Vivre au rythme des saisons
En me promenant hier par un dimanche d’automne quasiment estival au bout du lac du Héron au cœur de notre Espace de Nature, en sentant sous mes pieds le contact, le bruit et, dans mes narines, l’odeur des premières feuilles dorées tombées de nos arbres, somme toute, en une saison, « L’automne où chaque feuille est une fleur » (Albert Camus),
je me disais que je ne tarderai pas, avec elles, de recevoir les premiers messages sur internet de citoyens s’étonnant de ne pas avoir encore vu passer d’employés municipaux venus les ramasser (« alors qu’ils payent leurs impôts…eux ! ».)
et ce, avant d’en recevoir d’autres, dans quelques semaines, quand arriveront les premiers flocons de neige et les premiers verglas….
Et de penser au fond de moi que non seulement aujourd’hui, il y a, de par le monde, des choses et des événements beaucoup plus graves, des dépenses publiques communales dont tout le monde nous dit qu’il nous faut les réduire, mais de repenser à ces temps pas si lointains où l’on vivait au rythme des saisons, où les chutes de feuilles donnaient des couleurs nouvelles à la nature avec, à la clef, des marrons pour jouer et des châtaignes grillées à croquer entre pommes, poires et autres fruits de saisons,
où la neige faisait le bonheur des petits et plus grands accompagnée de gaufres et de cidre,
où chaque saison apportait son lot de légumes et de fruits, de couleurs et d’odeurs sans que l’on ait besoin d’inventer « des jours » très artificiels (comme celui du Beaujolais nouveau) ou d’aller les chercher de l’autre côté de la planète.
On espérait et on rêvait au printemps, on vivait pleinement l’été, on soufflait un peu en automne avant de se reposer en hiver…
Somme toute, les saisons étaient à l’image de la vie qui revenait au rythme du temps dans une sérénité qui nous en faisait sans doute mieux accepter sa réalité, ses duretés voire ses cruautés.
Avec deux décennies de croissance explosive de la fin des années 50 au début des années 70 du 20ème siècle, on avait oublié tout cela, pris l’habitude de manger des fraises (sans goût d’ailleurs) en hiver, d’oublier le froid en allant aux tropiques en janvier etc…etc…etc…
La crise est là qui réduit les moyens financiers d’une grande majorité de citoyens laissant aux autres le privilège de continuer à les gaspiller.
La pollution et la raréfaction de l’énergie et des matières premières combinées à l’augmentation de la population remet l’alimentation de proximité au cœur de nos nécessités vitales, et donc de refaire du « rythme des saisons » « le MAÂT (règle de sagesse antique de l’Égypte antique durant plus de 30 siècles) des temps modernes ».
Une visite, jeudi dernier, au Palais des Beaux Arts de l’exposition Sesostris III me l’a, (s’il le fallait) rappelé…, ce MAAT qui avait contribué à 3000 ans de civilisation stable, ce que le monde ne reconnaîtra jamais…
Sans aller jusque là, quand on parle de croissance et de nouvelle croissance, quand on associe à la quantité des biens et services produits, la qualité de vie qu’ils génèrent, on sent bien que, sans tomber dans le mythe du « retour vers le passé », une partie « des clefs de sortie de crise » y sont là… pas si loin de nous.
Encore faut-il que chacun fasse les efforts nécessaires en la matière pour le vouloir et s’y réadapter.
On en est sans doute encore loin si on se réfère au débat politique national et « ses guerres de positions », aux imprécations des oppositions locales dans nos Conseils Municipaux où on croit simple de demander en les conjuguant « le tout et ses contraires », … voire les sujets qui dominent les agoras et l’agressivité de certains citoyens qui, avec la réforme des rythmes scolaires, n’ont toujours pas accepté de devoir se lever le samedi matin alors que de tout temps (sauf depuis 2008) les élèves sont allés en classe du lundi au samedi midi avec une coupure le jeudi puis le mercredi.
Difficile donc de croire en un Nouvel Avenir et au temps d’une sérénité retrouvée !
Mais heureusement il y a le reste, les noces de palissandre d’un couple d’Annappois, une AG du Coin de Terre familial au Breucq, du sport et des sports qui effacent la piètre prestation du LOSC, ce samedi,
une réunion réconfortante de l’Amicale Laïque du Breucq et l’occasion pour moi de redire que sans le retour en force de nos valeurs républicaines et de la laïcité, « nous allons droit dans le mur ».
Il suffit pour cela de regarder les querelles d’egos de tous les intégrismes religieux des plus sanglantes aux plus grotesques.
Oui heureusement qu’il y a le reste et les 25 ans fêtés de la Clinique Jean Varlet où l’on soigne toutes les formes de dépression,
l’action des associations caritatives et le dévouement de celles et ceux qui, au péril de leur vie, combattent le virus Ebola.
Si je me dis régulièrement, à l’instar de Victor Hugo, qu’il faudrait « … que je me défasse de ma mauvaise habitude de vouloir toujours être écouté »,
et si je sais que je n’y échapperai pas encore, une dernière fois peut être, en prononçant vendredi prochain mon discours de nouveau Chevalier de la Légion d’Honneur » qui revisitera 50 ans et plus de vie… surtout publique,
c’est ma manière à moi de vivre cette définition du courage signée de Jean Jaurès mort assassiné il y a 100 ans le 31 juillet 1914
« Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».
Tout alors y était déjà dit.