Progrès les municipales de 2014, les européennes, les départementales de 2015 et les régionales, obligeant ses électeurs à des choix insensés…

Ils suffit de regarder, par exemple chez nous, les hausses d’impôts de 25,8% votés par la droite au Département du Nord et toutes les remises en cause de projets et d’engagements dans le Nord et dans les Hauts de France pour au moins reconnaître que : « la gauche et la droite… ce n’est pas la même chose », même si cela n’interdit pas des rassemblements, comme on l’a fait à la MEL,… sans nier les différences et les fondamentaux, à la condition préalable de n’avoir pas été réduits à la portion congrue comme au Département ou avoir purement disparu « corps et âmes » comme à la Région du fait des décisions socialistes.

 

« Une machine à désespérer les hommes ? » disait Albert Camus parlant de la société politique ou de la société tout court…. (finalement, d’ailleurs, les 2 se rejoignent).

 

D’autres exemples ne manquent pas y compris dans nos communes avec la montée chez beaucoup de nos concitoyens d’égoïsmes, d’intolérances, d’exigences, qui ne tiennent compte, d’aucune manière, des contraintes et des environnements ni même des contradictions voire du bon sens et de la logique, avec à la clef, dans certains messages, ou pétitions (comme à Montalembert), un mépris pour les élus et le Maire en des termes « quasiment diffamatoires ».

 

Et chacun d’y aller de ses exigences :

  • Moins d’impôts et davantage de services publics
  • Davantage de logements pour tous… mais surtout ailleurs… et du même standing que soi
  • Des voiries nouvelles mais pas près de chez soi, idem pour les lignes et arrêts de bus, idem pour les parkings
  • Et je ne parle même pas des parcs de jeux et des cours d’écoles « qui font du bruit ».

Je pourrais en effet en allonger la liste à l’infini…

 

Dernier exemple en date : une citoyenne s’est fait fracturer sa portière de voiture… elle en demande le remboursement au Maire parce que, dit-elle, « elle paie des impôts »…. (fermez le ban !)

 

J’arrête là ma litanie pour essayer peut être d’évoquer quelques autres sujets :

 

  • L’Europe, brocardée de toute part, 71 ans après la fin de la terrible 2ème guerre mondiale,
  • Une Europe dont c’est la fête en ce 9 mai en écho à la déclaration de Schuman du 9 mai 1950,
  • Une Europe qui, certes, a fait des fautes, a montré ses limites… mais sans laquelle notre continent ne manquerait pas de ré-embraser sous la pression des nationalismes un peu partout en progression… Il parait que « Mein Kampf » ne s’est jamais aussi bien vendu….
  • Le rôle régalien des États, y compris du notre, la France.

Notre sécurité intérieure et extérieure que les dirigeants doivent cesser de réduire, y compris en les faisant glisser sur le compte des collectivités.

Après nous avoir quasiment déféré la police via nos polices municipales que l’État et les citoyens surchargent, viendra sans doute, le jour où on nous chargera de la défense et de « forme de conscription », sans oublier la justice et l’aménagement des territoires, c’est tellement facile…

Voilà une vraie « inversion de la hiérarchie des normes » que personne pourtant ne dénonce !

 

Je ne cesse de le dire depuis très longtemps mais j’ai le sentiment d’être de moins en moins entendu… sans doute à cause de ce que disait déjà Albert Camus :

« N’être plus écouté, c’est cela le plus terrible quand on est vieux »

 

Et même si je ne suis pas le seul en la matière à m’en plaindre et à « être mis à toutes les sauces », j’avoue mon ras-le-bol  face au mépris de l’UEFA pour les élus et le Maire de la ville d’accueil que je suis, voire même ma réelle inquiétude face au glissement à droite du seuil de gravité politique à la MEL qui nous fait craindre, là aussi, des moments difficiles … dès 2017.

 

Alors, cherchons un peu de positif sur Villeneuve d’Ascq :

 

  • Une ville splendide sous le soleil en ce Week-end prolongé de l’Ascension
  • La victoire de « nos nanas » du LMRCV, les performances de nos athlés et de nos footballeurs
  • Asnapio et le Musée de Plein Air débordant de visiteurs
  • Modigliani qui bat tous les records au LAM
  • Une jeunesse sportive aux 4 coins de la Ville
  • Et pleins de petits lieux de bonheurs tous simples.

 

Et tout cela, grâce à la Paix gagnée le 8 mai 1945 (on lira mon discours de dimanche par ailleurs), l’Europe de ses Pères Fondateurs et de leurs héritiers dont j’ai été dans le sillage de Jacques Delors.

Des décennies enfin de combats et de travail pour faire de Villeneuve d’Ascq une belle et grande ville rayonnante….

Alors, si la société politique et ses acteurs de tous âges, m’a toujours et me désespère toujours autant, cela ne m’a pas empêché de donner l’essentiel de ma vie à mes concitoyens, à l’Europe, à la France et à ma ville, à mes idées et à mes valeurs sans jamais avoir eu l’illusion, l’espoir ou même l’envie d’un quelconque retour…

Je ne l’ai jamais fait pour cela… (et cela m’aura toujours évité d’être déçu car pour l’être il faut avoir des illusions…)

 

J’ajoute que finalement, malgré tout, je n’ai (comme l’a dit aussi Albert Camus) jamais attendu « le milieu de l’Hiver » (où j’espère n’être pas encore) « pour découvrir en moi un invincible été »

 

Alors oui, le cœur réchauffé par cet été et jusqu’au bout de mes forces, je me battrai contre le désespoir et pour l’avenir de nos enfants et de notre société, contre toutes celles et tous ceux qui veulent la mettre à mal au nom de leurs idéologies mortifères ou tout simplement de leurs égoïsmes insipides…

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