Carnet n° 311 du 19 août 2014

« Les paris perdus de François Hollande »

 

 

Ce n’est pas faire, à mon tour, de « l’anti-Hollande primaire », à l’instar d’un nombre croissant de ses « amis politiques » au sein du PS, que de constater que notre Président a perdu les 2 principaux paris auxquels il s’était risqué après son élection de mai 2012.

 

Le premier, et le plus connu, est celui sur l’inversion de la courbe du chômage promise pour fin 2013.

 

Il aurait pu éviter de faire ce pari avec un minimum d’analyse de la réalité de la situation de la France héritée de 10 ans de pouvoir UMP et surtout avec la conscience que si un candidat peut imposer des slogans aux réalités, un dirigeant doit lui imposer des mesures à la hauteur des faits auxquels il est confronté, une fois élu.

 

Le fait est qu’un bon candidat ne fait pas automatiquement un bon dirigeant. Nicolas Sarkozy l’avait, avant lui, déjà démontré.

 

Le second pari, celui d’une croissance retrouvée, était davantage « jouable » car il dépendait largement d’un environnement international qui semblait meilleur. Malheureusement, cela n’a pas duré et si aujourd’hui la croissance française est nulle, « le bon élève de la classe européenne », l’Allemagne, affiche un taux négatif.

 

Mais le fait est, qu’avec un chômage toujours en hausse et une fiscalité déjà trop lourde, une croissance en berne ne peut que conduire à un troisième échec qui était lui, plus qu’un pari, un engagement européen : la baisse du pourcentage de déficit des finances publiques ! (que l’UMP entre 2002 et 2012 avait augmenté de plus de 100%, tout en creusant la dette publique de 300%)

 

Résultat : sans « hurler avec les loups », sans renier mon vote de 2012 (sous peine de valider ainsi une Présidence Sarkozy qui a multiplié tout ce qui a conduit à la situation économique, sociétale, sociale, voire morale de la France d’aujourd’hui),

 

je dis qu’on ne peut plus s’arc-bouter sur des positions qui risqueraient de nous mener au pire.

 

Continuer à réduire la dépense publique et donc le pouvoir d’achat, les services et investissements publics, c’est plonger dans une décroissance, ce qui réduira les recettes de l’Etat davantage que les réductions de dépenses et conduira à cumuler davantage de misères de toutes sortes, davantage d’instabilités économiques et financières et davantage de déficits publics.

 

Ce serait « la totale » !

 

A l’heure où le gouvernement se prépare à « mettre au régime sec » les collectivités locales, principales pourvoyeuses de travaux publics et de services publics, avec à la clef de nombreux emplois perdus non ou peu dé-localisables, il doit se poser la question, au lieu de se complaire dans la posture du « droit dans ses bottes » qui avait fait en 1995 le succès que l’on sait d’Alain Juppé…

 

Entre des risques de critiques et de réactions européennes probables, sinon quasiment certaines, qui écorneraient sans doute la posture internationale de notre Président et celui d’une explosion de la société française qui ouvrirait une voie royale à l’extrême droite en 2017 (voire avant), a-t-on vraiment le choix ?

 

Je ne le pense pas et je demande à mon tour au gouvernement d’adapter sa politique, sans laxisme ni abandon des objectifs de retour aux grands équilibres, mais avec la conscience qu’au rythme actuel retenu des mesures prises pour les atteindre, on ne réussira qu’à s’en éloigner davantage.

 

Le temps est peut être venu de méditer ces mots de Michel Piquemal :

 

« Aux journaux, le rôle de les culpabiliser, d’accuser les citoyens de ne pas être compétitifs, de bénéficier de trop nombreux avantages qui nuisent au monde de l’entreprise et l’acculent aux plans sociaux »

 

Le temps est, peut-être venu, à la veille des « universités d’été du MEDEF », et des discours qui y seront prononcés…

 

Puis je ajouter, que ces critiques des marchés financiers et des instances européennes n’enlèveront rien au talent présidentiel manifesté lors des commémorations multiples de 2014, des succès sportifs de nos équipes nationales, voire de la compassion, lors de catastrophes ou crashs ?

 

Puis-je ajouter, plus sérieusement, que cela n’enlèvera rien, au contraire, au rôle international de la France dans les conflits en cours à la frontière entre l’Ukraine et la Russie, entre Gaza et Israël, en Irak, en Syrie, en Lybie, en Afrique Centrale ?

 

Car, réduire les déficits, c’est aussi réduire les moyens de nos armées et donc la valeur de la parole de la France.

 

Et là encore, il faut à l’égard des médias savoir prendre du recul à l’instar de Paul Lombard qui a dit : « Les médias donnent à voir, pas à réfléchir, encore moins à comprendre ».

 

On s’en doute, la rentrée sera difficile sur tous les plans et à tous les niveaux, international, européen, français, local, quand il nous faudra gérer au quotidien nos problèmes, sans cesser de regarder l’avenir et les conséquences de nos décisions d’aujourd’hui sur cet avenir.

 

Puissent tous les responsables politiques de bonne volonté s’en rendre compte et se rassembler, pour y faire face, sur des actions qui dépassent les « petites manœuvres politiciennes », sous peine de se voir, tous, à brève échéance, privés de ces marges de manœuvre lors des prochaines échéances électorales !

 

« Le courage, c’est …. » aimait à dire Jean Jaurès , mais c’est aussi pour cela qu’on l’a tué.. il y a 100 ans…

 

 

 

Lien Permanent pour cet article : http://www.rassemblementcitoyen.org/?p=1689