Carnet n°694 du 17 janvier 2022

« La parole publique doit être rare, mesurée et responsable »

Ces mots prononcés récemment par Bernard Cazeneuve, des mots marqués du sceau du bon sens, sans excès et en parfaite sérénité, m’ont fait regretter une fois de plus qu’il ne se soit pas « lancé » dans la campagne des élections Présidentielles, ce qui nous aurait peut-être évité, à défaut sans doute de gagner en avril prochain, la pagaille actuelle dans « le camp du progrès » après l’annonce officielle de la candidature de Christiane Taubira et avant une soi-disant  « primaire populaire » destinée à la promouvoir parmi 7 noms dont 3 me sont inconnus, deux sont ceux de candidats qui refusent d’en être (préférant, même perdants,  » conforter  » leurs camps en vue des élections législatives), soit donc 5 sur les 7, Anne Hidalgo quant à elle plafonnant à 3,5% et Christiane Taubira espérant sans doute faire mieux qu’en 2002 quand elle avait contribué, avec ses 2,32%, à éliminer Lionel Jospin au profit de Jean Marie Le Pen…

  Jamais au grand jamais nous n’avons connu une gauche ainsi éclatée à moins de 20% au total, en rappelant à ceux qui font une comparaison avec 1965 que François Mitterrand avait fait aux élections Présidentielles d’alors 31,72% au 1er tour et 44,80% au deuxième tour contre le Général De Gaulle et que, même en juin 1968 et son « raz de marée » gaulliste, le total de la FGDS, Fédération de la Gauche Démocrate et socialiste, + le PCF + le PSU approchait les 40%.

Au demeurant et parce que je refuse de désespérer dans ce domaine comme dans tous les autres, en disant comme Aimé Césaire, que «  je refuse de désespérer car désespérer c’est refuser la vie  » et comme Georges Bernanos, tant qu’il me restera un souffle de vie,   » qu’on ne subit pas l’avenir, on le fait  » je me bats pour éviter le pire !

Pour autant, ce n’est pas gagné et il me faut beaucoup d’énergie, de volonté, de détermination et de courage 

quand, en tant que social-démocrate, j’ai toutes les raisons de désespérer,

quand, en tant que Maire, rien ne m’est épargné avec des grèves dans les écoles qui mettent en difficultés mes concitoyens déjà frappés par la pandémie du COVID, ses conséquences sociales et sociétales, des grèves dont les motifs sont  » ailleurs  » mais qui sont plus faciles à mener dans une mairie dont le Maire est de gauche que dans une mairie de droite, des grèves vis-à-vis desquelles je comprends la colère de bon nombre de familles, 

quand, bien sûr, « l’âge du capitaine  » fait que ma « succession » qui se profile à l’horizon provoque bien des envies et des manœuvres à tous les niveaux …

(et de me remémorer les mots de François Mitterrand sur « les amis politiques », sic).

Si je n’avais pas le sentiment ancré au fond de moi que mon expérience et ma liberté restaient en cette période un atout pour ma ville et pour une majorité de Villeneuvois, il y a longtemps déjà que j’aurais jeté l’éponge .

Face à celles et ceux qui se déchirent à gauche, à des extrêmes droites qui avancent masquées et à un Président Macron qualifié par des « connaisseurs », après ses interventions sur les télévisions, de  » moulin à paroles égocentrique « , une image et un jugement sans doute un peu excessifs vues les difficultés qu’il a dû affronter depuis 5 ans mais une image doublée d’un jugement que renforcent ses groupies « en mode  Playmobil  » qui se succèdent après chacune d’entre elles…,

puissent d’ici les élections Présidentielles des 10 et 24 avriltoutes et tous  les « acteurs » de ce « grand cirque »  comprendre enfin que pour cesser de désespérer le peuple de France « la parole publique doit être rare, mesurée et responsable ».

    Quand, en effet, du point de vue climatique, on vient de dépasser les 50,7 degré en Australie, tandis qu’on nous dit que l’année 2021 aura été la plus chaude jamais  mesurée depuis que les météos existent,

quand du point de vue de l’épidémie on alterne entre « une fin espérée » grâce au variant Omicron et des chiffres, aujourd’hui encore, contraires à cet espoir en termes de contaminations, d’hospitalisations et de décès…, des chiffres qui donc n’écartent pas le risque d’un nouveau variant beaucoup plus dangereux,

quand du point de vue économique l’Etat  vit de plus en plus « à crédit « au gré des promesses électorales présidentielles,

quand du point de vue social, les inégalités se creusent douloureusement avec une misère des plus fragiles qui s’accroit,

   quand du point de vue sociétal les violences, sous toutes leurs formes, explosent partout et en particulier dans nos villes,

   quand du point de vue comportemental, les égoïsmes s’affichent tout autant que les  » nombrilismes « ,

on aurait tout lieu de désespérer si, contrairement à moi, on avait  oublié ce que disait déjà Sénèque dans les années 50 du premier millénaire de notre ère :

                                       « C’est quand on n’a plus rien à espérer qu’il ne faut désespérer de rien ».

Et  même si je suis conscient de la véracité d’une citation d’Albert Camus dans bien des aspects de mes vie politique et personnelle actuelles, une citation qui nous dit que  «  n’être plus écouté, c’est cela qui est terrible quand on est vieux « ,

je terminerai pourtant ce 694ème carnet du 17 janvier 2022 sur une note optimiste que l’on doit à Jacques Brel dans ses vœux à l’aube d’une nouvelle année  :

                                    « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns ».

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