Carnet n° 411 du 18 juillet 2016

« Le vieux monde se meurt.

Le nouveau monde est lent à apparaître.

Et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres »

 

Cet écrit d’Antonio Gramsci, théoricien politique italien et membre fondateur du Parti communiste italien n’était certes pas destiné à décrire la période que nous vivons en ce début de 21ème siècle, puisqu’il est mort dans les geôles de Mussolini en 1937, pour autant, il illustre bien, 80 ans plus tard, ce que nous vivons et surtout l’atmosphère qui nous entoure… (qui « fleure mauvais » les années 30 du 20ème).

 

Jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, des monstres surgissent un peu partout dans le monde dont on ne connaît pas toujours précisément les racines, les liens et les motivations de « leurs passages à l’acte monstrueux » mais qui ont, en commun, dans ce clair-obscur de l’entre deux-mondes d’y manifester leurs pulsions mortifères, cruelles et criminelles.

 

Semaine après semaine, je me sens obligé d’en parler, sous peine d’oublier que personne n’est à l’abri, pas seulement en France, en Belgique ou aux États Unis mais, aussi, au Moyen Orient dans des États où les citoyens sont très majoritairement musulmans…

 

Mais la semaine écoulée a été particulièrement marquée, en France, d’une horreur indicible.

Alors que toutes les communes de France étaient toutes en joie pour notre Fête Nationale du 14 juillet, que l’heure était aux bals populaires et aux feux d’artifice, juste après que notre Président de la République ait pu se féliciter d’un Euro de foot parfaitement réussi sur le plan de la sécurité, l’horreur frappait Nice juste après son feu d’artifice sur la célèbre promenade des Anglais.

Un camion de 19 tonnes entrait dans la foule tuant 84 femmes, hommes et enfants et en blessant physiquement ou moralement plusieurs centaines d’autres.

 

Si Daesh a revendiqué ce nouvel acte criminel, la police est encore à la recherche des liens précis entre ce terroriste et l’organisation du même nom…

Au demeurant, à cette heure, le plus grave est-il que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel soit « un soldat de Daesh » ou un déséquilibré qui s’y est rattaché ?

 

On est en droit sinon en devoir de se poser la question et même, peut être, de souhaiter que la réponse soit du côté de Daesh car si « tous les déséquilibrés du monde », se mettaient ainsi demain à tuer partout et par tous les moyens je ne vois pas comment on pourrait y faire face et avec quels moyens.

Et n’oublions pas que le criminel en question est un citoyen Niçois, ville de M. Estrosi, une ville qui n’a que peu à voir avec Molenbeek dans la banlieue Bruxelloise.

 

On peut aussi aujourd’hui le constater : la France a, cette semaine, perdu une nouvelle bataille dans sa guerre engagée aux côtés des États du « monde civilisé ».

Et si à l’instar du Général de Gaulle on peut espérer que perdre une bataille ce n’est pas perdre la guerre, au-delà des victimes nombreuses de ce 14 juillet Niçois,

c’est l’éclatement immédiat et indécent de la société politique française qui, aujourd’hui, me semble rendre cette défaite tellement plus grave encore.

« On en a entendu de toutes sortes » dans un détestable « parfum pré-électoral » depuis Alain Juppé, jusque là plutôt considéré « comme un modéré », déclarant dans l’heure qui a suivi que « le massacre aurait pu être évité »,

jusqu’à Henri Guaino demandant de mettre des lance-roquettes aux entrées des lieux festifs (et pourquoi pas des chars à tous les carrefours comme en situation d’état de guerre ou de putsch militaire ?), en passant par Monsieur Estrosi oubliant que sa ville avait été équipée par lui de multiples caméras-vidéo et d’armes pour ses policiers… sans qu’elle ait pu exploiter à temps les repérages du 19 tonnes et son incursion criminelle.

 

Comme quoi celles et ceux qui, à cor et à cris, présentent tels ou tels dispositifs comme autant de « solutions miracles » se trompent et, pire, trompent les citoyens ! Si ces dispositifs peuvent être utiles, aucun d’entre eux ne nous protègent du terrorisme, pas plus que la peine de mort (cf ce qui se passe aux États-Unis, des « champions » en la matière).

Ou alors il faudrait «  se donner les moyens de l’État d’Israël », des moyens tellement critiqués dans le monde qui, pour un territoire de 20 700 km2, a 161 000 soldats d’actifs et 425 000 réservistes, 2600 chars et 370 avions de combat.

 

Rappelons, à ce stade, non pas nos moyens militaires français, ce serait trop cruel, mais simplement qu’Israël c’est un territoire de 20 700 km2, c’est-à-dire, 11 100 km2 de moins que notre Région des « Hauts de France » (qui en compte 31 800).

Et pourtant Israël n’échappe pas complètement aux attentats même si les mesures prises en ont réduit le nombre par rapport à « l’après Yitzhak Rabin  » où les extrémistes avaient mis ses villes dont Jérusalem à feu et à sang. J’ai bien connu cette période étant alors Président de la Délégation Europe-Israël au Parlement Européen.

 

C’est pourquoi je le redis : le monde politique français et en particulier un certain nombre de ses leaders de droite n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités, sinon de la morale et de l’éthique Républicaine..

 

Eux qui, avant 2012, avaient réduit tous les moyens de notre sécurité de manière drastique sous M. Sarkozy après que Monsieur Chirac ait supprimé le service militaire, pourraient pour le moins (et je suis modéré..) faire preuve « d’un peu de retenue »…

 

Si on ajoute, aujourd’hui 18 juillet, à cela, « le coup d’État militaire raté » en Turquie avant hier et ses conséquences en terme de reprise en main par M. Erdogan, « islamiste modéré », les 6000 militaires à cette heure arrêtés et une grande purge dans les milieux judiciaires…, oui, on peut, une fois encore, parler d’un « monde qui tourne fou » en relisant « les pensées de Pascal datées de 1670 » :

« Quelle chimère est-ce donc que l’homme ? …. quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction ? »

On comprendra, qu’à cette heure et en ce jour, où la France en deuil se fige à 12h en une minute de silence…,

je ne puisse parler des dossiers en cours de la Ville et de certaines attitudes « dites citoyennes » contre ici une déchetterie MEL ou là une opération immobilière privée, sans oublier des caravanes de roms trop longtemps installées, un coq qui chante à 5 heures du matin, des excès de vitesse, ou des travaux de voirie pas suffisamment vite réalisés par la MEL…

Certains de nos concitoyens s’imaginent que notre ville est « hors sol », pas concernée par le terrorisme ni réduite dans ses moyens budgétaire.

 

Difficile pour un Maire de « tenir ferme la barre »…

Pour l’instant j’y arrive encore et, dans ces situations, mon expérience et mon âge me sont utiles … (pour combien de temps encore ?)

 

Et je terminerai ce 411ème carnet avec une citation de Nelson Mandela :

« Nous travaillons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur et donner de l’espoir là où il y a le désespoir ».

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