Un débat national en lien avec les maires ? oui mais seulement si…
Après avoir tout fait, depuis un an et demi pour essayer de faire disparaître les corps intermédiaires entre « lui et son peuple », en réduisant le rôle, les pouvoirs et les moyens des communes et de leur Maire,
après avoir aussi multiplié les raisons de mécontentement et de colère dans toutes les catégories de citoyens … à l’exception des « très riches »,
après avoir sur le fond comme sur la forme multiplié des déclarations et des décisions conjuguant « amateurisme » et « arrogance »,
et après, avoir vu depuis quelques semaines s’embraser des micro-incendies allumés par lui sous le souffle du mouvement des gilets jaunes,
le Président de la République nous a annoncé le 10 décembre qu’il allait organiser un grand Débat National sur toutes ces raisons de mécontentement en s’appuyant sur les Maires mis ainsi en première ligne.
(Ce serait risible si ce n’était si grave de voir ainsi le Président « acculé à se tourner soudain vers ces élus méprisés il y a peu de temps encore »).
Le Maire que je suis n’est pas dupe de ces revirements et pas du tout décidé « à jouer les pompiers » au service des incendiaires nichés aux plus hauts sommets du pouvoir.
En clair, si la question est d’ouvrir nos mairies aux citoyens pour qu’ils y rencontrent des représentants de l’État sous le regard des Maires qui veilleront à ce que l’État ne se défausse pas sur eux, je suis d’accord.
S’il s’agit aussi de permettre aux élus locaux de dire aux représentants de l’État, en présence des citoyens, tout ce qu’ils ont subi en raison des politiques de l’État, je suis d’accord.
S’il s’agit ensuite de chercher ensemble des solutions assorties de moyens redonnés aux élus locaux pour les mettre en œuvre, je suis d’accord.
S’il s’agit enfin d’ouvrir, dès le 2 janvier 2019 à Villeneuve d’Ascq dans nos mairies et à l’Hôtel de Ville, « des cahiers de doléances à l’adresse du Président de la République » à l’image d’un usage qui remonte au XIV ème siècle et qui a pris toute sa force en 1789, je suis d’accord.
Mais on m’aura compris : il n’est pas question de laisser M. Macron user des communes et de leur Maire pour se défausser de ses politiques en détournant les mécontentements légitimes citoyens vers les Maires.
Somme toute, aider nos concitoyens à exprimer leurs revendications et colères vis-à-vis de l’État, je suis d’accord.
Servir de paravent, voire de muraille de défense aux représentants de ce même État, il n’en est pas question !
Gérard Caudron
Maire de Villeneuve d’Ascq,
Le 18 décembre 2018