Carnet n° 532 du 10 décembre 2018

« Les violences en question »

 

C’est peu dire que, depuis plusieurs semaines, des violences que chacun pouvait ressentir depuis longtemps au tréfonds de nos sociétés, de beaucoup de nos concitoyens, d’actes et de décisions politiques de nos dirigeants, occupent maintenant pleinement les espaces publics, les réseaux internet et les écrans de télévisions.

Jour après jour, semaine après semaine, elles ont enflé et elles enflent au point que les commentateurs n’en finissent pas de s’interroger et de varier dans leurs réponses aux questions qu’ils se posent…

Jour après jour et même heure après heure, les déclarations de nos dirigeants en réponse aux cris de colère des « gilets jaunes » se sont multipliées sans aucun effet positif apparent, ce qui a conduit notre pays à un nouveau samedi de violences et de casses, malgré des effectifs de sécurité dépassant même parfois en nombres ceux des manifestants, et un nombre d’interpellations supérieur aux « pires nuits de mai 68 », au point que les premières réactions du type « trop tard, trop peu », si elles restent vraies pour expliquer la première semaine, ne suffisent plus pour trouver « des portes de sorties » à la crise actuelle.

Ce mécanisme sociétal quasiment inédit me fait penser à cette citation d’André Glucksmann  : « Si la loi du plus fort se transforme en relation politique, on ne passe pas de la violence au droit, mais de la force qui s’affirme immédiatement à la force qui calcule ».

« On m’autorisera » à dédier cette analyse (qui n’est pas mienne mais que je partage), au Président de la République à quelques heures de son intervention devant les Français(es) qui pourrait lui éviter de refaire les graves fautes et qu’il a multipliées sur la forme de ses déclarations depuis un an et demi et qu’aucun Président n’avait jamais commises, à ce point, avant lui.

Pour ce qui est du fond, si M. Macron ne veut pas se contenter d’éviter une aggravation de notre situation, voire de la sienne, je citerai Françoise Héritier, une anthropologue, ethnologue et féministe française :

« La seule manière de sortir de la violence consisterait à prendre conscience des mécanismes de répulsion, d’exclusion, de haine ou encore de mépris… ».

La question, à ce stade, que je me pose est de savoir s’il en est encore capable… et là, comme l’a dit Albert Einstein à propos du caractère infini de la bêtise humaine… « je n’en ai pas… la certitude absolue ».

Je ne dirai pas que c’est facile pour lui ni pour les responsables politiques de droite comme de gauche, dans la majorité comme dans l’opposition, « qui bêlent » autour de lui…, je dirai simplement que si on veut éviter une catastrophe majeure, il doit et ils doivent s’y atteler sans retard, même si on peut craindre qu’il ne soit déjà trop tard pour trouver une « sortie » sans grande casse.

Aux uns je rappellerai le 27 mai 1968, l’intelligence d’un Georges Pompidou signant les accords de Grenelle et aux autres, les conséquences politiques négatives du meeting de Charlety le même jour…

Et si j’en juge par le triste spectacle donné ce dimanche par 3 (voire 4) ex-PS,

Benjamin Griveaux qui a fait ses armes avec DSK et Marisol Touraine jusqu’en 2014 (et aujourd’hui porte-parole des marcheurs), Christophe Castaner député puis Ministre de M. Macron après avoir été député PS en 2012 et aux cabinets de Catherine Trautmann et de Michel Sapin, sans oublier Olivier Dussopt votant contre le budget 2018 quelques heures avant d’être Secrétaire d’État… chargé de l’appliquer… (3 parmi bien d’autres ; 4 si on compte Jean Yves Le Drian ex ministre de François Hollande), si j’en juge, disais-je, par ce triste spectacle, pas étonnant que les Français soient en colère et n’acceptent plus  les agitations des femmes et  hommes politiques.

C’est pourquoi, on le comprendra, si je n’ai pas encore aujourd’hui annoncé ma décision pour ce qui est de 2020, je sais que je ne me prêterai jamais  à un « jeu » basé sur des calculs politiciens de la part de qui que ce soit…

Si on était dans une situation politique « normale », je n’attendrai d’ailleurs pas le 27 février 2019 pour dire mon retrait de la vie publique mais vu que dans les prochaines semaines tout peut arriver, y compris le pire, je ne me sentirai pas le droit de dire, en ce 10 décembre 2018, que « je m’en lave les mains…  convaincu que je suis qu’une large union de type « union nationale des forces démocratiques et Républicaines » à tous les échelons pourrait encore nous éviter « d’ajouter le pire au pire »… en faisant, comme à « Rassemblement Citoyen », passer ce qui unit avant ce qui divise.

Et tout ce qui s’est passé cette semaine encore à Villeneuve d’Ascq comme dans la plupart des communes en termes festifs, culturels, sportifs, associatifs, citoyens et autres… me l’a encore confirmé en nous renvoyant une image de la richesse de la vie citoyenne en France bien différente de ce que nous en auront donné les médias :

Citons-en, une nouvelle fois, des exemples en vrac :

Les 30 ans de l’ARPET, les récompenses de nos sportifs, « Embellissons notre Ville », les marchés de Noël, la Saint Nicolas, le Téléthon, les matchs et les victoires féminines de l’ESBVA et du LMRCV, les fêtes de Noël, des vides greniers, des AG, des concerts…

Et même le match nul LOSC / Reims (arraché à la dernière minute du temps additionnel).

Des moments, qui prouvent l’importance des communes et de leurs élus… des moments de joie, d’enthousiasme, de vies citoyennes…, mais malheureusement aussi, des moments villeneuvois assombris cette semaine pour moi et pour un certain nombre d’entre nous par la disparition brutale et cruelle d’une collègue élue Martine Carette dans la nuit de lundi à mardi, un drame humain, certes parmi bien d’autres qui touchent chacune et chacun dans son cœur, dans sa tête et dans son corps et qui devraient nous conduire, « à relativiser bien d’autres choses… », un drame humain qui m’a particulièrement blessé. (« Au revoir Martine »…)

La mort aussi, à l’image de la vie dont elle est une étape fait partie de ces violences que j’ai voulu mettre en titre de ce carnet, la mort, la vie, l’espoir, le désespoir, la solitude, la haine, le mépris, l’exclusion… autant de ressentis et de sentiments qui doivent en permanence nous conduire à nous battre pour « l’humain d’abord ».

A la veille de Noël et à l’heure de mes cartes de vœux que j’ai commencé à rédiger une par une, voilà bien ce que je nous souhaite en continuant à m’y engager jusqu’à sans doute mon dernier souffle avec en tête ces mots de Victor Hugo :

« L’horizon souligne l’infini ».

 

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