Carnet n° 502 du 14 mai 2018

« Le temps ne fait rien à l’affaire… »

 

Seuls les plus âgés d’entre nous, les amoureux de Brassens, voire certains de mes plus fidèles lecteurs, se souviendront, en cet instant, de ce titre d’une chanson de Georges Brassens de 1961 que j’ai déjà plusieurs fois cité en suggérant, plus qu’en les reprenant des paroles qui ne sont pas davantage aujourd’hui « politiquement correctes » qu’elles ne l’étaient alors mais qui nous rappellent toujours que le temps qui passe ne fait pas tout passer pas plus que  l’âge que l’on a n’est un critère de qualité…

Qu’on soit de « la dernière averse » ou qu’on soit « des neiges d’antan… »…, « le temps ne fait rien à l’affaire »…

(On trouvera facilement sur internet l’ensemble des paroles de cette chanson qui, pour moi, n’a pas pris une ride).

Oui « le temps ne fait rien à l’affaire » et j’aurais pu me contenter de comparer d’entrée et sans rien dire d’autre, les âges de celles et ceux qui nous ont gouvernés ou qui nous gouvernent pour nous le démontrer à nouveau.

J’y reviendrai quand même plus loin mais uniquement à titre de « compléments » de ce qui me semble aujourd’hui le plus important après avoir, ces dernières semaines, fêté le 1er mai, commémoré le 8 mai, rappelé le 9 mai et versé une larme nostalgique à l’occasion du 10 mai.

Oui le temps ne fait rien à l’affaire et les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets. Si l’Histoire ne se répète jamais à l’identique, souvent elle bégaie…

Faute de s’en souvenir, il nous est souvent imposé d’en revivre certains aspects (souvent les plus sombres) et pire, en en oubliant « les causes », de devoir ensuite recommencer les mêmes combats.

C’est vrai pour le 1er mai pour lequel et au nom duquel tant d’hommes et de femmes se sont battus et ont payé un lourd tribut pour faire entrer dans le Droit les Droits Fondamentaux des salariés, employés et ouvriers…,

et ce, tandis qu’aujourd’hui, tous les discours officiels et patronaux, les ordonnances et les lois sur le travail, visent à faire disparaître ces droits au nom d’un soi-disant modernisme alors que ces attaques ne sont jamais que la reprise en d’autres termes des discours des patrons et des dirigeants du XIX ème siècle et de la première moitié du XX ème .

Comme quoi oui, le temps ne fait rien à l’affaire !

C’est vrai pour les 8 et 9 mai, 8 mai 1945 et 9 mai 1950.

Si il y a 73 ans, le 8 mai, la terrible et meurtrière deuxième guerre mondiale s’achevait en Europe et si le 9 mai 1950, il y a 68 ans, Robert Schuman signait, de fait, « l’acte de naissance » d’une Union Européenne qui, depuis, s’est construite et s’est élargie de l’atlantique aux frontières de la Russie,

Aujourd’hui, en mai 2018, « en soufflant sur les braises toujours vives du Moyen Orient, M. Trump nous fait craindre une nouvelle guerre mondiale atomique déjà amorcée par les mouvements terroristes « religieux », tandis que l’Europe enlisée dans ses impuissances peine à sortir de ses querelles d’égos, de ses reniements en matière de valeurs et de ses intérêts pseudo économiques immédiats…

Les leçons européennes des années 30 du 20 ème siècle semblent être oubliées et, en l’occurrence, le temps qui a passé, en effaçant bien des souvenirs, a laissé intactes les mêmes causes, les mêmes folies et les mêmes lâchetés qui, si rien n’est fait, nous conduisent en ce début de 21 ème siècle à une guerre encore plus terrible que celles du 20 ème !

Entre (et avec) un Donald Trump qui rêve de laisser ainsi son nom dans l’Histoire et quelques autres dirigeants qui ne se rendent pas compte qu’ils lui servent de « marchepied », « le compte est bon » pour nous mener au pire !

Là encore, « le temps ne fait rien à l’affaire » quand il s’agit de laisser, une fois de plus, certains nous mener au pire grâce à la lâche complicité de quelques autres qui n’y voient qu’un moyen, et rien d’autre, de valoriser leurs propres égo.

Le 8 mai fut l’occasion de le rappeler, même si je doute que cela soit suffisant quand on a à la tête de la première puissance mondiale un Donald Trump, à la tête de la Russie, un Poutine et au Moyen Orient des puissances financières et religieuses bien décidées à en découdre quitte à l’élargir au reste de l’Europe et du Monde « par tous les moyens que l’on sait » et dont Paris, samedi soir, a encore été le théâtre.

Oui le temps ne fait rien à l’affaire en matière de folies humaines sinon d’effacer dans nos Démocraties trop de formes de vigilance pourtant tellement nécessaires (chaque attentat nous le rappelle).

Et je ne saurais oublier tous ceux pour qui, en raison de leurs croyances religieuses, le temps n’existe pas, l’éternité leur appartient et une « mort glorieuse » est présentée aux jeunes par les plus vieux comme « la clef de leur paradis ».

10 mai enfin, celui de 1940, quand les hordes de la Wehrmacht déferlent sur la France,

le 10 mai, qu’on associe par ailleurs à la fin de l’esclavage via une loi de 2001,

celui surtout de 1981 quand, avec François Mitterrand, un Président de la République socialiste a été élu avant d’entrer à l’Elysée le 21 mai et ce, pour 14 ans grâce à sa réélection en 1988.

Regarde,

Quelque chose a changé.

L’air semble plus léger.

C’est indéfinissable.

Un homme,

une rose à la main

a ouvert le chemin

vers un autre demain.

Si aujourd’hui, 37 ans après, le temps qui a passé semble avoir effacé une telle perspective,

n’oublions jamais non plus que, 10 ans auparavant, le PS, en 1971, renaissait de ses cendres 3 ans après ses 5% aux Présidentielles de 1969 suite au départ du Général de Gaulle qui était pourtant sorti vainqueur, moins d’un an avant, de la crise de mai 68 qui avait pourtant failli le voir disparaître …

Non le temps n’est pas linéaire… et sans, obligatoirement, faire nôtre, à ce niveau du moins, la conviction d’Albert Einstein selon laquelle « la différence entre le passé, le présent et l’avenir n’est qu’une illusion », (à d’autres niveaux, je partage, en effet, cette conviction),

n’oublions jamais que « le temps ne fait rien à l’affaire » pas plus dans son déroulé historique que dans son déroulé en terme d’avancée en âge pour chaque être humain.

Quand François Mitterrand fait rentrer, avec lui, « le Peuple de Gauche » à l’Elysée, il a 65 ans et son adversaire malheureux, V.G d’Estaing 55 ans. Il en a 72 en 1988 quand il bat Jacques Chirac, de 16 ans son cadet.

Charles de Gaulle, dernier exemple en la matière, est élu en 1965 à l’âge de 75 ans.

Aujourd’hui Donald Trump, qui fait peser une menace sur la Paix du monde a 72 ans tandis que son « grand ami » Emmanuel Macron va sur ses 41 ans soit seulement 7 ans de moins que lorsque V.G. d’Estaing avait été élu en 1974… pour un seul mandat.

 

Comme quoi, ni le temps, ni l’âge « ne font rien à l’affaire »,

et ce, bien sûr, sans reprendre le reste des paroles de la chanson de Georges Brassens… qui sont parfaitement inadaptées en cette matière.

Sans parler même de l’expérience que confère souvent l’âge et le fait que l’allongement de la vie est un réel progrès, le fait d’être plus âgé n’est aucunement un signe négatif si on en juge par Charles de Gaulle ou François Mitterrand, ni automatiquement le signe d’une sérénité et d’une pondération si on s’en réfère à Donald Trump.

Même remarque pour les plus jeunes comme Valéry Giscard d’Estaing ou Emmanuel Macron qui ont porté ou portent ostensiblement leur relative jeunesse « en bandoulière ».

Et je ne saurais oublier les moins de 30 ans qui, en 2017, chez « les Marcheurs de M. Macron » comme chez « les Insoumis de M. Mélenchon » ont profité d’un « dégagisme » auquel n’ont échappés que « les vieux bons politiciens aguerris et habitués à bien se vendre »…

Ces jeunes loups et louves ont appris en quelques mois toutes les « règles » de « la politique politicienne », alors qu’il fallait des décennies pour cela « au bon vieux temps » de la SFIO ou de l’UNR (et je ne parle pas du Parti Radical).

Dernier exemple local en date : notre jeune député insoumis me fait savoir le 7 mai qu’il ne pourra être présent devant le monument aux morts d’Ascq le 8 mai… et il fait néanmoins déposer une gerbe en même temps que nous par une personne de son entourage.

En 42 ans de vie élective, cela, on ne me l’avait jamais fait… à part le FN qui en a parfois déposé… mais hors de la présence des élus, des anciens combattants et des citoyens.

Au demeurant, j’ose encore penser que « c’est un péché de jeunesse » et que du côté de son et de leur chef, M. Mélenchon un peu moins jeune (67 ans), on comprendra et qu’il leur fera comprendre que :

« Si seul on va (parfois) plus vite,

ensemble on va (toujours) plus loin »

C’est « la leçon première » que j’ai retenue de François Mitterrand

et sans doute une des raisons de ma longévité, des raisons qui ont pour noms : fidélité à mes valeurs, fidélité à mes idées, fidélité à mes engagements et fidélité aux Villeneuvois.

J’ai pu encore en mesurer toutes les dimensions ce samedi, d’abord au matin sous le soleil, avec les habitants du quartier de la Résidence lors de la braderie des Genêts,

Et ensuite, en soirée, avant, pendant et après la victoire du LOSC au Grand Stade avec des citoyens de tous milieux réunis dans un même enthousiasme joyeux.

Comme quoi, contrairement à ce que pensent « les nouveaux politiques », il y a compatibilité  entre « longévité » et fidélité à des valeurs, des idées, des engagements, et à sa ville.

Je ne saurai jamais l’oublier… en particulier dans les prochains mois.

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