Carnet n° 395 du 29 mars 2016

Une semaine particulière…

 

 

Une semaine à titre personnel « un peu particulière », en parallèle d’une semaine publique qui le fut tout autant, mais malheureusement de manière plus récurrente avec ses nouveaux horribles attentats terroristes,

une fin de semaine pascale à l’image de la vie avec ses alternances de bourrasques et de pluies, de soleil et de fraîcheur, cette semaine du 21 mars qui, lundi de Pâques oblige, a pris un jour de plus… d’où ce 395ème carnet daté du 29.

 

Une rencontre opportune avec une émission télévisée sur le cosmos, ses mystères et ses découvertes récentes, tous ces hasards, désordres et pulsions d’une vie (qui, semble-t-il, à l’image du cosmos, nous mène de l’ordre vers le chaos), m’ont conduit à me replonger dans certains écrits d’Albert Einstein (1879-1955), « un grand parmi les grands » dans le monde de la science et de la philosophie…

Ce fut, en ce week-end de Pâques, une occasion indicible de redécouvrir que si, en matière scientifique, Albert Einstein reste le père d’un tournant majeur en terme de connaissances et de recherche, en matière philosophique il est, en ce début du 21ème siècle, d’une modernité étonnante, le tout dans un style et dans une écriture qui mêle une conscience profonde et un humour à toute épreuve…

 

Quelques exemples :

« Nous aurons le destin que nous aurons mérité ».

« En apparence la vie n’a aucun sens, et pourtant il est impossible qu’il n’y en ait pas un ».

« La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle ».

« Le progrès technique est comme une hache qu’on aurait mis entre les mains d’un psychopathe ».

Une avant dernière citation qui fonde depuis toujours ma propre pensée philosophique et ma vision de l’univers cosmique :

« La distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion, aussi tenace soit elle ».

 

C’est pourtant c’est une toute autre citation qui structurera ce 395ème carnet :

« Le monde est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ».

 

L’histoire de l’humanité, de tout temps, en fourmille d’illustrations plus ou moins cruelles. Celle du 20ème siècle nous a prouvé à quel point cela pouvait nous conduire aux pires malheurs.

Celles des 30 dernières années nous confirme que nous n’avons décidément rien compris !

 

Les attentats terroristes qui ont, durant ces 3 dernières décennies, touché tous les continents à des degrés divers se comptent par centaines, (188 depuis 2003 sous forme d’attentats-suicides).

 

En 21 mois, depuis la proclamation du califat de l’État islamique, on en a recensé une centaine dans 22 pays avec, au total, plusieurs milliers de victimes, hommes, femmes et enfants.

 

La semaine écoulée a commencé le 22 mars avec les 35 morts et les centaines de blessés de Bruxelles pour se terminer avec, le 27 mars à Lahore au Pakistan, au moins 72 morts dont 29 enfants, leurs mamans et 340 blessés.

Si on ajoute à cela tous les projets d’attentats déjoués, qu’on ne compte plus, on peut effectivement dire, à l’instar de Manuel Valls, qu’on est entré en guerre, certes différentes de la plupart des autres que le monde a connu, une guerre dont les historiens nous diront un jour quand elle a commencé et quand elle se sera terminée.

 

Oui, c’est peu dire que le monde est dangereux, certes à cause de ceux qui font le mal, mais surtout à cause de nos imprévisions, de nos lâchetés, de nos refus confortables de voir les réalités en face, de correctement « dénommer les choses » et d’en tirer toutes les conséquences sans oublier les capacités collectives d’oubli qui conduisent en France quelques semaines après le 13 novembre, ses 130 morts et ses centaines de blessés, à contester les mesures de sécurité qui sont mises en place malgré la perspective de risques majeurs autour de l’Euro de football en France et à Villeneuve d’Ascq.

 

Et bien, « qu’on se le dise », à mon modeste niveau, si je regarde, si j’analyse, si je parle sans langue de bois ni calcul politicien, je n’entends pas ne pas prendre ma part dans le combat de celles et ceux qui n’entendent pas laisser faire.

 

A Villeneuve d’Ascq, depuis le 13 novembre 2015, notre cellule de crise est toujours active !

 

Si, enfin, comme se plaisent certains à le dire, il y a aujourd’hui en Europe et en France des « Molenbeek  un peu partout », il faut se demander pourquoi et y compris pourquoi il y en a moins, ici ou là… et les raisons à cela en terme de continuité et de qualité de services publics, de vigilance au quotidien et de prudence urbanistique.

 

Sans vouloir donner de leçons à personne, mon expérience, m’autorise, pour ne pas dire m’oblige, à dire cela !

 

Pour limiter, sinon éviter ces périls, il faut sans doute davantage de courage de la part de certains élus (c’est tellement facile de taper sur eux) mais il faut aussi retrouver du bon sens, refuser les schémas simplistes, les solutions en trompe l’œil, les anathèmes et surtout les égoïsmes facteurs d’irresponsabilités, de violences verbales ou écrites !

 

Je sais qu’on ne se rend pas populaire en écrivant et en disant cela mais c’est la première condition à remplir si, face à ceux qui font le mal, on se refuse à se contenter de regarder et de laisser faire !

 

Un dernier mot, sur la même lancée, à propos de l’Europe.

Il est de bon ton de reprocher à l’Union Européenne d’avoir « fait Schengen », supprimé les frontières intérieures et délaissé les frontières extérieures qui en étaient pourtant la condition première (je le sais, étant alors député européen).

La cause en est d’abord le poids de l’économie, de la finance, de leurs acteurs et de leurs forces pour qui seuls comptent le commerce et le grand marché et donc la libre circulation intérieure des biens et marchandises mais aussi des travailleurs.

La responsabilité de cette situation déséquilibrée qui aggravent les dysfonctionnements constatés en appartient aux États Européens, qui, pour des raisons égoïstes ont refusé les efforts à faire en terme de budgets européens, de directives et de compétences transférées pour rendre possible cette protection nécessaire des frontières extérieures de l’Union européenne.

 

Je n’ai pas attendu les périls actuels pour le dire (mes écrits depuis 1989 le prouvent), en matière de frontière : « De la muraille de Chine au mur de Berlin (en passant par la ligne Maginot ou le mur de l’Atlantique) rien n’a jamais empêché qui que ce soit de passer pourvu qu’il le veuille ou y soit obligé.

Là aussi, il aurait fallu traiter le problème à la source ( je l’ai aussi écrit depuis des décennies), aider au développement des pays du sud et réfléchir à la création d’un cadre commun à l’ensemble du bassin méditerranéen sous une forme « quasi confédérale » avec une forme de marché commun et surtout une charte commune de Droits et Obligations fondamentaux qui ne soit pas que le « placage » de nos propres « valeurs », si l’on voulait qu’elles fussent acceptables par tous.

 

Au lieu de cela, on a laissé prospérer des dictatures et, un jour, « avec nos canonnières », on a contribué à les renverser en laissant ensuite le désordre s’installer avec ses lots d’extrémismes, de violences et de malheurs pour les peuples qui espéraient simplement davantage de liberté.

Oui, on le voit, si le mal s’est développé nous en sommes, nous, les pays « dits développés », tous responsables (et bien au-delà de leurs dirigeants) pour n’avoir su que regarder et laisser faire…

 

Est-il encore temps pour « renverser la vapeur » ?

Je voudrais encore le croire… Sinon le pire est à venir.

 

Avant de terminer ce carnet, pour en revenir à Villeneuve d’Ascq, la semaine dernière y a vu des milliers de familles et d’enfants mis en difficulté par la grève de quelques dizaines de salariés de la restauration scolaire, mobilisés contre la loi sur le travail dite « El Khomri », qui ne concerne pourtant pas directement la fonction publique.

Interpellé quotidiennement par des parents légitimement en colère, je l’ai dit et je le répète sans fard : si je respecte le droit de grève pour lequel tant de générations de salariés se sont battues, je n’accepte pas certains comportements qui permettront d’ailleurs demain, avec l’appui massif de l’opinion publique, à un gouvernement plus dur que celui d’aujourd’hui de remettre en cause le statut de la fonction publique et les conditions d’exercice du droit de grève.

Là encore, j’en appelle au sens du service public et à l’esprit de responsabilité pour éviter de rajouter du désordre au désordre dont les premières victimes sont toujours, personne ne l’ignore, les plus modestes et les plus fragiles.

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