Carnet n°672 du 9 août 2021

« Le temps des contrastes revenus »

Si finalement, après avoir longuement hésité, le regard posé sur les hauteurs verdoyantes et ensoleillées qui entourent Ax-les-Thermes dans les Pyrénées,  

j’ai choisi, comme titre de mon 672ème carnet de ce 9 août 2021, « Le temps des contrastes revenus » plutôt qu’une citation d’Albert Camus extraite de son roman, La Peste, (sur laquelle je reviendrai néanmoins en fin d’écriture) à propos du « mal » de « l’ignorance » et des limites de « la bonne volonté », 

c’est parce qu’en cet été 2021, c’est véritablement, en tous domaines, le temps des contrastes qui s’impose à nos esprits et qui résonne au plus profond de moi.

Ce n’est d’ailleurs pas entièrement nouveau, d’autres générations ayant déjà connu cela en temps de guerre et de crises, même si aujourd’hui ce nombre de domaines concernés en même temps est sans doute plus élevé que jamais… (et ce n’est pas fini…)

   – Contrastes en matière de richesses individuelles et collectives :

Tous les chiffres le démontrent : les plus riches, les milliardaires de la planète, auront connu pour la plupart des enrichissements de 30, 40 ou 50 % alors que les plus pauvres, voire les moins riches, auront connu au mieux une stabilité et souvent une baisse conséquente de leurs moyens.

Et il en est de même entre les pays et les continents et cela même si les chiffres ne nous sont pas communiqués.

  – Contrastes en matière d’environnement et de dérèglement climatique 

quand certains pays connaissent des chaleurs et des incendies insoutenables comme au Canada, en Grèce ou en Turquie… tandis que d’autres vivent des tornades, des orages et des inondations comme en France, en Belgique et en Allemagne…,

des événements qui prouvent que le réchauffement planétaire , s’il va effectivement augmenter la part des zones désertifiées, ne se traduit pas par une hausse linéaire des températures, mais par des écarts et des contrastes entre canicules et grands froids, fortes chaleurs et très basses températures, excès de pluie, de vents et de tempêtes …quand d’autres ne connaissent que de la sécheresse…

D’où le retour, après les « survivalistes », d’héritages démiurges et de rêves prométhéens quand, faute de politiques courageuses et raisonnées dans nos États de la part des dirigeants, on reparle de « doses de géo-ingénieries » qui, en termes d’actions « humaines » sur notre atmosphère à coup de gaz, de particules, d’atomes et autres, risqueraient de nous entrainer dans  » une spirale hors de contrôle ». Et je le dis, moi qui ne connaîtrai pas ces temps aux teintes pré-apocalyptiques que si, un jour, la science peut et devra nous aider à éviter le pire, cela ne doit pas nous empêcher, sans retard, d’agir dès maintenant pour l’éviter.

    – Contrastes toujours, en ce mois d’août en France,

entre les plus de 1 000 kms de bouchons automobiles cumulés chaque samedi et les milliers de citoyens hospitalisés pour cause de COVID dont un millier et demi « en détresse aggravées » et en réanimation,

l’occasion de rappeler que la COVID 19 a touché aujourd’hui 200 millions d’humains dans le monde dont 35 millions en Europe et 6 millions en France, faisant 4,2 millions de morts dans le monde, 750 000 en Europe et 120 000 en France.

    – Autre contraste que, bien sûr je regrette, mais à propos duquel je veux dire ma fierté d’être le Maire de Villeneuve d’Ascq 

entre ces enfants et ces jeunes Villeneuvois qui, par centaines, vivent de beaux séjours en centres de vacances ou qui, par milliers, bénéficient de nos centres de loisirs, encadrés par de belles équipes d’animation, alors que dans d’autres villes, pour de multiples raisons, ces activités ont été réduites voire supprimées laissant ainsi des enfants et des jeunes dans leurs rues ou dans leurs cages d’escaliers quand les parents ne peuvent pas faire autrement…

   – Contraste enfin entre ces près de 50 millions de Français(es) qui se seront faits vacciner d’ici fin août pour se protéger et protéger les autres et ces 200 000 autres qui défilent chaque samedi dans nos rues…

Je peux comprendre certaines des raisons de ces manifestant(e)s et les raisons de certaines de leurs craintes, m’interrogeant moi-même sur l’évolution ainsi accélérée de notre société, sur certains risques pour nos libertés (qui n’ont d’ailleurs pas attendu le virus pour naître et se développer) et ayant moi-même souvent dénoncé les formes de gestion de la crise par nos dirigeants dont je n’ignore pas « le rôle », pour eux, des calendriers électoraux.

Pour autant aujourd’hui il faut tout faire pour essayer de « bloquer » l’épidémie avant l’apparition d’un nouveau variant beaucoup plus mortifère, même si je ne crois pas, et quoiqu’on fasse, à une fin de l’épidémie avant au moins l’été 2022 .

       Cinq images donc de contrastes qui illustrent la gravité des temps que nous vivons et l’urgence de préparer très vite des « jours d’après » qui éviteront à nos enfants de vivre un jour des crises pires encore que celles d’aujourd’hui.

         Cinq images de « contrastes » avant de retrouver Albert Camus qui écrivait dans son roman « La Peste » en 1947 

« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l’ignorance et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté si elle n’est pas éclairée »,

une pensée toujours d’actualité de ce philosophe, écrivain, penseur et militant qui mérite, plus que jamais, ce qualificatif « d’homme pour l’éternité » tant elle recouvre, à des degrés divers, ce que sous-tendent « mes cinq images de contrastes »…,

en particulier pour tout ce qui concerne les démarches de nos « dirigeants » dont je ne nie pas, parfois, une réelle « bonne volonté », mais une bonne volonté qui ne suffit pas vu leurs manières de raisonner, de décider et de faire depuis un an et demi…

   J’ajoute que je le regrette car cela risque d’aggraver les tensions au cœur de nos sociétés avec des violences et la résurgence, comme on voit déjà, des pires comportements en termes de racisme, d’intolérance, de violences et d’antisémitisme qui pourraient « par comparaison » faire passer demain le FN-RN pour de « doux démocrates »…

Et c’est pourquoi j’en resterai là de ce 672ème carnet « estival » avec une dernière citation d’Albert Camus, pleine celle-ci d’espoir si nous en avons la volonté, ce qui est mon cas.

« Notre tâche en tant qu’Homme est de trouver les quelques principes qui calmeront les angoisses infinies des âmes libres. Nous devons réparer ce qui a été déchiré, rendre la justice imaginable dans un monde évidemment si injuste, redonner au bonheur une signification aux peuples emprisonnés par la misère du siècle. »

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