Carnet n° 603 du 20 avril 2020

« Les trois temps de la vie »

C’est Sénèque, un philosophe, dramaturge et homme d’État Romain du premier siècle de notre ère qui, dans un « ouvrage » titré « De la brièveté de la vie », nous disait déjà que : « La vie se divise en trois moments, ce qui fut, ce qui est et ce qui sera ».

C’est en retrouvant cette citation au moment où j’avais envie de consacrer un peu de mon temps de confinement à faire un retour sur mon passé (la vie qui fut) tout en en analysant ses conséquences sur ma vie qui est aujourd’hui pour essayer de mieux me projeter dans l’avenir de ce que sera ma vie durant le temps qui me reste,

qu’après avoir pensé titrer mon 603ème carnet du nom d’un roman qui avait reçu le Prix Goncourt en 1928, « Un homme se penche sur son passé », j’ai finalement retenu les mots de Sénèque qui, je le pense, couvrent mieux une vie qui n’est pas encore  terminée et ce, dans une forme moins « testamentaire » que le fait de « se pencher sur son passé ».

Et même si j’aurais beaucoup de choses à dire à propos d’une longue vie commencée dans mon village natal de Royaucourt-et-Chailvet un 27 février 1945… (avant donc la fin de la deuxième Guerre mondiale), d’une mère, née Stanislawa Janczewski en Pologne à Kalisz et d’un père, Jean Caudron né en Thierache,

jusqu’à aujourd’hui, en cette année 2020, année d’une autre « guerre », (aux dires du Président Macron), une guerre contre un virus qui confine déjà 4,5 milliards de terrien(ne)s… soit beaucoup plus de la moitié de l’espèce humaine… sur 7,7 milliards…et ce n’est pas fini,

du petit garçon timide, effacé et fragile que je fus alors, au Maire de Villeneuve d’Ascq que je suis encore, sans oublier mes 15 ans au Parlement Européen et bien autres tâches, activités et fonctions, …,

oui j’aurais beaucoup de choses à dire et peut-être le ferai-je un jour… si « le temps qui sera » m’en laisse le temps… et surtout si je juge qu’une telle écriture pourrait intéresser certain(ne)s de mes concitoyen(ne)s.

En attendant, ce qui m’importe davantage aujourd’hui sinon uniquement, ce sont « Les trois temps de la vie » : « Le temps qui fut » avec la force qu’il m’a donnée, la résilience aussi sans doute, l’expérience… le caractère, « un temps qui fut » qui me permet d’affronter « le(terrible) temps qui est », sans faiblesse, sans lâcheté, sans calcul ni compromissions…

Et de penser en cet instant sans avoir, bien sûr, la prétention indécente de m’en attribuer le qualificatif, à cette citation d’un de mes auteurs préférés, Victor Hugo :

« La vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté sont des champs de bataille qui ont leurs héros, héros obscurs plus grands que beaucoup de héros plus connus ».

Oui depuis 5 semaines, ces « nouveaux héros obscurs » j’en rencontre et j’en découvre qui se découvrent et qui dévouent pour les autres … tandis que « d’autres » ne font que manœuvrer pour leur avenir, pour celui de leur parti politique, pour les élections à venir locales, départementales, régionales, nationales… depuis « chez eux » derrière leurs ordinateurs en spéculant sur ce qu’il faut dire et (ou) ne pas faire pour être populaires et ce, en promettant au gré des vents, les « tout » et leurs contraires… à celles et ceux qui légitimement s’interrogent avec angoisse.

Quelles sont nombreuses « les mouches des crises mortifères »…, « mouches du coche » ou « mouches scatophiles qui y naissent ou s’y nourrissent … » !

Heureusement, si « la vie qui fut » m’a aidé à reconnaître les premiers, ces nouveaux héros du quotidien » qui donnent tout d’eux-mêmes aux autres, elle m’a aussi formé à savoir repérer les autres heureusement moins nombreux.

C’est  une force pour moi car cela me permet d’aider les premiers plus vite dans leurs tâches et de leur assurer que « je n’aurai pas la mémoire courte ».

Car dans ces cruels et terribles malheurs qui nous frappent, et si on veut que « dans toutes choses, malheur soit bon » il ne faudra pas que ces nouveaux héros retournent dans l’obscurité et que les anciens… retrouvent, comme si rien n’était, « les lumières de la scène ».

Ce n’est pas gagné si j’en juge de la composition des plateaux « TV continue » à longueur de journée mais je témoignerai… et je crierai même dans le désert… j’en ai l’habitude.

C’est pourquoi si je suis certain (et si j’en ai bien sûr la force), de me battre pour mes concitoyens tant que la crise sanitaire ne sera pas terminée… au risque d’ailleurs d’impopularité comme pour tous mes collègues Maires actuels… faute de vouloir dire n’importe quoi et d’être confortablement installés parmi les chantres du « n’y a qu’à »… pour plaire à tout le monde,

si donc je tire cette force et cette volonté dans « la vie qui est… », « de la vie qui fut » ,

si pour « la vie qui sera », je ferai tout pour que ne soient pas oubliées les causes « de la vie qui est » et les « héros de l’obscur » qui ne doivent pas retourner, dans l’obscurité,

si donc je m’engage à cela pour « ma vie qui sera » et pour celles et ceux qui seront ses acteurs (car elles et ils l’auront mérité), au-delà de ma tâche à terminer dans cette crise,

si les élections municipales du 15 mars 2020 sont suivies d’un deuxième tour qui les confirmeront, je serai là.

Si, par contre, certaines « manœuvres », nous dit-on, « en cours d’élaboration » annulaient les résultats du 15 mars 2020 pour recommencer deux tours pour celles et ceux qui n’ont pas été élu(e)s au premier tour, créant ainsi 2 catégories de Conseils Municipaux, des conseils et des Maires élus le 15 mars pour 6 ans et d’autres élus peut-être en mars 2021 pour 5 ans, on nagerait alors dans l’absurde,

et si donc cela devait arriver, je me reposerai les mêmes questions qu’avant le 2 octobre 2019, de savoir si je serai ou non encore candidat,

sachant que « mon honneur est sauf « grâce aux 46,7% de voix que la liste «  Ensemble pour Villeneuve d’Ascq 2020 – Villeneuve en tête » a recueilli il y a 5 semaines avec moi.

On me dira : « un tel report  n’est pas possible », ce n’est pas constitutionnel » etc. etc..

Certes, mais… ce ne serait pas « une première »…

Depuis le début de la crise je n’ai jamais voulu m’en prendre au Président et au gouvernement ni même dénoncer ses erreurs de stratégie, de « décisions aléatoires » voire de langage inapproprié avec un dernier exemple s’agissant de confiner « les vieux » au-delà du 11 mai…

Non seulement je suis « un bon soldat de la République », mais, en plus, je n’ai pas de leçons à donner à qui que ce soit pour avoir vécu dans « l’ancien monde » auprès « d’acteurs » qui avaient connu au 20ème siècle des périodes terribles, cruelles, violentes et mortifères et qui m’avait fait comprendre « qu’on sait qu’on ne sait jamais » quand on est plongé dans des évènements dont on ne connait pas a priori l’issue…

Et comme, face à ces périls, ce dont j’ai le plus peur, c’est de l’incompétence,

somme toute, et je pèse mes mots en ces moments terribles, je préfère un « Pasqua » à un … et un De Gaulle à …. (inutile de donner des noms…)

Pour autant, je veux quand même, en conclusion de ce 603ème carnet, énoncer une question qui me hante depuis 5 semaines :

Quand, le 12 mars, notre Président de la République confirmait un premier tour des Élections Municipales le 15 mars, ignorait-il ou non une situation sanitaire d’une telle gravité qu’il allait 4 jours après, annoncer pour le lendemain un confinement généralisé rendant impossible un deuxième tour le 22 mars ?

S’il le savait, pourquoi l’a-t-il fait ?

Mais s’il ne le savait pas, lui le Président de la République…, ce serait sans aucun doute bien plus grave !

C’est sur cette phrase interrompue… que je poserai ma plume,

avec Victor Hugo qui a dit aussi de la Vie qu’elle « est une phrase interrompue ».

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