Carnet n°695 du 24 janvier 2022

« La vie est un arc-en-ciel »

En ce 24 janvier 2022, au moment d’écrire mon 695ème carnet, j’avais souhaité, ne serait-ce que par son titre, lui donner un rayon d’optimisme, un sentiment qui, depuis 2 ans, ne fait pas notre quotidien c’est le moins qu’on puisse dire. 

D’où ce titre, « la vie est un arc-en-ciel »… sauf que il n’est constitué que des 4 premiers mots d’une citation d’Arumachala Ramaiya  qui prise dans son ensemble est beaucoup moins optimiste car elle précise que si  » la vie est un arc-en-ciel, il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs ».

Or, en ce moment, sur le plan de la météo comme sur celui de la vie publique, voire personnelle  pour beaucoup d’entre nous, si la pluie est au rendez-vous tous les jours, le soleil se fait rare ce qui nous prive donc d’arcs-en-ciel qui auraient donné des couleurs à la vie…

Et si comme Guillaume Apollinaire qui «  donne à l’espoir tout l’avenir comme une petite lueur dans la forêt « ,

on fait siens les mots de Gisèle Halimi quand elle nous dit qu’ « il faut une vraie magie pour envisager un autre monde, essayer de le comprendre et, une fois qu’on l’a compris, le changer », on cherchera en vain un arc-en-ciel durant la semaine qui vient de s’achever que ce soit en termes de météo, de vie quotidienne pour celles et ceux qui ont ou ont eu le COVID, dans les statistiques de contaminations déclarées à raison de plus de 400 000 par jour (un chiffre que, dans le réel, on peut aisément faire passer à 600 000 ou 700 000),

quand on regarde les  » tensions guerrières  » à l’est de l’Union Européenne au contact de la Russie de M. Poutine,

sans oublier, en France, une campagne Présidentielle qui balbutie et qui ne nous honore pas quand  la gauche fait figure « d’espèce en voie de disparition »  face à des droites dont les seuls enjeux résident dans leurs positionnements vis-à-vis de l’extrême droite, comme des  » visages à deux faces », selon une expression québécoise qui signifie  » hypocrite « .

Mais, cette semaine, ce qui s’est passé mercredi dernier à Strasbourg au Parlement Européen a atteint un niveau de médiocrité que le député européen que j’ai été, n’y avait jamais connu.

Face à un Président Macron qui en est resté, dans son discours, à des généralités  » langue de bois  » en omettant d’ailleurs de parler d’Europe sociale et de faire des propositions courageuses sur l’urgence écologique, 

un candidat aux Présidentielles député européen et des représentant(e)s d’autres candidat(e)s ont confondu, la violence verbale en plus, les débats électoraux franco-français qui font les délices des chaines de TV avec un débat sérieux et constructif sur l’Europe que beaucoup espéraient encore.

J’ai, une fois de plus, repensé au discours d’ouverture de la Présidence Française de l’Union Européenne du 17 janvier 1995 de François Mitterrand  » interrompu  » plus de 20 fois par les applaudissements des députés européens, un discours qui s’était  terminé par cet avertissement resté célèbre « Le nationalisme c’est la guerre », en le comparant, en ce 18 janvier 2022, à certains  » silences glacials  » de députés qui ne comprenaient pas  » ce triste spectacle »… y compris de la part de Verts élu(e)s d’autres pays vis-à-vis de Yannick Jadot qui ne fut pourtant pas le plus  » excessif  » ni le plus  » déplacé « …

Quand la France et  » ses princes qui nous gouvernent  » comprendront-ils donc que « le temps d’estime sinon de gloire » en Europe d’une France fondatrice du marché commun à 6  est dépassé ?… et ce, depuis longtemps, dans une Union Européenne aujourd’hui à 27 États peuplés au total  de 446 834 578 habitants sur 4 194 431 km2.

Que sont devenues nos grandes ambitions d’hier portées par Jean Monnet et Robert Schuman aux côtés de Konrad Adenauer, Paul Henri Spaak et Alcide De Gasperi ainsi que nos grands idées et projets pour répondre  aux  défis du 21ème siècle en termes de démocratie, d’environnement et de paix ?

Malheureusement Georges Brassens avait sans doute tristement raison quand il chantait avec l’humour un peu particulier qu’on lui connaissait :

« Gloire à qui, n’ayant pas d’idéal sacro-saint, se borne à ne pas trop emmer… ses voisins ».

L’Europe ne pourra être dans les faits la 3ème puissance mondiale qu’elle reste via certains indices et chiffres 

que si elle est capable de trouver un juste équilibre avec la Russie qui, avec elle, couvre la quasi totalité d’un même continent et si elle arrive à mettre en place les structures et les mesures nécessaires avec les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée pour stabiliser « un Grand Ensemble Euro Méditerranéen », 

deux enjeux vitaux pour faire face aux défis communs… pour certains mortifères…

Albert Camus, encore et toujours, nous l’a dit dans le mythe de Sisyphe : « Il n’y a qu’une passion utile, celle qui referait les hommes et la terre »,

ce qui est particulièrement vrai aujourd’hui pour l’Europe et les Européens…, et même si, on l’a vu encore cette semaine, on en est très loin…

Alors et pour répondre à l’avance à certains de mes détracteurs que mes analyses et mes écrits crispent, je les  » rassurerai  » sans doute aussi avec Albert Camus qui dans Caligula nous dit qu’  « il faut bien que la vieillesse se passe »,

tout en terminant ce carnet commencé par un titre qui se voulait optimiste sans l’être vraiment s’agissant de la semaine écoulée, par une citation, encore et toujours d’Albert Camus qui, elle, l’est réellement :   « Chaque minute de la vie porte en elle sa valeur miraculeuse et son visage de jeunesse éternelle »,

une citation que j’adresse à mes lecteurs, concitoyens et pour certain(e)s ami(e)s, en ajoutant, toujours de la part de cet  » homme pour l’éternité  » qu’est Albert Camus pourtant mort il y a 62 ans, « L’important n’est pas de guérir mais de vivre avec ses maux »,

et pour, avec Jean Jaurès, 

« n’avoir aucun regret pour le passé… et avoir une confiance inébranlable pour l’avenir »…

( c’est moi qui ose dire cela qui ai pourtant bien des regrets quand je me penche sur mon passé et  peu de confiance concernant l’avenir, ce qui ne m’empêche heureusement pas de continuer à  me battre sur la voie qui est la mienne depuis 60 ans, dont 46 ans en tant qu’élu Villeneuvois, en faisant plus que jamais confiance à notre jeunesse).

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