Carnet n° 413 du 1er août 2016

« Un homme vêtu de noir qui me ressemblait comme un frère… »

 

J’aurais pu, et peut être aurais-je du, consacrer, comme je le fais depuis des semaines, l’essentiel de ce 413ème carnet au terrorisme, avec les suites de l’attentat sanglant du 14 juillet à Nice, la guerre contre Daesh en Syrie, les massacres de toutes origines aux États Unis (où règne « la loi de l’arme ») et bien sûr l’ignoble assassinat d’un vieux prêtre à Saint Étienne du Rouvray égorgé par un jeune adepte djihadiste.

J’aurais pu, et peut être aurais-je du, me contenter de « commenter les commentaires politiques », pour certains particulièrement indécents, de leaders de droite en campagne et… de l’extrême droite « baignant dans son jus », où les surenchères démagogiques n’en finissent pas de se manifester chez les UMP/LR en course pour leurs primaires ».(cf  L. Wauquier qualifié de serial faux c.. par le Canard Enchaîné)

Je me contenterai de saluer « le tacle « d’Alain Juppé qui rappelle à Nicolas Sarkozy, qui avait dit le contraire, que l’état de droit est fondamental en notre République et pas un simple « argutie  juridique ».

J’aurais pu enfin parler de la Turquie et des inquiétudes qu’elle suscite depuis le « coup d’état manqué ».

 

Mais au cœur de l’été, à un moment où depuis toujours, je lis et je relis beaucoup, où j’écris et où, j’aime à me pencher sur mon passé,

en ce 1er août 2016, j’ai décidé, avec les risques que cela comporte, de parler un peu plus de moi sans fard… peut être pour que l’on connaisse mieux  celui qui se cache sous « un masque « sans doute plus sévère et sûrement pour me permettre de « mieux me connaître moi-même  » à un moment aussi où beaucoup d’amis et de connaissances, un peu plus âgés que moi, nous quittent par « la loi du temps qui passe ».

C’est un poème d’Alfred de Musset, poète et dramaturge de la période romantique qui a vécu de 1810 à 1847 qui m’en a inspiré l’esprit, la trame et la conclusion.

Un homme, pour le poète, d’abord écolier, puis jeune homme, étranger, convive, orphelin, malheureux…,

un homme toujours vêtu de noir qui lui ressemblait comme un frère,

un homme, somme toute, sorte de miroir, un autre soi-même qui permet de mieux s’observer et donc de mieux se décrire,

un homme, jeune, moins jeune, puis vieillissant, un homme public et privé aux aspects et conséquences entremêlés…

un homme dans sa complexité, dans ses forces, ses faiblesses et ses contradictions…

Cet homme que je suis, écolier à Royaucourt et Chailvet dès l’âge de 4 ans, écolier et lycéen à Laon ensuite, salarié et étudiant à Laon, Amiens, Lille et à Clermont-Ferrand, agent du trésor puis enseignant à Turgot et Jean Moulin à Roubaix,

il a fallu « bien des hasards « pour que j’arrive à Villeneuve d’Ascq en 1970 et surtout pour que j’entre en politique élective en 1976 (et cela même si j’avais rejoins la SFIO à Lille dès 1964).

Ma route était alors tracée alors que rien ne m’y prédisposait et que je ne l’aurais même pas imaginé :

Maire en 1977, Conseiller Général en 1983 puis Vice Président, Député Européen de 1989 à 2004, et toujours Maire en 2016, j’ai tout connu ou presque… beaucoup de victoires, quelques défaites, beaucoup de soutiens et d’amis et quelques trahisons… Une dureté de la vie politique qui me l’a fait quitter dans sa forme traditionnelle en claquant la porte du PS en 2001après 37 ans et 2 mois….

Mitterrandiste depuis 1965, Mitterrandiste toujours, j’aurais pu espérer être Ministre. Je ne l’ai jamais ni espéré, ni souhaité, ni voulu, ayant sans doute « l’échine trop raide » et n’étant pas capable de défendre ce en quoi je ne crois pas tout à fait.

 

Au cours de ces dernières années, voyant les risques des temps, je me bats pour la République, ses valeurs, la laïcité et contre tous les intégrismes violents et les terroristes déchaînés. Les faits m’ont malheureusement donné raison… mais comme on dit : «  on a souvent tort d’avoir raison trop tôt ».

Il en est de même pour l’Europe dont j’ai dénoncé depuis les années 90 les dérives libérales, financières, commerciales et technocratiques au détriment de « l’humain »…cher à ses pères fondateurs et aux vrais Européens dont jacques Delors

 

L’Europe risque aujourd’hui d’en mourir comme risquent de s’éteindre nos Démocraties et notre République où on peut craindre que le terrorisme ne conduise à des régimes populistes de droite porteurs de guerres civiles teintées de guerres de religions…

On me dira que notre pays en a connu d’autres… Mais, cette fois ci, il pourrait perdre cette guerre dans un monde où nous ne pesons plus qu’un faible poids et où nos concitoyens ont perdu leurs points de repère…et même leur fierté d’être.

 

Enfin, et surtout, il me reste Villeneuve d’Ascq, où, envers et contre tout, je fais tout pour que sa route tracée au cœur de la Métropole Européenne de Lille soit irréversible… Ce n’est certes pas tout à fait gagné mais on est sur la bonne voie si l’environnement extérieur, dont celui-ci-dessus évoqué (mais pas uniquement), ne nous en empêche pas….d’où la fermeté et la force de mon engagement .

Somme toute, « l’homme vêtu de noir  qui me ressemblait comme un frère », a, je veux le penser, plutôt réussi sa vie publique et professionnelle ayant su ne jamais essayer d’aller au-delà de ses capacités et compétences…ni même avoir osé en avoir l’idée.

 

Je dois, à ce stade, avouer qu’il n’en est pas de même pour tout le reste de ma vie…

Est-ce le résultat de ce que l’on est au fond ? Une conséquence de la vie publique ? un cumul des deux ? Peu importe quand « le mal est fait »… et ce, même si je regrette le mal que j’ai pu faire à certains de mes entourages proches .

Au demeurant et pour terminer, il me reste à méditer ce qu’Alfred de Musset a mis en conclusion de son poème la réponse de « l’homme en noir » à sa question : « Qui es tu ?

ni ange gardien,

ni mauvais destin…,

ni dieu ni démon…

ami, (répond l’homme vêtu de noir ) je suis la SOLITUDE « .

Lien Permanent pour cet article : http://www.rassemblementcitoyen.org/?p=2436