Carnet n° 389 du 15 Février 2016

« Réparer les bêtises »

 

Au détour de mes lectures,  j’ai retrouvé une citation de Bernard Shaw, auteur et essayiste, à la fois acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, un Irlandais bien assis sur 2 siècles, né en 1856 et décédé en 1950.

« L’humanité, serait depuis longtemps heureuse, si tout le génie que les hommes mettent à réparer leurs bêtises, ils l’employaient à ne pas les commettre ».

Et de penser, au moment d’écrire mon 389éme carnet hebdomadaire, que cette réflexion de bon sens en forme de citation pourrait, en tout temps et donc aujourd’hui encore, se décliner et s’appliquer à tous les niveaux de la vie.

Au niveau mondial, il suffit de mesurer les conséquences de « l’euphorie libératrice » qui a saisi le monde il y a 5 ans et qu’on a alors appelé les « Printemps arabes » où des dictateurs ont été éliminés brutalement avec l’aide des pays occidentaux sans se donner ni leur donner les moyens de préparer l’avenir. « La bêtise » était là… Dans l’impréparation et non, bien sûr, dans les raisons d’être des révoltés populaires.

On mesure aujourd’hui le coût pour tous, peuples et puissances extérieures, de ces « bêtises » que furent ces jugements et actions à court terme sans les suivis nécessaires pour éviter des déceptions cruelles très coûteuses sur tous les plans.

On pourrait en dire tout autant de la situation afghane, et surtout aujourd’hui de la Syrie voire de l’Irak.

Sur un autre plan, sans doute non comparable et qui concerne l’Union Européenne qui, non seulement laisse à quelques États la lourde tache d’assurer des responsabilités diplomatiques et militaires qu’elle veut ignorer, s’est désintéressée de la régulation des productions alimentaires, ce qui se traduit par des gaspillages, l’effondrement des prix et donc des manifestations d’agriculteurs contre le gouvernement Français qui, en la matière, n’y peut rien, n’ayant ni les moyens ni surtout le droit de réguler les marchés…

Je pourrais généraliser cette dernière réflexion à tout ce qui concerne l’avenir environnemental de la planète, du « génie » mis par les États et l’Économie pour produire tout, n’importe quoi et sans aucune précaution, avec à la clef l’énergie à mettre maintenant pour limiter les désordres que ces inconséquences et ces « bêtises » ont et vont provoquer !

Encore plus près de nous et sans doute plus douloureuses encore à court terme, « les bêtises » qui ont consisté, au nom d’une « ouverture à tout et n’importe quoi », à abandonner nos valeurs Républicaines et ses symboles dont la laïcité au nom d’un soi-disant droit à la différence, ce qui provoque de l’intégrisme et des radicalisations avec en parallèle un sentiment de laxisme qui conduit à tous les excès et formes de violence… de la part d’autres extrémistes.

Et là encore tout cela ne serait sans doute pas arrivé « si tout le génie que les hommes mettent à réparer leurs bêtises, ils l’employaient à ne pas les commettre ».

Aucun pays n’y échappe, certes à des degrés divers, ce qui me remet en tête une fable de Jean de la Fontaine vieille de 3 siècles et demi :

« Les animaux malades de la peste » où on peut lire à propos d’un mal qui répand la terreur…  «  Ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ».

Ce mal, « cette nouvelle peste des temps modernes », est partout qui menace directement nos Démocraties et donc l’avenir sans doute de l’espèce humaine dans ses modes de vie actuels.

On peut le regretter, on peut retrouver et fredonner « Le temps des blés d’or », « Le bois de Chaville » et son muguet, se délecter en visionnant « Milou en mai » écouter et croire aux discours qui promettent ce retour dans le passé, fermer les yeux (ou les cligner) pour ne voir que sa rue ou le pas de sa porte en hurlant contre tout ce qui les dérange…, mais les réalités sont là et les faits sont têtus qui, un jour, pourraient nous conduire à des situations à côté desquelles le film « Les Chinois à Paris » de Jean Yanne se confirmerait comme une douce fable…

Quarante ans après ma première élection villeneuvoise, si je n’ai jamais regretté de ne jamais avoir été ministre, je plains ceux qui le sont aujourd’hui, non seulement celles et ceux qui se sont reniés pour le devenir (pour 15 mois maximum), mais aussi tous les autres qui, je le dis, font le maximum, pour une grande majorité d’entre eux, sans grand effet sur leur popularité car, comme dans des sables mouvants plus ils s’agitent, plus vite ils s’enfoncent.

Et pourtant, je le dis aussi, l’expérience que j’ai d’avoir vu, en 40 ans, se constituer et fonctionner 25 gouvernements, de droite et de gauche (13 de droite et 12 de gauche), en des temps plus faciles, me conduit aujourd’hui à affirmer que le gouvernement Valls est un des plus solide dans sa structure principale avec Jean Yves le Drian aux Armées, Bernard Cazeneuve à l’Intérieur, Jean-Marc Ayrault aux Affaires Étrangères, Ségolène Royal à l’Environnement, Michel Sapin aux Finances, Patrick Kanner à la Jeunesse et aux Sports… pour ne citer que les principaux sachant que dans leurs domaines Najat Vallaud-Belkacem « fait le job » et que « le poil à gratter Macron » n’est pas inutile pour répondre à de réels besoins de déverrouillages de la société française.

Il est maintenant une question que je n’ai pas encore abordé dans mes carnets bien que faisant souvent « la une » des bulletins d’infos : le débat sur « la déchéance de Nationalité ».

Pour moi qui suis autant attaché aux droits et aux devoirs de la nationalité, le seul problème est dans le droit d’acquérir une deuxième nationalité qui n’implique pas les mêmes droits et les mêmes devoirs… Ce qui permet aux binationaux, en quelque sorte, de pouvoir « faire leur marché » entre les deux statuts.

C’est pourquoi, sauf exceptions liées au fait qu’un pays vous conserve votre nationalité d’origine quand vous acquérez la nationalité française, on ne devrait pouvoir avoir qu’une seule nationalité au nom de laquelle on serait puni quand on commet des crimes y compris contre son pays…sans pour autant en être déchu et devenir apatride.

Au demeurant, comme aujourd’hui, face au terrorisme,  on est dans le « symbole », entre celui de la déchéance pour cause de terrorisme (même si peu efficace) et celui du refus de cette « déclaration constitutionnelle » qui apparaîtrait à nos adversaires terroristes comme un « recul laxiste », si j’avais été parlementaire, j’aurais voté le texte gouvernemental.

Tout ceci étant dit et rappelé, le moins que l’on puisse constater c’est que la situation politique de la France à 15 mois des prochaines élections présidentielles est pour le moins obscure au PS (et je suis modéré dans le terme utilisé) tandis que chez les LR/UMP, c’est un peu « la pagaille », le tout sous l’œil gourmand et la lèvre humide d’une extrême droite tapie dans l’ombre.

C’est pourquoi je le répète, à défaut d’avoir la prétention de contribuer à changer cette situation, je continuerai à m’exprimer et à alimenter le débat, à peser du poids relatif mais réel de « Rassemblement Citoyen » et à faire « jusqu’au bout du bout » mon travail d’élu villeneuvois et métropolitain…

Pour ma Ville, ses habitants et tous les citoyens de Lille Métropole.

Telle est ma volonté durant le temps que me laissera « le destin » car, on le sait,

« Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».

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