Carnet n° 394 du 21 mars 2016

« Un peuple qui oublie son histoire se condamne à la revivre… »

 

Cette citation que l’on a prêté à Sir W Churchill, Confucius, Aldous Huxley et même Karl Marx et que j’ai déjà utilisée dans un (ou plusieurs) de mes 394 carnets, explique sans doute pourquoi nous sommes nombreux, et heureusement, à avoir une forme « d’obsession mémorielle » comme disent certains pour, bien sûr, critiquer le Président Hollande…

 

En ce qui me concerne, ce n’est pas une critique que j’adresse au Président,  car on n’en fait jamais trop en la matière, s’agissant de celles et ceux qui en ont été les acteurs ou les victimes et aussi, comme avertissement à celles et ceux qui aujourd’hui et demain, faute d’en être prévenus, ne verraient pas arriver les prémices d’un retour vers un passé douloureux.

 

J’ai eu l’occasion de le rappeler hier encore, dimanche 20 mars, pour le 72ème anniversaire du Massacre de la nuit des Rameaux 1944, mon 40ème anniversaire aussi en tant qu’élu villeneuvois, un anniversaire où les citoyens ascquois et villeneuvois viennent toujours en grand nombre, où beaucoup d’élus heureusement sont là… en l’absence, sans doute « explicable », de la Présidente du groupe lepeniste de notre Conseil Municipal et la faible représentation « moins explicable » de l’opposition UMP/UDI… (chacun fait ses choix me dira-t-on… mais quand même …).

 

En cette nuit des Rameaux 1944, 86 ascquois furent massacrés par des SS de la 12 ème Panzerdivision de la Hitler Jugend, un massacre qui, n’en déplaise à M. le Pen, ne fut pas non plus « un détail » de l’Histoire mais bien un acte barbare qui brisa 86 vies et celles de centaines de membres de leurs familles et de leurs proches.

 

Au même moment, ou presque, en ce mois de mars 2016, un des derniers terroristes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est arrêté dans la banlieue de Bruxelles ce qui augure d’un procès qu’attendent les familles des 130 victimes massacrés par un groupe qui s’est déclaré de l’organisation terroriste « Daesh » sans oublier les 413 blessés qui, tous et toutes à des degrés divers, resteront marqués à jamais…

Hitler Jugend, terroriste de Daesh… Certains pourraient être tentés de dire qu’il n’y a rien de commun entre eux.

Ils se tromperaient : ils ont en commun leurs violences mortifères, la haine des démocraties, le racisme, l’aveuglement idéologique religieux ou quasi religieux au nom d’un dieu ou d’un homme se prenant pour un dieu avec, pour eux, la conviction de posséder un droit de vie et surtout de mort sur les autres humains.

Ces événements ont aussi en commun une forme d’inconscience d’un grand nombre de citoyens qui ne les ont pas vu/ou qui ne les voient pas venir, la bestialité innommable imposée aux victimes, sans oublier non plus celles et ceux qui trouvent des « excuses » à ces bourreaux quand ils ne les défendent pas voire pire,  quand ils ne s’en révèlent pas les complices.

Il faut savoir tout cela (et ne jamais l’oublier) concernant notre passé, dénoncer les révisionnistes et leurs complices, en tirer toutes les leçons pour demain et après demain au nom de nos enfants et pour nos enfants !

 

Oui le devoir mémoriel est vital… Et personne n’en fera jamais trop en la matière !

 

La veille des Rameaux, le 19 mars, nous avons aussi commémoré le cessez-le-feu de 1962 en Algérie voulu et signé par le Général de Gaulle et son premier ministre Michel Debré.

C’est une date importante même si, chacun le sait, elle n’a pas mis un point final aux disparitions, exécutions et massacres en particulier des harkis…

Mais le Général de Gaulle qui était revenu au pouvoir en 1958 au nom de l’Algérie Française et avec l’aide  (sinon plus) de ses défenseurs  avaient eu le courage de reconnaître que la France s’était engagée dans une impasse.

 

J’ajoute que le 19 mars 1962 fut pour les appelés et leurs familles déjà mobilisés et ceux, dont je fus, en attente de partir un moment inoubliable de soulagement.

Les leçons à tirer de cette guerre « qui a longtemps refusé son nom », que ce soient en terme de causes, de réalités, de souffrances et de conséquences encore aujourd’hui en Algérie et en France, oui ces leçons sont encore à tirer… Y compris dans leurs liens avec les formes actuelles de terrorisme….

 

Si, comme on l’a attribué à Héraclite, « Ni la mort ni le soleil ne peuvent se regarder en face », (encore que pour la mort, cela peut se discuter…).

Il en est parfois, sinon souvent, de même pour la vérité des faits…

On a pu encore s’en rendre compte dans certaines déclarations politiciennes ce 19 mars.

Une des raisons sans doute à cela en dehors de la douleur de certaines plaies qui ne sont pas encore refermées, c’est, à droite, les surenchères de la primaire chez les UMP/LR qui frisent parfois la caricature, au point que les militants de l’UDI viennent de décider de prendre leurs distances…

On a, là aussi, l’illustration de la dégénérescence de la politique, à droite pour se partager à l’avance les fruits d’une victoire annoncée,

A gauche pour refuser encore de regarder en face la réalité de certains faits pourtant confirmés par les résultats des élections législatives partielles de ce dimanche.

 

Un PS qui « flirte » avec les scores d’une SFIO à l’agonie dans les années 60 du 20ème siècle. (12,54% aux législatives de novembre 1962).

 

Une Assemblée Nationale où, en juin 1968, les droites pesaient 394 députés, le PCF 34 et le reste de la gauche 57…

 

Et pendant cela, des millions de Françaises et de Français souffrent de chômage et d’angoisses du lendemain voire de misère, tandis que d’autres ne cessent de s’enrichir.

L’égoïsme et les pré-carrés gagnent du terrain avec des expressions et des comportements de plus en plus violents.

 

On bloque des routes, on paralyse des aéroports, on met en difficultés certains services comme la restauration scolaire dans nos écoles…Certes, le droit de manifester existe ; certes, le droit de grève est fondamental, encore faut-il les marier avec le bon sens sous peine de voir un jour des rebellions sinon des émeutes qui risquent de conduire à « l’arrivée de pouvoirs » qui n’attendent que cela pour remettre en cause ces droits…

J’en resterai là pour aujourd’hui sachant que durant la semaine écoulée la vie a continué, avec son travail sur dossiers, ses réunions diverses et multiples, ses manifestations et ses compétitions sportives.

 

Je les ai vécues avec sérieux et parfois avec enthousiasme ce qui, pour autant, réussit de moins en moins à effacer mes doutes et mes angoisses vis-à-vis d’une société qui se détériore…

Et même si j’entends bien encore ce proverbe allemand qui nous dit :

 

« Tu dois accepter la vie comme elle se présente mais tu devrais essayer de faire en sorte qu’elle se présente comme tu aimerais qu’elle soit »

Franchement, j’essaie toujours… Mais….

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