Carnet n° 391 du 29 Février 2016

 

« …Celui qui se compose une belle vie »

 

J’ai pensé plusieurs fois durant ces derniers jours à ces mots de Jean Giono écrits à propos du « héros mythique » pour qui  » L’idéal était de se précipiter dans une belle mort »…, alors que pour lui, toute femme et tout homme qui se compose une belle vie au service de ses semblables ou de la nature est en quelque sorte un « héros des temps modernes », et ce, comme l’a écrit Albert Camus, s’il le fait avec générosité, « la vraie générosité envers l’avenir (qui) consiste à tout donner au présent ».

 

En écrivant mon 390éme carnet de lundi dernier, je pressentais que la fin de la semaine qui allait s’écouler, et en particulier le samedi 27 février, serait pleine d’émotions…

La réalité de cette émotion a dépassé mes attentes à travers, bien sûr, des bilans pensés, pesés et écrits à l’occasion de mes 40 ans déjà passés à siéger au Conseil Municipal de Villeneuve d’Ascq, mes 39 ans à la CUDL (devenue MEL), mes 6 ans au Conseil Général et mes 15 ans de Député Européen, mais surtout grâce à tous les messages reçus, pleins de sympathie à la sincérité souvent reconnaissable et tous empreints de chaleur humaine… Exprimés avec le cœur…

Ces heures de vrai bonheur pour moi ont commencé avec le vernissage, vendredi 26 au soir, de la rétrospective Modigliani sous le signe de « L’œil intérieur » devant une foule considérable bien que nécessairement limitée en nombre d’invitations lancées pour des raisons de sécurité, une manifestation à dimension internationale qui m’a fait mesurer, une fois de plus ,le chemin parcouru par Villeneuve d’Ascq.

Ville en quasi-faillite il y a 40 ans devenue le quasi-deuxième pôle de la MEL en terme d’attractivité et de rayonnement,

un chemin construit et parcouru en parallèle avec celui de la Métropole Lilloise, engagé avec Augustin Laurent, poursuivi à l’arraché et à l’énergie par Arthur Notebart, transmis à et par Pierre Mauroy auréolé de son autorité, son talent politique et son rôle national durant les années Mitterrand, repris par Martine Aubry qui l’a propulsée avec passion dans le 21éme siècle et aujourd’hui avec l’énergie et la pugnacité de Damien Castelain pour qui, comme l’a dit Jean Jaurès, « Le courage c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ! ».

Ces heures de bonheur ont continué le samedi 27 février, jour d’anniversaire,avec des messages par centaines et deux belles pages dans la Voix du Nord.

Le dimanche 28 m’a permis de retrouver mes esprits avec un beau match de l’ESBVA, un concert à St Sébastien et « The Revenant » à la Ciné cité UGC d’Heron Park.

 

Aujourd’hui 29 février, année bissextile oblige, s’ouvre pour moi une nouvelle page d’un ouvrage à écrire dont le nombre de feuilles ne dépendra pas que de moi….

Je vais le faire dans un contexte qui n’est ni simple ni agréable sur aucun plan, ce dont j’ai déjà largement parlé au cours de ces derniers mois…

Quand je vois

  • les déchirements dans le PS et ceux entre le PS et son gouvernement,
  • la foire d’empoigne qui se prépare chez les LR/UMP,
  • le FN qui « tel le loup de la fable » voudrait se faire passer pour un agneau pour mieux nous dévorer à coups de démagogie, d’incantations sur la sécurité et avec

« un vrai talent » qui consiste à dire à chacun(e) ce qu’il veut entendre,

  • le désespoir de ceux qui n’ont plus rien à perdre, l’égoïsme de ceux qui se cramponnent sur ce qu’ils pensent leur être du… »envers e contre tout »,
  • les violences de tous ordres, y compris au salon de l’agriculture contre un Président de la République et, à travers lui, contre notre République et nos institutions démocratiques,
  • des débats très mal menés sur le droit du travail, sur le nucléaire, voire sur l’aéroport Notre Dame des Landes…

 

J’arrête là ma liste que chacun pourra allonger à volonté…

 

Mais je le dis à toutes celles et à tous ceux qui se plaignent de la disparition d’un temps passé idéalisé qui n’est plus, en écoutant «la blonde sirène» qui leur promet d’y revenir,

les mêmes auraient-ils pu imaginer qu’ils auraient pu traiter de la même manière un Charles de Gaulle, un François Mitterrand ou un Jacques Chirac, même quand ils n’étaient pas d’accord avec eux….

Et de rappeler, à ce stade, la fable, que je crains prémonitoire, de Jean de la Fontaine intitulée « Les grenouilles qui demandent un roi » que j’ai déjà citée et que je conseille à chacun(e) de relire !

Somme toute, comme beaucoup, je me sens, en quelque sorte, au cœur de l’œil du cyclone, entre un passé que je pense pouvoir juger réussi et positif, et un avenir plein de tourmentes, de grisaille, de violences et d’angoisses dont chacun(e) de nous sommes un peu les porteurs.

Alors que faire et comment faire ?

Sans aucun doute en usant du levier de l’Éducation qui, pour Léon Blum, doit être « résolument orienté vers la Paix »,

et en méditant les convictions de Henri Bergson pour qui il faut « Agir en homme de pensée » et surtout pour qui « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».

 

En terminant avec un message porteur d’un espoir, peut-être insensé, de Miguel de Cervantès :

« Tous ces orages dont nous sommes assaillis sont autant de signes que le temps, enfin, va reprendre sa sérénité »

 

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