Mes cher(s) concitoyen(ne)s,
Chaque année, le 11 novembre, devant un de nos Monuments aux Morts, nous commémorons la fin de la Première Guerre Mondiale.
Malheureusement, cette année, à cause de l’épidémie du COVID 19, comme ce fut déjà le cas pour le 76è anniversaire du Massacre d’Ascq, pour la Journée des Déportés, puis le 8 Mai lors du 75è anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les autorités nous imposent une manifestation « en mode réduit » avec un simple dépôt de gerbe devant 6 participants…
En « bon soldat de la République » je m’y plie même si je m’interroge sur les différences de « jauges autorisées… », signes sans doute de choix de société que je ne partage pas.
En conséquence donc, plutôt qu’un discours traditionnel prononcé devant « le monde combattant », les artisans de la mémoire et des élu(e)s,
J’ai rédigé le texte ci-après à l’attention de tous les Villeneuvois(es), un texte qui reprendre largement ce que je répète chaque année depuis que je suis Maire, en l’adaptant au fil du temps qui passe.
G. Caudron
11 Novembre 2020
Célébrer le 11 Novembre, fêter chaque année l’Armistice de 1918, c’est d’abord et toujours commémorer la fin d’un conflit qui fût, on ne le répètera jamais assez, au début du 20ème siècle, le plus meurtrier jamais alors connu. Ses 40 millions de victimes civiles et militaires dont 19 millions de morts et 21 millions de blessés, avec en plus, rappelons-le aussi, durant les années 1918 et 1919 entre 30 et 90 millions de décès consécutifs à la « grippe espagnole… »
Célébrer le 11 Novembre, c’est donc, en effet pour nous, fêter chaque année le jour où une tuerie insensée s’était arrêtée, le jour où on pouvait être à la joie de la fin de cette « Grande Guerre Européenne », le jour où on ne savait pas encore qu’elle ne faisait malheureusement que s’interrompre et que l’horreur recommencerait deux décennies à peine plus tard dans une dimension encore accrue.
Oui, le 11 Novembre 1918, il y a donc 102 ans, fut un jour de joie pour les Français(es) et pour les citoyens des pays alliés mais aussi, je le répète tous les ans, une joie altérée, sinon pour certain(e)s brisée, par les millions de victimes, décédées, blessées ou infirmes.
J’ajoute que cette guerre, ne l’oublions jamais non plus, fut un premier coup terrible porté à l’Europe, prélude d’un second qui, 20 ans plus tard, devait sonner le début de la fin de ce qui restait alors de la primauté de l’Europe dans le Monde.
Aujourd’hui, « la Grande Guerre de 1914 », comme on l’a longtemps dénommée, est entrée dans l’Histoire.
La loi inexorable du temps a fait que cela a donné aux générations qui ont suivi, toujours plus de responsabilités pour ne pas la laisser tomber dans l’oubli.
Il nous appartient, et je ne cesse de le répéter, d’entretenir le souvenir de toutes ces victimes et de leurs familles dont les vies se sont brisées sur tous les champs de batailles et dans de multiples circonstances, car nous savons bien que ne suffisent pas pour cela les très longues listes de noms gravés dans la pierre des Monuments aux Morts de nos villages et de nos villes, même si leur lecture est riche d’enseignement sur ce qu’était la France et l’Europe il y a un siècle.
Il nous appartient donc toujours d’aller plus loin, d’associer le souvenir des victimes et la connaissance des causes, des circonstances et des conséquences de cette guerre.
C’est un devoir pour notre mémoire collective et donc pour l’avenir.
Il est, en effet, toujours nécessaire d’expliciter en quoi la connaissance du mécanisme diabolique qui a mené de conflits nationalistes locaux à un conflit mondial est vitale pour comprendre notre temps présent.
Il est nécessaire d’expliquer en quoi la compréhension des dérives qui menèrent d’un légitime patriotisme à sa caricature nationaliste peut éviter à notre temps et dans l’avenir de nouveaux et terribles drames.
Il est plus que jamais nécessaire de rappeler les horreurs générées, ceux qui s’en sont rendus coupables et ceux qui en ont été les complices.
Comme beaucoup d’entre nous aujourd’hui, je fais partie de ces générations qui ont eu l’ineffable chance d’arriver à mon âge sans connaître personnellement la guerre.
Cela nous donne et cela me donne des responsabilités particulières à l’égard des générations qui, les unes après les autres, ont vu leurs rangs décimés par les guerres du 20ème siècle.
Cela me donne et cela nous donne aussi collectivement des responsabilités particulières à l’égard de celles et ceux de nos concitoyen(ne)s qui, chaque jour encore, risquent leur vie et qui, pour certain(e)s, la perdent en France et hors de France pour notre sécurité, pour nos valeurs Républicaines, pour la Paix et donc contre toutes les formes de terrorisme et d’intégrisme.
Combattant(e)s de la Paix, combattant(e)s de notre sécurité, ils et elles souffrent et pour certain(e)s meurent au nom de la France et des Français prenant ainsi place dans cette douloureuse continuité des victimes que nous célébrons une fois encore aujourd’hui en ce 11 novembre 2020.
Car c’est aujourd’hui en nous battant pour la Paix que nous sommes fidèles à la mémoire de ceux dont les noms sont gravés dans notre mémoire,
car c’est aujourd’hui, plus que jamais, en se battant pour la sécurité quotidienne de nos concitoyen(ne)s contre les extrémismes sanguinaires et les populismes dangereux que nous défendons, à notre tour, ce pour quoi nos aînés ont donné leur vie.
Mesdames et Messieurs mes concitoyen(ne)s Villeneuvois(es),
En ce jour de 11 novembre 2020, un jour vraiment pas comme les autres du fait de la terrible crise sanitaire que nous subissons, pensons le au plus profond de nous :
Vive la France, notre Patrie,
Vive notre République et ses valeurs de Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité,
Vive l’Europe qui doit nous aider à écarter tous les périls qui nous menacent si elle réussit à devenir autre chose qu’un « grand machin » économique et financier,
Et vive la Paix !
Gérard Caudron Maire
11 novembre 2020