Carnet n° 296 du 5 mai 2014

« Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais »

Cette citation populaire bien connue qui utilise le vouvoiement ou le tutoiement selon celles et ceux à qui on s’adresse,

« Faites (fais) ce que je dis mais ne faites (fais) pas ce que je fais (ou que j’ai fait) »,

(beaucoup sans doute l’ignorent) trouve son origine dans un des évangiles de Saint Matthieu qui remonte à 65 après J.C.

Et il est vrai que lorsque je m’oblige (ou que les hasards m’y conduisent) à suivre sur les télévisions les déclarations politiques, leurs petites phrases et belles formules, sans oublier quelques débats dont on peut toujours deviner à l’avance les termes et la stratégie (cf ceux sur l’Europe) il me plait de les résumer par cette formule vieille de près de 1950 ans.

Le week-end écoulé n’en a pas manqué pas plus que le débat de mardi dernier à l’Assemblée Nationale quand on entend certains plaider avec talent le contraire de ce qu’ils disaient hier tandis que les autres démolissent avec une ardeur toute juvénile ce qu’il faisaient hier (avec les résultats que l’on connait) tout en se préparant à le refaire quand (ou si) demain « ils reviennent au pouvoir »…

Comment voulez-vous que les citoyens s’y retrouvent et qu’ils ne soient pas tenté par un rejet global du « système » avec les conséquences que l’on sait quand on se rappelle ce qui s’est passé en Europe au 20 ème siècle entre les années 30 et l’année 1945 ?

Même François Bayrou, pour qui pourtant j’avais de l’estime, nous a fait une démonstration en accélérée durant 1h30 sur LCI ce dimanche soir.

Je peux comprendre certaines de ses raisons. J’en trouve le résultat pour le moins attristant…

Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais.

Tout est dit ou presque pour ce qui est du « débat institutionnel politique ».

Pas étonnant que je ne m’y retrouve pas et que je ne m’y retrouverai sans doute jamais plus… sauf « grand coup de vent frais » comme on a pu en connaître durant quelques semaines en mai 1968, il y a 46 ans.

Et je veux, à ce stade, ajouter à cela ma relecture ce dimanche d’un ouvrage paru en 1972 retrouvé au gré de mes éternels rangements sous le titre « Changer la vie, programme de gouvernement du Parti Socialiste » dont la préface de François Mitterrand commençait ainsi :

« à un moment où notre peuple s’interroge avec anxiété sur son avenir immédiat, …. aujourd’hui règnent, toute illusion dissipée, l’injustice, l’insécurité, le désordre des esprits et des choses »

et de rajouter :

« De temps à autre, pour rétablir la confiance, le Président de la République, le Premier Ministre en appellent au ressort moral de la Nation, à la solidarité de ceux qui la composent. Comment pourraient-ils être entendus alors que se révèlent, dans ses couches dirigeantes, le pourrissement d’une société qui meurt du pouvoir de l’argent ? ».

Repensant aux paroles de Lampédusa dans le Guepard (film et livre)

« Il faut que tout change pour que rien ne change »…,

je me dis que : non vraiment

« Le temps ne fait rien à l’affaire… »

(Georges Brassens…)

encore que…

en 1972… François Mitterrand, toujours dans cette même introduction, dénonçait un chômage qui venait de passer la barre des 500 000!…

42 ans après, (dont 25 ans de droite et 17 ans de gauche au pouvoir) le nombre de chômeurs totaux ou partiels se situe entre 3 et 5 millions… soit près de 10 fois plus.

On aimerait d’autres changements !

« Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais »…

comme on aimerait qu’il en soit autrement quand, en terme de programmes, d’actions, de décisions, de budgets voire de moyens donnés aux élu(e)s pour faire leur travail d’élu(e)s, on entend ici, à Villeneuve d’Ascq, dans l’opposition UMP-FN dire le contraire de ce que leurs amis UMP-FN font dans les villes qu’ils dirigent (il est des montants d’indemnités interessants à connaître dans les villes UMP et FN).

Nul doute qu’on en reparlera demain mardi en Conseil Municipal…

Très heureusement, la vie locale nous réserve des moments d’une autre nature qui permettent de « gommer » tout ce que je ne supporte plus dans la vie politique.

Des moments de mémoire et d’émotion par le rappel des sacrifices des soldats de la France en Indochine où 70 % des prisonniers de Dien Bien Fuh ne sont pas revenus des camps… c’était il y a 60 ans.

Des moments d’émotion, de convivialité et de souvenirs lors de l’appel de 199 médaillés du travail le 1er mai à Concorde avant des rencontres dans les quartiers autour d’un verre de l’amitié.

« Dommage pour celles et ceux » élu(e)s qu’on a beaucoup lu durant la campagne (et vu en affiches) aient préféré « poursuivre leurs combats » sur les pentes des montagnes ou les bords de mer, plutôt que d’être là !

Heureusement, la quasi totalité des élu(e)s de la majorité sont resté auprès des villeneuvois… à faire le travail pour lequel ils avaient sollicité leurs suffrages…(« Faites ce que je dis »…)

Heureusement, ce week-end dernier il y a eu aussi des tournois et des matchs un peu partout grâce aux bénévoles qui les animent,

et j’ajouterai surtout, ce dimanche nous a offert un « pur moment de bonheur »

au Musée de Plein Air, sous le soleil et la musique parmi nos racines humaines.

« Un pur moment de bonheur » et une de mes plus grandes fiertés quand on sait qu’avec Asnapio, la zone de nature du Héron, nos espaces agricoles protégés et le Musée de Plein Air nous avons, de par nos volontés et décisions, ce qu’aucune autre ville en France de notre taille ne peut se prévaloir d’avoir et ce, pour le plus grand bonheur de nos habitants et de nos voisins !

Heureusement (et j’ose le dire), il est quand même des élus dont je suis et dont sont ceux qui ont constitué mes équipes pour qui « il faut faire ce qu’on dit » ou tout au moins, selon les difficultés des temps, tout faire pour y arriver !

C’est d’ailleurs, et j’en terminerai par là, un des enjeux du prochain mandat communautaire de Lille Métropole. C’est la raison pour laquelle j’ai milité pour une solution qui rassemble, qui unit et qui apaise.

On verra ce qu’il en sera exactement le 12 mai prochain… Mais j’ai bon espoir.

Reste qu’on voit les limites du système électoral actuel pour ce qui est des Communautés Urbaines.

Nul doute qu’il faudra en changer en 2020 pour que les Métropoles aient des élu(e)s au suffrage universel direct qui nous rapproche de toute règle démocratique de base : une femme ou un homme = une voix.

Aujourd’hui on en est encore loin.

Pour autant… pour les 6 ans qui viennent, et même à l’intérieur d’un système en fin de vie, nous n’avons pas d’autre voie que de tout faire pour réussir !

Somme toute, et si c’était cela « Changer la vie » ? : de ne plus promettre que ce que l’on pense pouvoir tenir et tenir ce que l’on a promis ?

Et ce début d’un joli mois de mai, n’est-il pas permis de rêver ?

C’est peut être (ou sans doute) pour cela, qu’aujourd’hui 5 mai, je n’ai pas voulu parler des élections européennes qui auront lieu le 25…

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