Carnet n° 400 du 2 Mai 2016

Vous avez dit « Démocratie » ?

 

Il est de bon ton, pour ne pas dire quasiment « politiquement correct », d’affirmer que la Démocratie Élective, en ce début du 21éme siècle, a fait son temps et qu’il faudrait mieux la remplacer par une « véritable » « démocratie participative », c’est-à-dire, de fait, le droit donné à chacun(e) de s’exprimer sur tout et à tout moment sans mandat particulier pour cela, sinon que, la plupart du temps, sur un dossier, celui ou celle qui s’exprime y a un intérêt direct… Ou presque…

Si on ajoute à cela l’image donnée par les sondages, d’élus accusés d’être souvent corrompus et toujours trop attachés (durant trop longtemps) à leur mandat, la boucle est bouclée voire « le tour est joué ». Il faut, nous dit-on, changer le système, remplacer l’élection par un tirage au sort et les décisions majoritaires prises dans les assemblées délibérantes par des pétitions sur internet…

Le « vieil » élu que je suis qui a, sans doute, aux yeux de certain(e)s, duré trop longtemps au service de sa ville, s’interroge, malgré les résultats des élections auxquelles il s’est présenté, et ceux, plus importants (que personne ne peut honnêtement nier) qui ont trait aux progrès réalisés par sa ville,

et en vient à se demander, à ce stade de sa vie, si, comme on le dit parfois « il ne s’est pas trompé d’histoire d’amour » et s’il a raison de vouloir encore, à raison de 60 à 70 heures de travail par semaine, terminer un certain nombre de dossiers qui feront, à sa ville, franchir « un point de non-retour » vis-à-vis de « la cour des grands » dans laquelle elle est rentrée après 4 décennies de travail, en la faisant passer de l’état d’une ville nouvelle banlieusarde appelée Lille-Est à celui de Grande et Belle Ville Connue, reconnue et rayonnante dans tous les domaines.

Malheureusement, pour un nombre croissant de citoyens, la question n’est pas là, et ces résultats comptent peu !

Si on est de gauche, et je suis de gauche, tout ce qui ne plaît pas dans la politique des socialistes au gouvernement est mis à notre débit et cela même si on n’a rien à voir de particulier avec ce gouvernement, ses députés et ses ministres…

Si le monde est devenu dangereux, violent et si il y a des problèmes de délinquance, que fait donc le Maire ? La question est récurrente !

Si une grève paralyse un service public…, rebelote… c’est encore de la faute du Premier Magistrat.

Si la mairie fait des économies pour ne pas augmenter les impôts, on lui reprochera de dire non à certains projets et certaines envies…ou à certaines subventions… etc. etc.

Je suis sûr que beaucoup d’élus, de toutes étiquettes, comme moi aujourd’hui s’interrogent.

Pourquoi veut-on l’être encore ? Qu’est-ce que cela cache ?

Une rémunération ? certes… mais moins élevée que certains cadres municipaux.

Du pouvoir ?… Quel pouvoir ? Quand on sait la faiblesse des « marges » de toute ville coincée entre l’État, la MEL, le Conseil Départemental et le Conseil Régional, surtout quant tous renvoient sur les villes leurs désengagements financiers (voire pour l’État, d’autorité)…

A ce train là… « Le métier risque de se perdre » après avoir perdu ses attraits et en premier lieu le respect à l’instar de ce qui est déjà arrivé au curé et à l’instituteur…

Et pourtant, peut-on croire un instant que, par internet, un comité de défense puisse faire de l’aménagement, prévoir des logements, des voiries et des équipements dont nous aurons tous besoin demain mais qui, aujourd’hui, ne peut que gêner les gens en place (qui sont déjà souvent ou seront de plus en plus celles et ceux qui s’exprimeront pour ou contre par « un simple clic » sur un ordinateur ou une tablette)…

J’arrête là « mon coup de gueule » et avec lui mon questionnement sur mon utilité et celle de mes collègues et ce, parce que ce n’est pas le plus grave : chaque fois, en effet, qu’un État ou un système a supprimé les « corps intermédiaires » entre les citoyens et les pouvoirs que sont les élus, chaque fois, oui, on est passé d’une démocratie à une forme de dictature…

Car faute de décisions pensées, projetées dans l’Avenir, et coordonnées, c’est la pagaille assurée et l’appel inéluctable à un « sauveur », un « chef »,  ou un « führer ».

Et de réciter une fois encore le côté prémonitoire de la Fontaine et de ses « Grenouilles qui demandent un roi ».

Oui vraiment, il me faut arrêter là,…car en attendant la vie continue, avec, cette semaine, un Conseil Municipal qui s’est déroulé sereinement et dignement, des dossiers MEL difficiles, mais nécessaires, et ce dimanche 1er mai la mise à l’honneur de citoyens pour 20, 30, 40, 45 ans de travail… Et un peu avant, des clubs sportifs qui performent à Villeneuve d’Ascq, le rugby, le basket féminin et même le foot avec le LOSC et nos 3 clubs de Flers, du Vam et d’Ascq sans oublier nos footballeuses…

Oui, heureusement qu’être Maire c’est encore un peu cela et pas seulement ce que j’ai évoqué plus haut sans oublier son rôle dans la préparation de l’Euro de foot et les exigences méprisantes de l’UEFA …

Pas sûr que j’aille aux matchs, (même si on condescend à me fournir des places), préférant avec mes équipes, mobilisées pour cela, veiller à notre niveau, et très modestement, à la sécurité qui doit entourer les épreuves et ce qui doit être, malgré tout une fête !

Dimanche 1er mai 2016, pour toutes ces raisons et pour quelques autres plus personnelles, on aura compris que l’heure n’est pas pour moi à l’optimisme.

Au demeurant, tant que je ne serai pas parti, je serai digne des engagements que j’ai pris et quand je m’en sentirai plus capable où que « le ras le bol » l’aura à tous les niveaux emporté sur mon enthousiasme, je saurai en tirer toutes les conséquences

« La vie est un voyage et non une destination »

et si, comme l’a écrit si bien Montaigne,….

 «  La vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins, semons y des fleurs »

et on ne pourra jamais dire que je n’en ai pas semé…

Lien Permanent pour cet article : http://www.rassemblementcitoyen.org/?p=2364