Carnet n° 440 du 6 février 2017

« Tout le bonheur est dans l’inattendu »

(Jean D’Ormesson)

 

Si effectivement « tout le bonheur est dans l’inattendu », nous ne devrions pas en manquer…

Dans la vie privée bien sûr où l’inattendu est (trop) souvent la règle avec ses bons et ses mauvais côtés,

dans la vie professionnelle aussi avec les mêmes éléments d’alternance entre espoirs et déceptions,

dans la vie publique sans aucun doute avec ses tourmentes et ses tempêtes, ses cyclones au coeur desquels règne parfois un peu de calme, ses soleils qui alternent avec des pluies battantes, ses douceurs qui font place à ses froids glaciaux… et vice versa.

 

J’ajoute que de tels propos, sous la plume et le talent de Jean d’Ormesson, ne peuvent que nous interpeller, voire, pour ce qui me concerne, me convaincre de leur véracité.

 

Je n’entrerai pas aujourd’hui dans les domaines privés et professionnels de chacun, ni donc bien sûr dans les miens, que j’effleure pourtant régulièrement dans mes carnets, sachant que les tempêtes et  les épisodes de beau temps n’épargnent personne dans sa vie et qu’ils ne sont jamais sans conséquences sur le reste …

 

Je m’en tiendrai donc au domaine public et « électoral » où « l’inattendu » est devenu la règle et où chaque jour nous amène, depuis quelques mois et surtout depuis quelques semaines, des éléments inattendus.

 

A droite si la défaite de M. Sarkozy n’était pas complètement inattendue, celle, pour lui succéder, d’Alain Juppé au profit de F. Fillon l’était davantage. Quant à imaginer que M. Fillon lui-même, alors au meilleur de sa forme, risquerait de chuter quelques semaines à peine plus tard au profit peut être d’A. Juppé, … qui aurait pu penser à cela, le prévoir et le prédire ?

 

A gauche, si Jean Luc Mélenchon, (comme Mme le Pen à l’extrême droite) est resté solidement ancré, le retrait de François Hollande fut une première surprise, la défaite d’A. Montebourg au profit de B. Hamon une autre surprise (au moins aussi grande), et l’élimination de Manuel Valls de la course à l’Élysée… pour le moins inattendue quand il s’était déclaré candidat avec l’appui de la plupart des barons du PS.

 

Aujourd’hui 6 février 2017, par parenthèse 83 ans après une manifestation quasi insurrectionnelle des mouvements et des ligues des droites et de l’extrême droite contre la troisième République et le régime parlementaire, depuis la place de la Concorde jusqu’à l’Assemblée Nationale,

aujourd’hui 6 février 2017, disais-je, « l’affaire Fillon » qui fait les titres des médias,

la bonne forme de Benoît Hamon qui partage avec Mélenchon un potentiel de voix d’une gauche redevenue « sûre d’elle-même » sur des positions d’ailleurs pas toujours compatibles entre elles, une gauche radicale qui, surtout, faute d’accord entre ses 2 têtes (et le « manque d’enthousiasme » de « la gauche gouvernementale ») risque de n’avoir aucune chance d’être au second tour des Présidentielles,

à côté d’un Emmanuel Macron qui, à défaut d’être parfaitement clair sur son programme, (malgré de réels efforts), a, au moins, le mérite de susciter de l’enthousiasme chez beaucoup de nouveaux électeurs jusqu’ici non engagés, tout ceci crée « des espoirs inattendus » qui peuvent, contrairement à ce que l’on pensait il y a 4 mois, nous faire espérer à nouveau, sinon « le grand bonheur », tout du moins la fin du caractère inéluctable de malheurs annoncés…

 

Le fait est que durant plus de 50 ans d’engagement politique et 40 ans de vie élective, je n’avais jamais connu cela.

 

Même Edgar Faure (2 fois Président du Conseil sous la 4ème République et 14 fois Ministre) qui aimait à dire que « ce ne sont pas les girouettes qui tournent mais le vent » n’aurait jamais imaginé cela…

 

A propos de République d’ailleurs, s’il est à la mode de parler de 6ème République, n’oublions jamais que si disparaissait cet article de la constitution actuelle connu sous le nombre 49/3, on retournerait dans les affres de la 4ème République puisque le 49/3 est le seul moyen d’éviter qu’un texte de loi soit rejeté par une majorité pour des raisons complètement opposées (ce qui aurait été le cas de la loi travail, quoi qu’on pense par ailleurs de son « opportunité »).

 

Et si, en plus, on veut introduire (et je suis pour) une dose de proportionnelle aux élections législatives, ce qui conduirait à une multiplicité de groupes politiques à l’Assemblée, sans l’obligation du 49/3 de déposer une motion de censure à voter dans les même termes pour rejeter une loi …. Il ne serait plus possible de prendre quelque décision que ce soit !

Enfin, et « cerise sur le gâteau », si on permettait à travers un soit disant « 49/3 citoyen » à des lobbys de tous ordres de s’opposer au suffrage universel, il en serait fini à la possibilité pour un Président et son gouvernement de prendre des décisions courageuses et donc souvent peu populaires.

 

S’il faut absolument améliorer les conditions d’exercice de la Démocratie élective à tous les niveaux en particulier en termes de cumuls des mandats et de contrôle du travail des élus,

il ne faut pas la remplacer par une Démocratie « dite participative » qui représente, comme pour les pétitions, des minorités habiles et bien organisées pour s’opposer au nom d’intérêts particuliers à des majorités élues par l’ensemble de citoyens.

« Davantage de Démocratie ne veut pas dire davantage de signatures aux bas de davantage de pétitions »

A tous les niveaux, y compris au niveau communal, on ne gouverne pas et on ne décide pas en fonction du nombres de pétitions mais du sens que l’on a de l’intérêt général en affectant les moyens disponibles aux urgences et aux priorités avérées… et pas à ceux qui crient le plus fort.

En Démocratie, on est jugé sur ses résultats et je serai jugé avec mon équipe sur nos résultats comme je le suis depuis 40 ans …

On comprendra, à la lecture de ces lignes, pourquoi aujourd’hui, si je sais pour qui je ne voterai jamais, je ne sais pas encore pour qui je voterai, attendant des candidats (vers qui je penche) des explications, des précisions, voire des modifications de leurs programmes.

gauffresJ’en terminerai aujourd’hui de ce 440ème carnet avec l’odeur des « saveurs sucrées » du Musée du Terroir hier dimanche, de belles compétitions sportives villeneuvoises (je ne parle pas du LOSC battu par le dernier de la ligue 1) « des associations toujours en marche » pour le plus grand plaisir des citoyens…

 

et avec l’extrait d’un poème de Joachim Du Bellay écrit en l’an 1558 :

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage,…

et puis est retourné plein d’usage et raison,

vivre entre ses parents le reste de son âge »

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