Carnet n° 562 du 8 juillet 2019

« La douceur angevine »

Comme chaque année, et on le comprendra, en cette année 2019 plus que jamais, j’ai entrepris dès le 5 juillet mon tour d’une France profonde que j’aime tant.

Première étape, Amboise au cœur de la vallée de la Loire, le plus long fleuve de France avec ses 1006 km, un fleuve que j’aime plus que tous les autres sinon quand même, un autre, tellement mignon, la Veules, qui, lui, est le plus petit fleuve côtier de France avec 1,15km et une charmante petite ville normande, Veules-les-roses.

Amboise et son château royal, un des près de 3000 châteaux « que l’on rattache » à la vallée de la Loire et à celles de ses affluents dont le Cher avec, entre autres, Chenonceau,

Amboise, son château « relié » au « Manoir du Clos Lucé » où Léonard de Vinci mourut il y a 500 ans après nous avoir tant laissé dans tous les domaines de l’intelligence humaine,

Amboise, qui vit le jeune roi Charles VIII mourir à 28 ans après avoir heurté de front un linteau de porte, une mort « vraiment stupide s’il en est »,

Amboise où on arrive, après être passé par Blois 35 km avant, Blois et son château connu, mais pas que…, pour l’épisode de l’assassinat du Duc de Guise lardé par les « porteurs de poignards » du roi Henri III dans sa propre chambre où il l’avait convié, Henri III qui le découvrant baignant dans son sang aurait dit : « Mon dieu qu’il est grand ! il parait même encore plus grand mort que vivant»…

Comme quoi, « la douceur angevine » chère à Joachim du Bellay à qui on doit durant sa courte vie de 37 ans :

« Heureux qui, comme Ulysse a fait un beau voyage, (…)

Et puis est retourné, plein d’usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge ! (…)

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux (…)

Plus mon Loir gaulois (…)

Et plus que l’air marin la douceur angevine ».

Comme quoi donc, disais-je, « la douceur angevine » ne fut pas toujours si douce en particulier avec la Renaissance aux XVème et XVIème siècles quand la Cour des rois de France « y faisait du nomadisme ».

Même à Chenonceau et ses 5 dames, de Katherine Briçonnet, la première (1494 – 1526), à Louise Dupin (1706 – 1799), la cinquième en passant par Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Louise de Lorraine,

on se doute que tout ne fut pas que sérénité,

5 dames sans oublier Marguerite Pelouze et Simone Menier à qui on doit que le château ait gardé son charme et sa beauté…

Comme quoi, enfin, « la douceur angevine » n’empêche jamais la rudesse des temps, et comme quoi enfin, comme on dit, si « Avec le temps qui passe tout change… finalement rien ne change vraiment ».

Et je préfère ne pas en trop multiplier les illustrations sinon en citant quand même Louis XI en son donjon du château de Loches et ses cages de fer pour « prisonniers encombrants ».

Au demeurant, j’aime cette « douceur angevine » où il m’arrive de rêver d’y finir ma vie si ce n’est pas à Villeneuve d’Ascq ou peut-être à Rouen…, y finir ma vie… ou peut être y commencer ma mort…

Car comme l’a dit Léonard de Vinci déjà cité, « Tout obstacle renforce la détermination », « jamais le soleil ne voit l’ ombre » et finalement « Les limites du néant sont le néant ».

Les citations de Léonard de Vinci ne manquent pas que je fais miennes pour la plupart, à une près aujourd’hui, dans laquelle je ne me reconnais pas du tout, je cite :

« C’est plus facile de résister au début qu’à la fin ».

Pour moi et avec moi, ce serait le contraire !

Une immersion dans « la France profonde » depuis la France royale de la Vallée de la Loire à une descente vers la Dordogne à Rocamadour, après, depuis Loche, avoir longé Châteauroux, Limoge, Tulle, Brive et bien sûr Oradour-sur-Glane, des villes et des lieux porteurs d’images cruelles à Oradour-sur-Glane, industrielles à Limoge, politiques à Tulle, sportives à Brive, sans oublier, de loin, un clin d’œil à François Mitterrand qui repose à Jarnac en Charente, et non loin de Rocamadour, une ville religieuse s’il en est avec des générations de pèlerins, les sites préhistoriques de Padirac à Lascaux….

Oui qu’elle est belle la France, « Ma France » si bien chantée par Jean Ferrat et déjà si bien décrite par Joachim du Bellay en 1558 dans son ouvrage « Les regrets », un poète qui m’a donné le titre de ce carnet d’une nature bien différente de ce que certain(e)s aujourd’hui pouvaient attendre et avec lequel je vais conclure :

« France, mère des arts, des armes et des lois, (…)

Si tu m’as pour enfant avoué quelquefois,

Que ne me réponds-tu maintenant, (…)

Entre les loups cruels, j’erre parmi la plaine,

Je sens venir l’hiver de qui la froide haleine

D’une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux (…) ne craignent le loup, le vent ni la froidure ;Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau ».

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