« Merci qui ? »
Il est des moments où les raisons de déprimer sont tellement nombreuses dans la vie publique qu’il faut essayer de les traiter avec un minimum d’humour, même si c’est un humour qu’on imagine un peu grinçant.
D’où l’idée d’entamer mon 294ème carnet avec cette question qui, souvent, faisait et fait sans doute encore les délices des cours de récréation.
« Merci qui ? »,
une question qui alternait parfois avec une autre : « la faute à qui ? »
Et 3 semaines après les élections municipales, il est bien des raisons de se prêter encore à ce petit jeu :
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La gauche y a perdu 155 villes de plus de 9 000 habitants, une déroute électorale municipale sans précèdent :
« Merci qui ? »
Au Président de la République et à son gouvernement ?
Sans doute, même si face à l’héritage de l’UMP, il n’y avait pas beaucoup d’autre solution crédible en dehors de celle de laisser couler « le paquebot France » sous le poids incommensurable de sa dette (+300% sous les gouvernements UMP) et de ses déficits publics (+110% sous les mêmes)
ou de l’alléger en le délestant de tout ce qui fait les spécificités du modèle social Français, avec mise à la diète et « saignées à la mode des médecins de Molière »…
C’est le choix qui a été fait dont on mesure les conséquences immédiates en terme de chômage, de croissance réduite, de coupes douloureuses dans le pouvoir d’achat des plus modestes…
Si on est loin de ce qui s’est passé en Grèce, voire en Italie et en Espagne, les Français n’imaginaient pas que cela pouvait leur arriver… d’autant que le candidat Hollande leur avait promis le contraire.
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Des villes depuis longtemps ancrées à gauche, comme Roubaix, ont basculé alors qu’elles sont toujours électoralement de gauche…
« Merci qui ? »
A certains leaders et barons locaux aveuglés par leur propre image et qui ont cru qu’ils pouvaient toujours tout imposer, tout exiger, tout vouloir ? Y compris durer à n’importe quel prix, comme à Dunkerque, sans que les responsables de leur parti, le PS, réagissent et ne remettent « les choses dans le bon ordre »…
Sans doute est-ce pour les remercier de ces résultats dont ils sont aussi largement comptables que certains seront députés européens le 25 mai et qu’un autre est déjà Ministre des affaires européennes.
Qui donc condamnait « les parachutes dorés » des dirigeants d’entreprises qui mettent leurs entreprises en faillite ?
« Merci qui ? »
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La Communauté urbaine de Lille dirigée par des Présidents socialistes depuis sa création en 1967 (Augustin Laurent, Maire de Lille de 1967 à 1971, Arthur Notebart, Maire de Lomme, de 1971 à 1989, Pierre Mauroy, Maire de Lille, Président de 1989 à 2008, Martine Aubry, Maire de Lille, Présidente de 2008 à 2014)
Aujourd’hui LMCU est présidée par Damien Castelain, centriste.
« Merci qui ? »
Sans doute largement aux mêmes, déjà cités précédemment, à quelques autres qui n’avaient pas anticipé l’ampleur de la vague ni la profondeur du mécontentement… Drapés qu’ils étaient dans une conscience supérieure (et d’ailleurs parfois justifiée) d’eux-mêmes…, et à un système électoral où la direction d’une Communauté Urbaine est l’additiondes résultats de 85 communes (allant de quelques centaines d’habitants à près de plus de 2 fois de 100 000 habitants) alors qu’elle devrait être le résultat d’un choix fait par son million d’habitants entre des listes défendant un bilan et des projets à mettre en œuvre par une équipe.
Je n’ai jamais cessé de le répéter !
« La faute à qui ? »
A celles et ceux qui n’ont pas vu que quand une institution a quasiment tous les pouvoirs, toutes les principales compétences et tous les budgets,
il lui faut, en Démocratie, un conseil élu au suffrage universel direct.
Pour autant et à défaut de ce système, et compte tenu des réalités politiques actuelles, j’ai fait et je fais confiance à Damien Castelain avec qui j’ai travaillé durant 6 ans dans la majorité sortante sous la conduite de Martine Aubry pour que l’essentiel de ce que nous avons fait soit sauvegardé et que les enjeux qui nous attendent soient correctement abordés, avec bon sens et, je l’espère, avec une large majorité plurielle….
Je pourrais encore continuer ma litanie, en espérant me tromper davantage dans mes prévisions d’avenir pour ce qui concerne la France et l’Europe que je ne me suis trompé pour LMCU dont j’annonçais « le basculement » il y a un an déjà.
Si, en effet, je n’écarte pas l’hypothèse d’un Manuel Valls capable de « redresser la barre »,
celle d’une aggravation de la situation conduisant à une dissolution, à un raz-de-marée de droite à l’Assemblée Nationale et à une austérité démultipliée telle qu’aujourd’hui annoncée sans grande pudeur et ce, même avec l’espoir secret présidentiel de se refaire une santé pendant 2 ans de cohabitation,
non vraiment je n’arrive pas, connaissant bien le petit monde politique, non vraiment je n’arrive pas à ne pas privilégier cette hypothèse avec, « cerise sur le gâteau », un FN en position d’arbitre et « de soutien sans participation » à une droite dure au pouvoir.
« Merci qui ? » peut-on déjà et pourra-t-on alors dire…
Et si j’ajoute, à plus court terme, la situation de nos communes soumises à la double peine, sans distinction de nos gestions, de charges nouvelles imposées (rythmes scolaires et réformes statutaires) et de coupes sévères dans nos dotations d’État,
je n’ai pas fini d’essayer de me contraindre à un humour grinçant… en me posant toujours cette même question « Merci qui ? ».
Que dire enfin des élections européennes, où, dans un mois, trop de mauvais candidats, sans bilans, projets ni programmes, seront incapables de faire barrage à un tsunami populiste déjà, lui aussi, clairement annoncé.
« Merci qui ? »
Sans doute là aussi toujours aux mêmes…
C’est Paul Verlaine qui l’a écrit : « Par notre manière de penser et par nos attitudes, nous construisons notre bonheur ou notre malheur ».
Une citation à laquelle j’ajouterai une réflexion personnelle :
« Quand il m’arrive d’y penser, j’angoisse toujours de l’oublier… ».
