Carnet n° 521 du 24 septembre 2018

Entre « Gardes rouges » et « Marie-Louise »

 

A l’heure où Monsieur le Président Macron qui, en 2017, avait conquis les principaux leviers du pouvoir en France « en mode commando », a entrepris, depuis le début de l’été, « une descente aux enfers » dans l’opinion publique que nous indiquent tous les sondages et surtout toutes les expressions populaires d’un mécontentement qui se généralise,

quand on entend son entourage composé de fidèles sincères de la première heure et beaucoup de ralliés de la dernière heure simplement pour être « du bon côté du manche »,

on se dit que ces cercles qui se rétrécissent ont soit toutes les allures des « Marie Louise » de Napoléon 1er, (ces 120 000 derniers conscrits des classes 1814 – 1815, qui finirent, pour beaucoup, à Waterloo aux côtés du dernier carré de la Garde Impériale)

soit celles des « gardes rouges » de Mao Zedong d’une Révolution Culturelle en Chine en 1966 – 1968 qui vit la Chine régresser sur tous les plans dans des proportions et avec des conséquences qu’on hésite à décrire.

Si « l’affaire Benalla » en a été un révélateur quelque peu inattendu, les mécontentements accumulés par les décisions de la première année en terme de cadeaux faits « aux très riches » compensés laborieusement par de nombreuses taxes et des « grattages » sur tous les autres citoyens, des mesures qui ont d’ailleurs cassé un début de relance de la croissance et de réduction du chômage en raison des baisses de pouvoirs d’achat et ce, avec une arrogance et une morgue dont ont été victimes beaucoup de retraités, de jeunes et de chômeurs, tous par ailleurs méchamment culpabilisés en des termes qu’aucun Président de la République n’auraient jamais osé utiliser auparavant.

Si on ajoute à cela de pauvres plans « pauvreté » ou « santé » qui sont sans commune mesure avec la réalité des problèmes, l’annonce de baisses des allocations chômage, et la fin, de fait programmée, de la retraite par répartition via « une retraite par points »… sans oublier de nouvelles hausses massives de taxes et de tarifs qui toucheront chacun(e)s dans sa vie quotidienne,

je n’entends plus autour de moi la moindre défense des politiques du « pouvoir en place » sinon sur internet de la part de ceux que j’ai qualifiés de « Marie Louise » ou de « Gardes rouges », dont je ne nie pas la sincérité de certains, les autres, « ceux de la dernière heure », ayant déjà entrepris de « quitter le navire ».

Je m’interdirai d’user à leur égard de la moindre autre « appellation », préférant en rester à l’image du Titanic où les derniers restés avaient, nous dit-on, montré un courage et une humanité symbolisés par les musiciens d’un orchestre resté célèbre… avant que de sombrer.

J’ai vécu cette semaine un nouvel épisode significatif de cet « enlisement du pouvoir » dans ses propres contradictions lors de la traditionnelle journée des Grandes Villes, à Paris le 19 septembre, avec « la Conférence des Villes » ouverte par Anne Hidalgo et Jean Luc Moudenc où jamais je n’avais senti un tel vent de révolte de tous « ces fantassins de la République » que sont les élus locaux contre « la casse territoriale » mise en œuvre par Monsieur Macron et les siens.

J’ai déjà parlé, ici dans mes carnets, de ce retour vers les années d’avant les lois de la décentralisation Mitterrand-Defferre de 1983…

Aujourd’hui c’est un retour vers les années 1958 – 1968 du Général de Gaulle, Michel Debré et consorts… avec la technocratie « en plus » et l’humanité « en moins »…

Je n’ai entendu aucun « avocat de la défense » en dehors du Premier Ministre et son ministre rallié du PS.

Il faut dire que, depuis l’Elysée, tout converge vers une large disparition de beaucoup des élus locaux et de leurs maires, voire de nombreuses communes et départements pour ne laisser que quelques « citadelles » plus faciles sans doute, sinon plus dociles, pour l’État et ceux qui le dirigent.

Là aussi « la révolte gronde » et si certains nouveaux élus sont plus prudents dans leurs expressions sinon plus dociles, soucieux qu’ils sont « de ne pas insulter l’avenir » (comme on dit) et accessoirement de ne pas sacrifier leurs carrières, naissantes,

les plus anciens, dont je suis, moins obsédés par leur avenir sonnent l’heure de la Résistance, pour sauver nos communes, nos territoires et leurs élus, avec toutes les associations et les structures qui œuvrent au plus près des citoyens.

Les élections européennes de 2019 marqueront la fin de l’euphorie macroniste.

Les élections municipales de mars 2020 « refroidiront » définitivement les rêves de conquêtes nouvelles de celles et ceux « qui avaient raté la marche des législatives » et des cabinets élyséens, de Matignon et de l’Assemblée Nationale…

C’est ce qui mobilise mon énergie hors des débats partisans actuels ne faisant pas davantage confiance en la matière aux tenants du pouvoir en place qu’à celles et ceux qui sont aujourd’hui en scène pour les remplacer.

Si les idées proclamées et les programmes sont heureusement différents celles et ceux qui les mettent ou qui voudraient les mettre en œuvre sont largement « faits du même bois »… et sont donc, pour le fonctionnement de notre République, … presque aussi dangereux.

Il suffit de voir leur gestuelle et d’entendre certains de leurs discours… pour s’en convaincre.

On le voit, semaine après semaine, la situation ne s’arrange pas, ni au niveau de la France ni non plus au niveau européen, où les populismes prospèrent à l’Est et au Sud avec l’approbation de M. Wauquiez et donc une partie des troupes LR.

Et pourtant avec le Brexit et Madame May qui, chaque jour, semble « tomber des nues », on peut commencer à mesurer les prix à payer d’un éclatement de l’Europe sans compter tous les risques d’instabilité et de conflits inter européens « comme au temps » de la première moitié du 20ème siècle.

Et là je suis sûr que dans les milieux économiques puissants et fortunés pour qui « les valeurs européennes » ne comptent pas beaucoup, quand c’est leurs portefeuilles qui commencent à être touchés, la panique risque de les gagner, (et cela même si les conflits du 20ème, le nazisme et les fascismes n’ont pas toujours été si « négatifs » pour certaines entreprises, leurs dirigeants et leurs actionnaires d’alors…).

J’attends encore des signaux clairs du côté de ce qui reste du PS, de « Génération », voire de certains vrais démocrates européens sans oublier quelques derniers écologistes…

Car aujourd’hui dans « ce brouillard européen mortel », je ne sais pas encore où et avec qui je pourrai me battre pour une Europe différente, sociale, citoyenne, humaine et culturelle ni même pour qui je voterai.

Cela non plus n’est jamais et surtout ne m’est jamais arrivé.

Quant au reste du monde, si les attentats sont apparemment moins nombreux, les intégrismes religieux s’aggravent, les dérégulations s’étendent, les politiques de M. Trump minent tous les mécanismes de stabilité, les blocs et leurs armées se reconstituent.

Et je n’oublie pas des pollutions et des dérèglements climatiques qui conduisent l’humanité à sa fin.

On n’a même plus à se poser la question de savoir si le pire va arriver, la seule question qui reste, c’est quand ?

Comme je le dis quasiment à la fin de chacun de mes carnets : « Heureusement il y a Villeneuve d’Ascq », heureusement il y a la MEL où même si les campagnes électorales à venir commencent « à nous polluer », on continue à travailler… la preuve en est toutes les décisions votés à l’unanimité lors de notre Conseil Municipal du 18 septembre y compris 3 motions :

  • Une pour la réouverture d’une ligne ferroviaire Orchies – Ascq – Pont de Bois
  • Une pour la liberté de chacun d’accepter ou non un compteur Linky
  • Une enfin contre la destruction en cours et programmée des services postaux à Villeneuve d’Ascq comme ailleurs.

Est-ce « une dernière hirondelle » sur le départ vers d’autres cieux ou déjà « une première hirondelle » annonciatrice d’un nouveau printemps 2020 ?

L’avenir nous le dira bientôt sans doute avant le 27 février 2019 ou tout de suite après…

Si je pense comme Georges Bernanos que l’ « on ne subit pas l’avenir, on le fait »,

Si comme l’a écrit Albert Camus

« La vrai générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent »,

J’aime à espérer avec Emily Dickinson que « Nous ne vieillissons pas (mais que) nous nous renouvelons chaque jour »

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