Carnet n°637 du 7 décembre 2020

« Le tout et son contraire »

C’est cette expression bien connue que j’ai décidé de prendre en titre de mon 637ème carnet, une expression qui, chacun le sait, veut tout simplement dire « Affirmer ou faire une chose et son contraire », une expression dont une artiste et écrivaine Chahdortt  Djavann s’est servie « pour habiller pour l’hiver » (comme on le dit souvent) celles et ceux qui s’y complaisent en écrivant : «  À force d’entendre dire (ou voir) qu’il faut respecter tout et son contraire, on ne respecte plus rien ni personne. »

C’est un comportement malheureusement trop souvent utilisé par des femmes et hommes  politiques  qui veulent ainsi plaire à certain(e)s sans pour autant déplaire à d’autres … dans un exercice d’équilibriste où, bien sûr, certain(e)s excellent plus que d’autres…

C’est un exercice que le candidat Macron,  aujourd’hui Président de la République, a érigé en « ligne directrice » de ses discours sous une formule qui lui colle et collera toujours à la peau « en même temps ».

Je ne reviens pas sur ce qu’elle lui a permis de rassembler dans un même  mouvement LREM, « en même temps », des femmes et des hommes des droites ainsi que  d’autres qui se disaient de gauche et ce , après avoir lui même posé ses pieds sur une marche que fut pour lui le PS, une autre à l’Élysée, une troisième au Ministère des Finances, 3 marches en points d’appui pour rassembler les moyens d’écraser son « mentor d’alors », François Hollande, avant même de lui laisser le moindre « espace » pour confronter dignement son bilan présidentiel aux votes des Français(e)s.

S’il devait lui arriver la même chose en 2022, il verrait la cruauté qu’il a  largement contribué à imposer à François Hollande, une cruauté que j’ai ressenti car même si je n’ai jamais eu « d’affection particulière » pour François Hollande en tant que Premier Secrétaire du PS, Député européen et Président de la République, il ne méritait vraiment pas cela !

    Qui peut nier que, dès le début de son mandat en 2017, dans les politiques et les décisions qu’il a annoncé avec certain(e)s des femmes et des hommes dont il s’est entouré… il a systématiquement  affirmé, décidé et mis en œuvre « tout et son  contraire » ?

    Qui n’a pas fait ce même constat dans sa gestion de la crise des Gilets jaunes ?

   Qui ne l’a pas constaté, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, dans sa gestion « aléatoire » de la crise épidémique du COVID-19, depuis sa confirmation le 12 mars du premier tour des élections municipales le 15 mars avant l’annonce le 17 mars de 55 jours de confinement à partir du 18, jusqu’à ses interventions d’octobre et de novembre ,après celles d’un été où il disait qu’un deuxième confinement serait « mortel » pour notre économie ?

   Qui a oublié le « tout et son contraire » applicable aux masques puis aux tests, puis aux calendriers des opérations et des décisions, puis aux limites entre les  « commerces essentiels » et les autres, aux protocoles sanitaires à géométries variables, aux âges ciblés comme plus concernés, aux écoles ouvertes ou fermées, aux EHPAD?  (et je ne parle pas encore des vaccins) 

Sans méchanceté aucune, ce qui serait indécent de ma part, car je mesure les difficultés de lutter contre un virus au départ inconnu, je n’ai pas trouvé depuis 9 mois un seul exemple de discours, de décisions, d’injonctions voire même d’analyses où je n’ai pas constaté l’existence et l’usage du « tout et de son contraire. »

   Je pensais donc avoir tout entendu et tout vu en la matière et donc « de ne pas devoir en rajouter ».

C’était sans compter sa prestation sur « Brut », une chaine internet, ce vendredi 4 décembre !

À propos de la police, de son travail et de son rôle pour assurer notre sécurité, les techniques de maintien de l’ordre et les contrôles à exercer, on a non seulement entendu le « tout et son contraire » plusieurs fois en 2h30, mais parfois dans une même phrase…

  Qu’on soit d’accord ou pas, ce n’est pas à la hauteur  d’un Président de la République de refuser dans une même phrase les termes de « violences policières » et de les accepter quelques dizaines de secondes plus tard.

Au moins chez les extrémistes populistes, c’est clair ! Qu’ils soient d’un bord ou de l’autre, ni Madame Le Pen, ni Monsieur Mélenchon n’abusent autant de cette méthode !

Et moi je n’ai pas peur de dire que s’il y a en effet « des » policiers violents qui doivent être sanctionnés et condamnés, on ne peut pas parler de violences policières quand on connaît la violence de certaines manifestations voire celle que des dealers et autres délinquants veulent imposer dans nos quartiers à coups de pierres, de pavés et de mortiers !

Quant aux contrôles suite à ces comportements dans certains quartiers chauds de beaucoup de villes, voire suite à de grands excès de vitesse de grosses voitures et d’autres engins motorisés, je n’accepte pas l’expression de contrôle au faciès qui pourrait conduire ici ou là nos policiers à ne plus effectuer de contrôles de délinquants.

   Quand on sait les menaces qui pèsent sur notre pays, nos sociétés, nos villes et nos populations, un Président de la République n’a pas le droit d’avoir une telle attitude et de changer de termes dans ses propos aux grés des vents politiciens !

   Je sais les réactions (y compris non loin de moi) que provoqueront mes propos mais je les assume ,convaincu en plus que ce n’est pas ce qu’attend notre belle jeunesse qui veut vivre et avoir un avenir, de l’espoir, de quoi manger et se loger, le droit enfin de profiter des bons côtés de la vie comme ma génération quand j’étais jeune dans les années 60 et c’est ce à quoi un Président de la République devrait se consacrer, toute affaire cessante, plutôt que de « coller aux basques » (aux 18ème siècle, les basque signifiaient les morceaux de tissus qui descendaient en-dessous de la taille) de Monsieur Mélenchon… et de quelques autres…

  Si dire ou faire « le tout et son contraire », c’est « maîtriser l’art de dire dans une même phrase une chose et son contraire »,

notre Président aura réussi ce vendredi ce qu’aucun autre de ses prédécesseurs n’avait réussi à faire, pas même Valéry Giscard d’Estaing, qui nous a quitté le 2 décembre dernier  dans ses recherches de proximité et de langage commun avec les citoyens…

  Oui Valéry Giscard d’Estaing un personnage que j’ai surtout connu au Parlement européen bien après avoir « aidé » modestement, à mon humble niveau, à le faire battre par François Mitterrand en mai 1981,

et donc un Président à qui j’ai voulu rendre hommage en ouverture de notre Conseil municipal du 3 décembre,

Il voulait moderniser la politique tout en gardant une belle stature « quasiment nobiliaire » (qui lui allait bien)…

C’est ce qu’avait voulu aussi, dans un autre style, en tant que Premier Ministre, Jacques Chaban Delmas avec sa « Nouvelle Société ».

  Et pourtant, Georges Pompidou avait, au bout de 3 ans et 15 jours, préféré à Chaban, Pierre Messmer,

et le 10 mai 1981 les français(e)s avaient choisi François Mitterrand laissant VGE nous dire « au revoir » le 19 mai 1981,… il y aura 40 ans dans quelques mois… .

   Ce sont des leçons que « les amoureux de l’Histoire » comme moi n’ont jamais oublié, pas davantage que celles qui me furent données par mes parents à propos de la deuxième Guerre mondiale, ni celles que j’ai vécu du temps de la guerre d’Algérie, des conditions du retour du Général de Gaulle, de mai 68, de leurs raisons et de la gestion  de leurs effets,

« des leçons d’Histoire » qu’on n’a sûrement pas ni à l’ENA ni à la Banque Rothschild…,

  sans jamais non plus oublier les raisons et les conditions des massacres du nazisme, celles du stalinisme, l’holocauste, l’insurrection réprimée dans le sang de Budapest,  les khmers rouges, la Chine de Mao, le soutien des États-Unis à Pinochet (et à bien d’autres dictatures en Amérique du Sud), les rôles multiples de ceux qui sont responsables des terrorismes qu’ils soient religieux ou non  etc, etc…

Dans tous les cas et combien de fois n’avons-nous pas vu et entendu le « tout et son contraire » ?… avec les conséquences mortifères et sanglantes que l’on sait, y compris au Vietnam et en Afghanistan où certain(e)s ont armé pour diverses raisons ceux qu’ils ont ensuite combattu…

   C’est heureusement moins grave à court terme dans la France d’aujourd’hui…, oui mais (comme l’avait dit VGE pour faire battre Charles de Gaulle)… seulement à court terme…

C’est bien sûr, sans aucune comparaison possible heureusement, ce que j’ai parfois pensé lors de notre Conseil municipal de jeudi dernier, en entendant certaines interventions affichant « tout et son contraire » de membres de l’opposition vertes-insoumis-PCF…, « péchés de jeunesse », sans doute… je l’espère… ( « que celui qui n’a jamais péché leur lance la première pierre »)…

   En attendant, et pour en terminer sur des notes plus gaies :« Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver… boule de neige et jour de l’an et bonne année grand-mère »,

  Vive donc « l’esprit de fête » (à 6 maxi ou un peu plus), le cœur de fête, les couleurs de la fête, ses illuminations, une belle « une »de la Tribune de décembre… pour nous donner le sourire…,

sans  oublier les associations caritatives (Secours populaire, Restos du Cœur etc.) qui œuvrent pour donner à manger  » à ceux qui n’en n’ont pas » (comme le chantait Coluche) et que l’on rencontre à la porte de supermarchés, ni le téléthon, certes dans des conditions particulières en 2020, mais toujours avec des militants imaginatifs avec des sites et des villages virtuels sur internet.

    Merci à toutes et à tous !

avec une pensée pour Jeanne Pelat que les Villeneuvois(e)s ont connu et connaissant en son combat et dans sa foi !

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