Motion UMP sur les rythmes scolaires, réponse de Françoise Martin

De l’infiniment grand à l’infiniment petit.

 

J’ai analysé la  motion présentée par le groupe « Villeneuve avant tout » avec mon œil de biologiste. Dans un premier temps l’objet est observé à l’œil nu pour ensuite être placé sur la platine du microscope. L’observation se fera du   plus faible au plus  fort grossissement. Dans notre jargon  de l’infiniment grand à l’infiniment petit.

 

Ce texte ou cette proposition m’interpelle à plusieurs titres et suscite des interrogations.

 

1ère interrogation, une loi n’a-t-elle pas été promulguée  le 8 juillet 2013 ?

La réforme des rythmes scolaires s’inscrit dans le cadre plus large de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.

 

Est-il utile de vous rappeler que nous avons toujours respecté la loi. Au nom de nos principes républicains. Comme vous le savez, les citoyens sont au moins indirectement les auteurs des lois et ne peuvent  et ne doivent se dispenser de son application.

 

J’ai encore en mémoire la LOI n° 2008-790 du 20 août 2008 instituant un droit d’accueil pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires pendant le temps scolaire (1) Le ministre de l’éducation nationale de l’époque s’appelait Xavier Darcos. Cette loi nous posait de nombreux problèmes, à la fois moraux et techniques. Nous étions taxés de briseurs de grève et sur le plan technique il fallait mettre en place sous 48h (dont un jour ouvré) un système de garde sécurisé pour un nombre inconnu d’enfants susceptibles d’être présents les jours de grèves. Nous étions sensés fournir des listes de personnes lambda (parents d’élèves ou autres) dont la  bonne moralité serait vérifiée et validée par l’IA. Nous avons appliqué la loi et organisé un SMA chaque fois que la sécurité des enfants n’était pas mise en jeu.

Nous avons toujours appliqué la loi !

 

2ème interrogation : toujours dans le titre, je m’attarde sur le mot « scolaire » et je me dis tiens quel est cet intérêt soudain,  tout au moins depuis la dernière campagne municipale mais on en reparlera plus loin dans mon propos.

 

Que faisiez-vous sous la présidence de M Sarkozy ? Avez-vous proposé des motions ?

On pouvait lire dans la presse de l’époque « Public et Privé s’alarment des suppressions de postes depuis 2007 » « 80 000 suppressions de postes entre 2007 et 2012 ».

L’école primaire particulièrement touchée avec des classes maternelles surchargées (plus de place pour les 2 ans), des classes en élémentaire à double ou triple niveaux. Pour parfaire le tout une disparition d’un tiers des postes RASED (Réseau d’aide Spécialisé aux Elèves en Difficultés ; difficultés d’apprentissage du français et des mathématiques, difficultés comportementales) 5000 emplois en moins….. Une petite erreur de calcul quand on sait que l’acquisition des fondamentaux ce joue à ce niveau là. Comment prétendre lutter contre l’échec scolaire

Je ne me souviens pas que vous ayez manifesté  un quelconque soutien à l’Ecole de la république qui au lieu de corriger les inégalités sociales, les accentuent.

10 ans de casse du système scolaire !

 

Si maintenant je me penche sur le corps du texte, je constate avec surprise donc que la notion de moyen ne vous est pas étrangère et …d’une certaine façon à travers cette motion vous reconnaissaient  l’importance de la question des moyens, et dénoncez finalement certes de façon implicite la position de l’ère Chirac-Sarkosy.

 Nous en prenons acte.

 

Depuis l’élection de M Hollande, on ne peut nier un changement de politique au niveau des moyens: on remet des postes, on engage une réforme. Nous ne pouvons que saluer l’inversion de la dynamique engagée depuis quelques mois.

 

Concernant LA REFORME, opérons un petit retour en arrière

 

Loi Darcos 2008 : Dans le cadre de la réforme de l’enseignement primairele ministre en charge de l’Education nationale, Xavier Darcos, annonce la suppression des cours du samedi matin à la rentrée 2008 sans report des heures de classe sur les autres jours de la semaine. Aucune concertation n’a été menée. Cette nouvelle organisation conduit à la généralisation de la semaine scolaire sur quatre jours. Avec 144 jours théoriques (quatre jours pendant 36 semaines). La France ainsi se distingue par l’année scolaire la plus courte de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) et, paradoxalement, par la journée de classe la plus longue. La moyenne de l’OCDE se situait à 184 jours et les écoliers ont le plus souvent classe au moins cinq jours par semaine.

 

 En 2009

Après une première année de mise en application de la loi Darcos, un rapport des inspections de l’Education nationale souligne les inconvénients de ce nouveau calendrier : fatigue des élèves et des enseignants, réduction du temps de dialogue avec les parents et manque de temps pour faire tout le programme d’enseignement. Pour répondre à ces critiques, une conférence nationale sur les rythmes scolaires a été lancée en juin 2010….le temps passe

 

 Alors oui, il fallait une réforme ! Notre école est en danger!

 

La mise en place de la réforme des rythmes scolaires
Petite précision à ce stade. Tout boycott de la mise en place est contre productif, voir stupide car l’inspection prendra la décision à notre place..

Mars 2013 le Maire de Villeneuve d’Ascq comme 20 000 autres Maires a demandé et obtenu le report de l’application de la réforme pour la rentrée 2014. Gérard Caudron souhaitait un éclaircissement sur les financements et leur pérennité, sur la mise en place d’une concertation la plus large possible et surtout ne souhaitait pas prendre une décision lourde  de conséquences à la veille des municipales.

Oui, une concertation maximale :

Nous avons organisé une 30 ène de réunions avec les représentants des parents d’élèves, les enseignants, les inspecteurs de l’éducation nationale, les centres sociaux, les associations, les agents municipaux. En plus de ces réunions, les conseils d’écoles se sont réunis 3 fois dans l’année et on toujours mis la  question à l’ordre du jour. Je rappelle que sur la ville nous avons 49 écoles publiques pour 6000 élèves.. Cela fait une petite centaine de réunion.

Comment peut-on dire que la concertation que nous avons mise en place n’a pas été « vraie » ni « réfléchie » ?

Au fur et à mesure de ces réunions, nous avons repris le travail sur les hypothèses d’organisation, que nous avons modifiées, retravaillées.

Quand j’ai lu dans votre programme « des propositions incohérentes rejetées logiquement par les services de l’Education Nationale »

J’étais choquée par cette contre vérité et par la médiocrité de vos pseudo informateurs. La vérité est qu’à l’époque les inspecteurs étaient sommés par leur hiérarchie de remplir une grille d’emploi du temps. Ils ont de leur propre initiative proposé des horaires qui étaient encore en large discussion car il n’y avait pas de consensus au sein des écoles. Une fois accusée réception par l’inspection académique le Maire Gérard Caudron a refusé la grille proposée car la concertation n’était pas terminée. C’est la presse qui a parlé de « retoquage » et non pas l’IA

Nous avons toujours eu une volonté ferme de défendre le modèle de l’Ecole Républicaine !

Des propositions au plus proche de l’intérêt de l’enfant en tenant compte des impératifs horaires des parents, des spécificités des maternel/élémentaires, des régularités des horaires, des pics de vigilance des enfants. Nous tenions à maintenir les projets d’école pendant le temps scolaire pour toucher tous les enfants.

Nous avons veillé à maintenir une égalité territoriale et misé sur le qualité plutôt que sur la quantité.

Nous avons également souhaité que les nouveaux temps (TAP ou NAP) soient gratuits.

 

Nous avons constaté une excellente qualité d’échanges entre les différents partenaires.

Dans ce contexte, quelle tristesse de constater que l’UMP tractait à la sortie des écoles !  Une instrumentalisation de la question  « maladroite/ malhonnête » avec des informations totalement erronées montrant le peu d’intérêt pour la question….

 

Vous comprendrez M le Maire ma réticence à proposer des postes de représentants de la municipalité dans les conseils d’école à l’opposition !

Quant à la mise en place d’une réflexion sur le contenu pédagogique des TAP ?

Et bien le travail est largement entamé.  Il s’appuie sur l’expertise des services municipaux, il s’articulera avec les projets des écoles et les projets des CAL, et fera une large place aux compétences et aux savoir-faire des associations villeneuvoises.

 

J’en profite pour remercier les services qui depuis des mois travaillent d’arrache pieds.

 

Quant à l’investissent dans le champ des « savoirs fondamentaux ».

C’est une prise de compétence qui n’est pas du ressort des communes, elle est réservée à la famille et à l’éducation nationale. La ville intervient en soutien à l’éducation nationale par le biais d’une aide apportée sur le plan logistique et sur le plan du fonctionnement et de l’aide aux projets d’école., elle intervient en soutien de la famille par le biais d’une aide à la parentalité,

Pour autant nous émettons effectivement des réserves sérieuses sur la réforme. 
– Une loi était nécessaire mais cette loi manque d’ambition !

– Cette loi donne une compétence nouvelle aux communes ce qui pose des gros problèmes d’équité territoriale et infra territoriale.

– Nous déplorons le manque d’équité  public/privé
– Nous regrettons que le choix de la demie journée d’école supplémentaire incombe aux communes: Notre choix se porte le samedi après concertation ;  mais quelque soit ce choix   il fera 50% de mécontents.
– Les journées d’école se réduisent de 45 mn nous déplorons que  les familles aient à supporte le coût du mode de garde
-Quant au coût pour la commune ! il est réel avec des gros  doutes dans la pérennisation des financements…

-Plusieurs interpellations des autorités académiques ont déjà eu lieu

Et malheureusement ces derniers jours les  « Allégements Hamon » rajoutent de la confusion…

En conclusion
Nous travaillons tous sur le dossier depuis bien longtemps,

La motion proposée par « Villeneuve avant tout »  est en complet décalage avec la réalité du terrain depuis un an,

Elle enfonce des portes ouvertes et ne fait que reprendre des interrogations que nous avons déjà soulevées à plusieurs reprises.

 

NOUS LA REJETONS !

 

De l’infiniment grand à l’infiniment petit.

 

L’éducation des enfants est un enjeu infiniment grand

Votre récupération politique frise vraiment l’infiniment petit !
Françoise MARTIN
Adjointe déléguée à l’enseignement et aux écoles

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