Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n° 98 du 20 juillet 2010
Croquer la vie en souriant


J'ouvrirai ce carnet par une citation de Charles Morgan que j'ai déjà utilisée mais qui sied parfaitement à un ami et à un maître qui vient de nous quitter, le professeur Jean Montreuil. Il allait avoir 90 ans et il était encore en pleine activité universitaire scientifique en Roumanie quand la mort l'a rattrapé :
« Un jour viendra peut être où la science reprendra sa place normale : source de sagesse et non de puissance, à l'égal de la musique et de la poésie ».

Jean Montreuil était un grand, un très grand chercheur de renommée mondiale mais c'était aussi un homme qui n'a jamais cessé de croquer la vie en souriant.

Et je lui associerai une autre citation d'Hubert Reeves : « La science humaine est un admirable monument qui fait honneur à l'espèce humaine et qui compense (un peu) l'immensité de sa bêtise guerrière ».
Jean Montreuil a sans doute lui aussi repris souvent cette question qui concluait mon carnet du 13 juillet : « la vie est une grande surprise, pourquoi la mort n'en serait-elle pas une plus grande ? »
Maintenant, il sait.

C'est de Bellevaux, où je viens chaque année rencontrer notre centaine de petits colons à quelques kilomètres de 29 autres, un peu plus grands, qui occupent notre « chalet-équipement » d'Habère-Poche, que j'écris ces lignes sous un soleil matinal déjà chaud.
Je me redis l'importance de ces séjours pour nos enfants et pour nos jeunes qui, avec nos animateurs, y sont à l'école de la citoyenneté. Oui, cette citoyenneté dont j'ai beaucoup parlé à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet en rappelant le sens de la Nation et les valeurs de notre République.

Plus le temps passe, plus la crise sociétale s'aggrave, plus je m'y accroche comme à une sorte de dernière bouée : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité.
Tout s'y retrouve et rien ne doit être rejeté sous peine de voir nos sociétés imploser.

Les violences qui secouent certaines de nos villes doivent nous interpeller. Et quand j'entends ce qui se passe dans « la ville neuve » de Grenoble, je me souviens qu'en 1978, l'EPALE qui construisait notre ville nouvelle emmenait les jeunes élus que nous étions découvrir ce qui, pour eux, était un modèle.
Heureusement que nous avons eu le bon sens de ne pas trop les écouter. Que diraient les Villeneuvois, souvent inquiets devant les incivilités et quelques actes de délinquance si, comme à Grenoble ou dans certaines villes proches de Paris, on devait subir de véritables guérillas urbaines.

Certes, on en est jamais complètement à l'abri. Mais, en matière d'urbanisation, d'organisation et de services, construits pierre par pierre depuis plus de 30 ans, il y a peut être des choses exemplaires à méditer (et pour l'État, matière à faire son travail).

Je voudrais, à ce stade, pousser un cri en direction du gouvernement qui après avoir « jeté l'argent de « la maison France » par les fenêtres », (souvent en direction de ses amis) va imposer une austérité ravageuse aux moins riches et aux collectivités qui portent l'investissement et gèrent de nombreux services publics de proximité.
Attention DANGER ! Vous jouez les apprentis sorciers !

Entendre le ministre du budget, monsieur Baroin annoncer des saignées dans les budgets du logement et de l'emploi qui sont, avec la sécurité, les deux principales préoccupations des Français, c'est, et je pèse mes mots, tout à fait IRRESPONSABLE.

Pendant ce temps là, on nous rappelle qu'il existe des fortunes incommensurables comme celle de Madame Bettencourt et les salaires de certains sportifs et personnages du show business qui pèsent chacun le poids de milliers de smicards et de retraités.

« France, réveille-toi, ils sont devenus fous ! »

Quand on veut éviter l'austérité, il faut faire preuve de rigueur. La France, depuis trop d'années et surtout depuis trois ans, n'a pas su faire preuve de rigueur dans sa gestion avec une multitude d'abus, petits et grands, des politiques aux effets mal évalués, des navigations à la godille comme pour la grippe A. De la « gonflette à Paris », à « l'effet barbe à papa » ailleurs, M. Sarkozy et l'UMP ne sont pas les seuls concernés. Mais en détenant plus de pouvoirs que les autres, ils sont souvent aussi plus coupables.

Notre Président se serait grandi en le reconnaissant.

Au lieu de cela, le 12 juillet, il a tout nié en bloc sur l'air bien connu de l'autosatisfaction matinée de « dévouement », de « désintéressement personnel »... et d'une once de persécution.
Ce n'est pas cela que les Français attendaient.

Il ne sont pas dupes pas plus qu'ils ne croient aux explications alambiquées sur « les affaires » récentes de l'UMP. Ils veulent la vérité, la reconnaissance des erreurs commises, des conditions pour réussir enfin là où le pouvoir a échoué.

Être pugnace et déterminé, c'est une chose positive. Être têtu, NON !

L'opposition qui espère gagner en 2012 devra aussi méditer tout cela si elle veut mériter la confiance des Français.
Je ne cesserai de le répéter dans les prochains mois. Ce sera le prix de mon engagement, moi qui suis ni à vendre ni à acheter.

Marcel PROUST a écrit : « Les paradoxes d'aujourd'hui sont les préjugés de demain », tout est dit.

L'été est, dit-on, propice à la réflexion.

Puissent « les princes qui nous gouvernent » et celles et ceux qui voudraient nous gouverner y réfléchir pour repartir sur de bonnes bases en septembre.

C'est, personnellement, ce à quoi je consacre l'essentiel du temps dégagé par la pause estivale des autres en rencontrant un maximum de citoyens, jeunes et moins jeunes, à Villeneuve d'Ascq et ailleurs, comme j'ai pu le faire très longuement les 13 et 14 juillet durant les instants de notre grande fête populaire dans le parc urbain, à la plaine Canteleu, au Pont de Bois et Place de la République.

Robert Rosentone a écrit :
« La révolution, c'est une tentative pour faire aboutir nos rêves ».

C'est en ce sens que je suis toujours révolutionnaire.







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