Une gauche toujours en quête de sens

Ainsi donc, la gauche partait « unie » aux élections régionales pour remporter la victoire et faire des Hauts de France un laboratoire de  reconquête du pouvoir, à même d’inspirer au niveau national.

Certes dès l’annonce de l’union, la presse rendait compte de l’insincérité de la démarche. Les coups bas et manœuvres d’appareils apparaissaient au grand jour: L’insoumission convolait avec le libéralisme écolo et la social-démocratie semblait se satisfaire de sa dissolution dans une tambouille illisible mais potentiellement nutritive.

  A l’arrivée, dans les Hauts de France comme en PACA (sans la F.I.) cette stratégie n’a créé aucune dynamique et n’a pas fait mieux dans ces régions qu’en 2015.

Ce piètre résultat, n’a pas donné lieu à une remise en cause ou même à une simple interrogation sur la pertinence des choix opérés.

Les éléments de langage étaient prêts et abondamment relayés pour expliquer, qu’au-delà de la faiblesse de son score, la gauche revenait au Conseil régional. L’essentiel était là.

Une ambition, posée après la bataille, qui situe la finalité d’une large union à sécuriser le seuil des dix pour cent nécessaires pour se maintenir au second tour …

Ainsi conçue l’union n’est plus un combat mais un confort fardé de postures déclamatoires. Un cartel d’appareils capable effectivement de garantir quelques postes d’élu.e.s  et la vitrine médiatique qui les accompagne. 

Elle dispense du vrai combat et du terrain. 

Elle traduit la déconnexion puissante avec nos concitoyen.nes et l’incapacité à construire une vraie stratégie de reconquête lisible et cohérente.

Force est de constater que partout où la singularité des forces de progrès a été respectée dans sa diversité avec plusieurs listes au premier tour, capables de prendre un risque et de s’entendre pour le second, les résultats ont été bien meilleurs.

Un respect des fondamentaux en somme.  

Un épisode résume sans doute la séquence : la poignée d’insoumis qui siège désormais au Conseil régional, sans doute satisfaite de la situation, a accueilli les élus du Rassemblement National au son de la « marche impériale » extraite du film Stars Wars.

Une nouvelle guignolerie qui peut laisser songeur mais qui fera peut-être sourire quelques adeptes des réseaux sociaux.

Celles et ceux-là même à propos desquels on s’interrogera sur le fait de comprendre pourquoi ils et elles se détournent de la politique, ne lui font pas confiance, ne la prenne pas au sérieux ou choisissent un vote extrême simpliste et incarné…

Au final,  à l’heure où seule la droite classique semble être capable de bousculer, un peu, le duel attendu entre la droite macroniste et l’extrême-droite lepeniste, il est plus que temps pour les forces de progrès de retrouver leurs repères en repartant du terrain : là où des élu.e.s de gauche, communistes, socialistes, écolo et autres « divers »… résistent au dégagisme ambiant contre vents et marées. Là où, ils et elles, assument de bousculer les dynamiques subies plutôt que de courir après.

Si le municipalisme est de plus en plus perçu comme une réponse au désarroi démocratique de nos concitoyen.ne.s ce n’est pas par un simple effet de mode. C’est au contraire, la confirmation de l’importance des élu.e.s de terrain, d’un ancrage en profondeur, en phase avec la réalité et avec celles et ceux qui la vivent au quotidien : Etre à même d’apporter une réponse, souvent complexe mais concrète en dépassant les postures incantatoires qui ne servent qu’à alimenter une société du  spectacle permanent. 

C’est sur cette base qu’il nous faut construire une réflexion profonde et des réponses adaptées à la société actuelle, à son vécu par nos concitoyen.ne.s, notamment par les plus fragiles qui se sont détournés les forces de progrès. 

Pour créer une dynamique, il faut porter un espoir. Pour porter cet espoir il faut commencer par comprendre les réalités telles qu’elles sont et s’adresser à celles et ceux pour qui les forces de progrès prétendent s’engager.

C’est la force du macronisme de ne s’adresser qu’à une partie de la population, heureuse dans sa condition, minoritaire certes, mais acquise car confortée dans ses attentes et suffisante pour constituer un socle électoral fiable et victorieux.

C’est aussi la force du Rassemblement National de capitaliser sur une base électorale solide qui adhère à ses idées et pas seulement sur l’effet d’une colère du moment. Moins fiable dans sa mobilisation pour un scrutin secondaire, les régionales l’ont démontré, cet  électorat saura être présent sur une élection majeure comme la présidentielle.

A moins d’un an de l’échéance présidentielle, les querelles d’égo, les tactiques individuelles qui font office de stratégie globale et l’incapacité  chronique à revenir aux fondamentaux consacrent une gauche en perte de repères. Et  augurent, hélas, d’une partie sans doute jouée d’avance.

Il reste à espérer une vraie prise de conscience,  un sursaut de conviction et de mobilisation pour porter des valeurs de solidarité,  de progrès social et écologique, de laïcité qui plus que jamais s’imposent face aux enjeux cruciaux qui nous font face et font de la décennie à venir une séquence essentielle et vitale pour y répondre. 

 Rassemblement Citoyen,  juillet 2021

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