Carnet n°625 du 21 septembre 2020

« Être ou ne pas être »

Beaucoup de mes lectrices et de mes lecteurs auront reconnu dans le titre de mon 625 -ème carnet la célèbre tirade du Prince Hamlet en ouverture de l’acte 1 de la pièce de William Shakespeare qui porte son nom.

« To be or not to be,  that is the question… »

Qui ne s’est, en effet, jamais posé sur un plan personnel cette question qui nous revient en tête au fur et à mesure que notre « horizon » se rapproche ?… ce qui, on s’en doute, est mon cas…

« To be or note to be… that is the question »… avec un peu plus loin dans le texte « to die, to sleep, no more »…

  Il est en effet des textes, des poésies et des tirades que l’on n’oublie jamais. C’est ce que j’appelle « la culture » avec et aux côtés, pour ce qui me concerne, quelques fables de Monsieur Jean de la Fontaine, personne n’ignorant mes goûts en la matière, mais aussi « Le Dormeur du Val » d’Arthur Rimbaud ou « Océono Nox » de Victor Hugo pour n’en donner que quelques exemples.

  À ce jour et à cette question, ma réponse est quand même, quels que soient mes regrets, mes angoisses, voire mes remords, une réponse positive, « to be »… « I am » ,« être »… « je suis » avec le sentiment profond néanmoins de n’être qu’un modeste maillon d’une forme d’éternité génétique, mais quand même … un modeste maillon qui aura su faire sa part et pas simplement en termes de continuité.

Quant à assimiler la mort avec un sommeil, j’avoue avoir davantage de doute… encore que…

« What dreams may come ?…. » cela mérite au moins réflexion.

  J’en termine là de mes réflexions métaphysiques qui n’étaient pas « mon intention première » quand j’ai, comme chaque semaine, durant mes moments d’insomnies, fait le choix de ce titre : « Être ou ne pas être. »

  Ce fut en effet le cas dès ma première élection en tant que Maire en mars 1977, quand j’ai dû, d’entrée, me battre contre celles et ceux qui n’auraient voulu qu’une « Ville Nouvelle », « Lille Est », destinée à agrandir, diversifier et enrichir la petite ville provinciale qu’était alors Lille.

  C’était le projet du Maire de Lille d’alors, Pierre Mauroy, mais aussi d’un certain nombre d’acteurs villeneuvois, élus ou non, affiliés ou non, toujours « prêts à négocier », vues « leurs proximités » avec « le Pape nordiste du socialisme » que Pierre Mauroy était et des atouts dont il pouvait user grâce à sa dimension nationale dont il savait jouer avec talent.

  La question de l’existence de Villeneuve d’Ascq rapidement réglée du fait de ma « détermination »restait alors à nous en donner les moyens vu l’état de nos finances. 

J’ai alors pu compter sur tous les élus de l’époque dont mon adjoint aux Finances, Bernard Frimat et Yvan Renar, le leader local du PCF.

 En 3 à 4 ans, la question était, elle aussi, réglée ce qui, grâce au Président Mitterand et au Président de la Communauté urbaine, Arthur Notebart, nous permit de sortir du statut de Ville Nouvelle dès 1983, la première des 9 à y arriver, et ainsi de conserver à la nouvelle ville de Villeneuve d’Ascq une dimension humaine de 65 000 habitants avec alors plus de 1 000 hectares d’espaces publics non bâtis sur un total de 2 600 dont l’essentiel constitue, 40 ans plus tard, le patrimoine nature dont nous sommes fiers, constitué de parcs, d’espaces verts, de bois et forêts, de lacs, d’espaces agricoles, de jardins familiaux et jardins potagers, d’aires de jeux et de terrains sportifs…

« Être ou ne pas être », « To be or not to be », je me suis reposé la question en 2008 et bien sûr en 2020 quand j’ai décidé d’être à nouveau candidat pour un 7ème  mandat de Maire pour continuer à « renouveler » une ville nouvelle vieillissante, la mettre à l’heure de 21è siècle et valoriser tous nos atouts, en particulier de ville nature nourricière grâce à une vie collective et de très nombreux Villeneuvois(e)s jeunes et moins jeunes engagés pour cela…dans le cadre que nous avons fixé

  La crise sanitaire qui nous a frappé en février/mars derniers et qui nous frappe encore tout comme elle frappe notre région, notre pays, l’Europe et la planète, a elle aussi, d’une certaine manière, « validé les choix faits » durant plus de 4 décennies en termes d’espace de nature, de circuits courts et de plaisirs simples, même si j’aurais sans doute préféré m’être trompé… vu le lourd tribut que l’espèce humaine est en train de payer… (et ce n’est pas fini).

  Rappelons quelques chiffres à ce propos :

Près de 20 millions de cas confirmés sur la planète et près d’un million de morts.

Près de 430 000 cas en France et plus de 31 000 décès,

avec une reprise « exponentielle » des contaminations, une  augmentation des nouvelles hospitalisations et un chiffre en hausse des réanimations.

Et là encore, en ce 21 septembre, la question se pose aussi « Être ou ne pas être » quand il faut aux décideurs faire des choix entre le niveau de risque à prendre pour permettre à une société « d’être »… ou de « rester »…

Comment vivre avec le virus sans se confiner et réduire l’espèce humaine  à n’être que des « troupeaux de zombies » ne se déplaçant plus que masqués, éloignés les uns des autres pour n’aller qu’à « l’indispensable », sans joies, sans plaisirs, sans humanités…

   Car là aussi, quand on s’interroge, « Être ou ne pas être», il faut s’interroger sur le sens que l’on donne au verbe « être »…

Ce débat a lieu en conscience chez et entre nos concitoyens car la vie ne se définit pas simplement comme ce qui existe avant la mort, mais comme une fin en soi avec ses côtés personnels et familiaux, mais aussi collectifs, conviviaux, sociaux et sociétaux.

  C’est la question que j’ai posé à Monsieur le Préfet quand il nous a demandé de supprimer tout ce qui n’est pas indispensable : « que signifie indispensable ? »

  Pour moi tout en laissant chacun(e) « libre des choix de risque » qu’il décide de prendre quand il ou elle ne les fait pas prendre aux autres,

il faut des règles claires à faire respecter sans mode ni niveaux de répression que je qualifierais « d’inappropriés »,

à charge pour les décideurs de faire « la balance » entre les risques et les résultats attendus.

  C’est pourquoi nous maintenons un maximum de manifestations (sans « les verres de l’amitié » qui sont potentiellement les plus contaminants) avec certes des restrictions quantitatives et des mesures qualitatives, le rappel des gestes « barrières » (testé cette semaine, je suis « négatif » malgré tous les contacts qu’impose ma fonction, grâce justement au respect exigeant des gestes barrières auxquels je me contrains).

  Mais c’est aussi pourquoi, « après avoir fait cette balance », j’ai décidé, avec tristesse, d’annuler l’édition 2020 de notre « Foire aux Associations », les risques « de croisements » des milliers d’exposants et de visiteurs étant vraiment beaucoup trop grands.

« Être ou ne pas être ? »

Ma réponse est clairement « être »… mais pas à n’importe quel prix, ni à n’importe quelles conditions !

« Vivre avec le virus », c’est cela…

Vivre avec certes, mais « vivre » !

  Avant dernier niveau que j’aborderai aujourd’hui sous ce titre « Être ou ne pas être », qui concerne les « virages » nécessaires à prendre dans l’organisation et l’aménagement de notre ville des « jours d’après »,

  Pour tout ce qui concerne ce qui entre dans les pouvoirs du Maire et de la municipalité, des pouvoirs qui sont beaucoup plus réduits que ne le pensent nos concitoyens quand ça les arrange…,

Il faut éviter 2 extrêmes : 

– reprendre tels quels les projets non engagés et ce, avec nos comportements des « jours d’avant »…

et donc considérer qu’il suffit de refermer la parenthèse …ce qui serait irresponsable .

– décider de tout arrêter et de ne plus rien faire, ce qui serait tout autant irresponsable.

Même sans tomber dans la caricature de certains « verts intégristes » qui veulent supprimer ici des sapins de Noël, là le Tour de France, il faut remettre à plat tout ce qui peut l’être encore et bien sûr qui dépend de nous, comme au Pont-de-Bois ou avec Grand Angle, ce que d’ailleurs j’avais anticipé.

Il nous faut néanmoins pour cela en termes d’urbanisme, de nouveaux pouvoirs attribués aux élu(e)s locaux et des moyens financiers pour le faire…

Cela ne semble pas dans « l’air du temps » du côté du Gouvernement et de l’Élysée.

« Être ou ne pas être » pour et dans la ville de demain ?…

Oui, en faisant « la balance » là aussi entre les nécessités, les risques et les inconvénients.

Ce n’est pas simple… mais cela n’a jamais été simple pour les élus locaux. Ce qui change, ce sont les réseaux internet, les violences de tous genres, la fin du respect et les égoïsmes qui poussent un nombre croissant de nos concitoyens à ne plus « voir que la pointe de leurs pieds ».

Dernier niveau enfin que je m’en voudrais d’oublier d’aborder« Être ou ne pas être ?

telle est la question » que se pose la plupart des femmes et surtout des hommes politiques qui comptent ou qui  croient compter, à 6 mois des élections départementales, des élections régionales et bien sûr, le graal… dans 20 mois avec les élections présidentielles suivies des Législatives…, quand ce ne sont pas chez certain(e)s …pour 2 ou 3 de ces échéances… un peu comme des « chasseurs » ou une Diane chasseresse qui tirent sur tout ce qui passe.

Comme l’a dit Jean de La Fontaine dans sa Fable, les animaux malades de la peste, « Ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient atteints. »

Toutes et tous… ou presque se sont « remis en jambe ». Exit pour elles et eux la crise du COVID sauf si ça sert leurs intérêts à gagner des voix à coup de surenchères ou de dénonciations…

Tout ce qui reste de partis politiques n’en finissent pas de se déchirer en interne… face à une opinion qui, il faut bien le dire, s’en fiche… que ce soit chez les LR, chez Macron, chez les Verts, chez les populistes de droite et de gauche… cela redonne même un peu d’existence au PS…..

   Il y a même des » champions toutes catégories » parmi lesquels Xavier Bertrand et ses groupies…

qui passent de l’un(e) à l’autre avec une aisance que même les plus vieux politicien(ne)s n’ont jamais eue…

  Pour chacune et chacun l’important, la seule question est « d’être »… « to be… »

Il en est même qui, après m’avoir « oublié », voire essayé de m’enterrer…  m’appellent en ce moment pour avoir mon « soutien » sous une forme ou sous une autre.

  Très clairement, je le dis, je n’ai pas ma place dans ce jeu de dupes en forme de « Dîner de cons » (cf. le Film avec Jacques Villeret de 1998 issu d’une pièce de théâtre et surtout de la réalité humaine).

  Je ne serai pas un de ces cons que chacun amène au dîner « en espérant avoir déniché le plus spectaculaire ».

C’est pourquoi et pour en terminer avec la question « To be or note to be ? »,

si depuis son début j’ai toujours répondu « to be »… « être »

alors là, comme le chantait Patricia Carli, « ce soir, ce soir, … moi je  dis non… »

   À l’heure où pour survivre il faudrait être capable de voir plus loin ,pour agir plus vite et plus fort, 

les « replis sur soi » égoïstes, les exigences immédiates et les violences qui les accompagnent ont tout lieu de nous inquiéter plus que la crise elle mêmeet les ambitions carriéristes sont plus que déplacées.

Heureusement, le pire n’étant jamais sûr…

                « Être ou ne pas être »…, (en effet), voilà la question !

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