Carnet n° 414 du 8 Août 2016

« Un été 2016 »

 

J’ai longuement hésité au moment du choix du titre de ce 414ème carnet entre « un été 2016 » en écho à « Un été 44 » (qui retrace les 3 mois qui ont changé le monde vers la fin de la 2ème guerre mondiale) sans oublier le rappel de l’été 1916 où commença la terrible « boucherie » de Verdun, et « L’été meurtrier » en référence au film de Jean Becker sorti en 1983 dont le titre résonne, en ces temps d’angoisses, mais dont le synopsis n’a rien à voir avec ce dont je veux parler aujourd’hui.

 

D’où mon choix de « un été 2016 » même si, par certains aspects, cet été a des côtés « meurtriers » (dans tous les sens du terme), et surtout, parce qu’à l’instar de 1916, il marque, sans aucun doute, un tournant dans la grande guerre ouverte en ce début de 21ème siècle du fait et contre le terrorisme…

L’avenir nous dira si, comme l’été 44, il ouvrira un temps concentré qui changera le monde …

 

« Un été 2016 », « sous le signe de la mort » avec le cruel attentat de Nice, ses 85 morts et ses centaines de blessés, celui qui vit l’assassinat d’un vieux prêtre en son église à Saint Étienne du Rouvray, celui de Charleroi, de bien d’autres endroits dans le monde, la répression en Turquie, les massacres irakiens et syriens… Mais aussi un été avec les morts par accident de jeunes et de moins jeunes à l’occasion des vacances, le terrible drame de Rouen et ces jeunes plein de vie fauchés sans doute du fait de règles de sécurité non appliquées…

La mort, la grande faucheuse, est encore plus insupportable au moment de l’été quand le cœur et l’esprit du plus grand nombre de nos concitoyens sont ailleurs …. pour ceux partis en vacances et ceux qui en rêvent ou simplement s’en souviennent…

 

Je n’oublie pas en cet instant ces êtres chers qui nous ont quittés, comme Denis Blanchatte et Gaston Leroy, et qui quittent beaucoup d’entre nous (je me souviens de ma mère partie un matin de juillet 1980, elle, pour qui, juillet était « un mois sacré » de vacances en particulier au Tréport où nous sommes allés en famille durant 10 ans) …

 

La douleur est tellement plus difficile à supporter sous le soleil ….

De ce point de vue,  l’été 2016 aura été « un été meurtrier ».

J’ajouterai une dimension au côté meurtrier de cet été, qui tient aux déchirements de notre société.

D’abord, la rupture de toute forme d’unité des forces politiques françaises face au terrorisme et, pire, une surexploitation politicienne de ces drames humains et de ces angoisses nationales et planétaires.

Il suffit pour cela d’entendre certains leaders de droite et leurs surenchères …. pour certaines indécentes …, le tout sous « le regard alléché » de mesdames Le Pen,  tante et nièce, dont la jouissance politicienne après chaque drame a passé toutes les limites …

Comment un tel parti, le FN, sans véritables militants ni élus compétents, sans la moindre cohérence, ni le moindre réalisme programmatique, peut-il être arrivé ainsi aux portes du pouvoir ?

« L’été 16 » a effectivement des aspects « été 44 » mais de manière dramatiquement beaucoup plus négatif…

Non, Daech ne gagne pas quand des Maires de toutes couleurs adaptent leurs manifestations et leurs dispositifs de ripostes aux menaces nouvelles, comme l’a fait Martine Aubry à Lille où la braderie 2016 est supprimée, tout comme l’ont été les « plages musicales » à Berck, « la prom’ partie » à Nice, le ciné de plein air à Marseille, le feu d’artifice à Collioure, « la fête du Jasmin » à Grasse (pour n’en citer que quelques unes).

 

Daech gagne quand il déchire notre société démocratique et amène l’extrémisme au pouvoir..  (J’ai connu cela en Israël après l’assassinat de Rabin quand les terroristes palestiniens ont fait « flamber Jérusalem » à coup de bombes pour faire battre les travaillistes …)

 

A ces Maires déchirés par les décisions à prendre, accusés de lâchetés par certains, …. j’apporte mon soutien et je le rappelle : que ne dirait-on pas, (souvent d’ailleurs les mêmes) en cas d’attentats…

Qui aurait pu, pour qui connaît la Braderie de Lille, (son ampleur, ses foules, ses engorgements) maintenir aujourd’hui une telle manifestation ?  (quelles que soient les baisses de chiffres d’affaires des hôteliers et restaurateurs …)

Là-dessus, les médias « en rajoutent une louche » avec ce que j’appellerai « le jeu de l’été », qu’on pourrait titrer : « le terrorisme, à qui la faute ? Réponses récurrentes» : le gouvernement ?, les politiques ?, la police ?, la justice ?… Et somme toute, jamais les terroristes eux-mêmes…

« Eté 2016 », l’été de la déchirure, des surenchères politiciennes, de « l’indécence à tous les étages » …

 

Mais « l’été 2016 » c’est encore et toujours, « les routes peintes en noir par bison futé »  chaque samedi, les colères citoyennes récurrentes pour cause, dans leurs quartiers, de fêtes chez un voisin, de branches d’arbres cassées par le vent, de jeunes un peu bruyants, d’arrêt de bus « qu’on préférerait » devant le voisin (j’en passe, là aussi, des belles et des meilleures…)…

 

Et l’été 2016, ce fut et c’est : l’euro de football, le tour de France et les Jeux Olympiques, où les commentateurs égrainent les mêmes litanies : « on va gagner … on peut encore gagner… on aurait pu gagner (la faute à qui ?)… ou n’a pas gagné… »

Cela me fait penser à un album fameux : « Asterix aux Jeux Olympiques ».

Je me demande si c’est pareil ailleurs ? peut-être … mais j’en doute… c’est l’esprit Gaulois…

 

Dans ce jeu François Hollande joue le sien… « il est passé par ici, il repassera par là » (chanson enfantine).

D’un hommage çà et là répété, à Rio pour y parler de Paris 2024…  « il est partout »…

Cela lui suffira-t-il à justifier une candidature en 2017 ? Sûrement.

A gagner ? Sûrement pas…

Il avait fait de la baisse du chômage son pari. Il l’a perdu ! Mais qu’il se rassure Lionel Jospin, en 2002, avait fait d’une baisse du chômage de 1 million (réel !) son argument de campagne.

Il a lui aussi été éliminé au soir du 1er tour.

Le chômage n’est pas un bon argument : il est toujours trop élevé pour celui qui est chômeur, et cela qu’il baisse ou qu’il augmente

Ce qui aggrave les choses, dans le cas de F. Hollande, c’est qu’il en avait fait lui-même un enjeu de sa candidature en 2012 puis pour 2017…

 

« Un été 2016 », en référence à « l’été 44 » ou à « l’été meurtrier »… restera un été que l’on n’oubliera pas … même si, pour bien de ses aspects, on aurait voulu l’oublier.

Et d’une manière générale, dans ce type de situation celui qui gouverne n’est jamais populaire face aux discours des démagogues… quels que soient leurs niveaux… des Le Pen à D. Trump…

 

Ce n’est pas facile à vivre pour un élu et c’est pourquoi cela fait du bien d’écrire car comme l’a écrit Marguerite Duras : « Écrire, …. C’est hurler sans bruit »

 

Je terminerai ce 414ème carnet en faisant écho à la fin de mon 413ème carnet  où je m’interrogeais sur ma vie en dehors de ma vie publique avec plus que des doutes… après avoir réécouté une chanson de R. Charlebois datant de 1975, année de mon tournant vers la vie publique, la complainte du phoque en Alaska : « Ça vaut pas la peine de laisser ceux qu’on aime pour aller faire tourner les ballons sur son nez »…

Au moins, puis-je espérer que ma vie publique, ma pensée et mes actions politiques, en auront valu la peine ?

Lien Permanent pour cet article : http://www.rassemblementcitoyen.org/?p=2472