Carnet n° 379 du 7 décembre 2015

« Triste et en colère »

 

Oui c’est par ces mots que j’ai commencé ma première intervention sur le plateau de France 3, ce midi, lors d’une des émissions consacrées à l’analyse du séisme politique qui, hier, a secoué notre Région et notre pays.

Oui, en ce lendemain de premier tour électoral, « je suis un homme triste et en colère ».

 

Triste parce que ce qui arrive à notre pays et à notre Région ne nous laissera plus pour demain « que nos yeux pour pleurer » sur nous quand je nous vois ainsi replonger dans les miasmes des années 30 du 20ème siècle.

En colère contre celles et ceux de mes concitoyens qui illustrent à nouveau cette formule bien connue : « Les Français ont la mémoire courte ! »

 

En colère contre le PS (et ses dirigeants) qui, plus il recule, plus il est arrogant, directif et sans respect pour ses alliés réduits à l’état de vassaux et d’ailleurs, sans plus de respect pour ses propres derniers militants.

En colère contre un système politicien français qui continu à privilégier ses jeux mesquins et des calculs en termes de postes de pouvoir « comme si rien était » et donc en complète déconnexion avec les cris qui montent de la rue et du peuple.

 

Si, à Villeneuve d’Ascq, avec nos résultats en forme de tiercé : 34% pour la liste de PDS sur laquelle je figurais, 24% pour l’UMP/LR/modem/UDI et 21% pour le FN,

si, disais-je, ces résultats peuvent être qualifiés d’honorables (je peux le dire maintenant, dans le cas contraire j’avais pris ma décision de démissionner de mon poste de Maire), la situation créée dans la Région Nord-Pas de Calais-Picardie et dans d’autres régions français est particulièrement angoissante pour notre avenir à très court terme.

C’est le résultat d’une société qui va très mal, de politiques gouvernementales, … pour le moins incomprises, sinon « pires », et de comportements politiques parisianistes qui ont oublié les réalités multiples du « peuple de gauche », toutes ses dimensions positives et négatives.

 

C’est le résultat d’une communication qui privilégie la forme sur le fond, l’instantané sur la réflexion, le négatif sur tout le reste…

C’est le résultat des plans de carrières, de la professionnalisation de la politique dès l’entrée dans la vie professionnelle, du poids des titres voire des moyens.

C’est le résultat d’attitudes qui éloignent les électeurs de leurs élus, en dehors des campagnes électorales (ou ils osent distribuer des tracts sur les marchés).

 

Quand le 1er secrétaire du PS annonce, suite à un bureau politique du PS, qu’il retire les listes en Nord-Pas de Calais-Picardie, PACA et Grand Est sans même en avoir « informé », sinon consulté en préalable les non-membres du PS figurants sur ces listes, il n’y a plus, comme on dit, « qu’à tirer l’échelle » ! … et ce, sans même obtenir de réciprocité.

 

Résultat, nous aurons dimanche prochain, pour 5 ans, des Régions sans élus du « camp du progrès » et de la gauche et donc, avec des majorités d’extrême droite à côté d’oppositions de droite dont on connaît « les porosités » sur de nombreuses questions, ou bien alors, avec des majorités UMP/LR en face d’oppositions populistes FN qui contribueront à éliminer définitivement  les partis de gauche.
Et tout cela, dans un calcul parisien « infernal », pour qui l’affrontement droites / extrême droite laisse une fenêtre ouverte en 2017 à François Hollande pour les prochaines Présidentielles.

 

Oui vraiment, en ce lendemain d’élection,  je n’ai pas la gueule de bois, je suis triste mais je ne suis pas abattu, déçu mais pas découragé !

 

Il va nous falloir reconstruire autre chose, pas à la façon des Verts de Sandrine Rousseau, mais en écoutant les aspirations populaires même quand elles sont « irritantes », car elles sont au cœur, dans le cœur de femmes et d’hommes à qui la vie n’a jamais fait de cadeaux.

Même conscient de notre modestie, « Rassemblement Citoyen » à vocation à y contribuer pour être une pièce de l’édifice à construire après l’autre désastre déjà annoncé de 2017.

Que des jeunes nous rejoignent en nombre ! (mon temps personnel s’achevant), qu’un vrai leader charismatique national se dégage du « marécage politicien et médiatique actuel !

On me dira que je rêve. Peut-être, un peu sans doute, mais comment vivre ? comment se battre ? si on ne sait plus rêver….

 

Et de rappeler ces mots de Jean Jaurès :

 

« Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».

Aller à l’idéal, c’est d’abord en avoir un et j’en ai un,

comprendre le réel, c’est le vivre et je le vis.

 

Voilà en ce lundi 7 décembre 2015 mon message d’espoir réalisable si on veut bien tout faire pour le réaliser.

 

Quant au deuxième tour des Régionales de dimanche prochain, je laisserai à celles et ceux qui me font encore confiance le soin de faire leurs propres choix, ne voulant pas, n’étant pas et ne prétendant pas être « propriétaire de leurs voix ».

 

Et à la droite UMP/LR à qui « le champ libre » a été laissé, je conseillerai de cesser d’agresser les électeurs de gauche, de les mépriser, de tout leur demander sans rien leur promettre.

En clair et simplement, plutôt que d’attendre « qu’ils obéissent à leurs chefs », que Xavier Bertrand leur donne tout simplement des raisons de voter pour lui et les siens et pas simplement parce que le FN leur fait peur.

Le temps des choix « entre peste et choléra » est fini, les citoyens électeurs veulent du crédible et du concret, sinon ils restent chez eux !

 

Pour terminer ce 379ème carnet, cette réflexion d’Albert Camus vieille de plus de 50 ans :

 

« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est beaucoup plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse ».

 

Il y a 50 ans, ce n’était sûrement pas encore tout à fait d’actualité.

Aujourd’hui, en 2015, c’est un enjeu que l’on sait devenu vital sur tous les plans et en tous lieux.

 

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