Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°91 du 15 juin 2010
Apprendre à dire NON.


Il est une leçon à ne jamais oublier, que le Général de Gaulle nous a, à tous, enseignée, quel que soit notre niveau de responsabilité, la place que nous avons dans la société voire les jugements que l'on a pu porter sur tous les actes politiques de ce grand homme : « Pour qu'un OUI soit crédible, il faut savoir dire NON ».

Et c'est ce « NON », prononcé avec force le 18 juin 1940, il y aura 70 ans cette semaine, que les Français sont appelés à méditer à l'heure où notre pays et notre société s'enfoncent dans la crise.
On écrira beaucoup sur ce thème dans les prochains jours.

Je voulais, très simplement aujourd'hui, en tant que français, d'origine polonaise par ma mère, né en 1945, rendre ce bien modeste hommage à un homme grâce à qui la France est restée un pays qui, après avoir été vaincu, a pu retrouver sa place dans le camp des vainqueurs et des libérateurs.

Il est vrai qu'en tous temps, en tous lieux et dans la plupart des circonstances, il est plus facile de dire OUI que de dire NON, plus confortable de se laisser porter par les idées dominantes que de résister, moins dangereux de suivre le troupeau que de vouloir le détourner d'un chemin funeste.

Un « autre grand », aux côtés de qui le chef de la France libre s'est battu, l'a dit à sa manière, Winston Churchill :
« La responsabilité est le prix à payer du succès ».

On pourrait multiplier, depuis ce temps, les exemples de celles et ceux qui, à divers degrés et dans divers domaines, ont su, au bon moment, dire NON. NON aux putschistes, NON à l'asservissement des femmes, NON à la peine de mort, NON à des guerres injustes, NON à la torture, NON à la misère, NON à l'injustice, NON à la loi du plus fort et à celle du plus riche...
Le nombre de ces exemples est en soi un beau réconfort face et à côté des jugements souvent négatifs que l'on est amené à porter sur l'humanité.

A notre bien modeste niveau et sans aucune comparaison possible avec ces exemples et ceux qui les ont portés haut et fort avec détermination et courage, nous avons, à Villeneuve d'Ascq, toujours essayé de dire NON quand il le fallait pour mieux dire OUI à ce qu'il fallait.

Non à une ville nouvelle technocratique et incontrôlée. Oui à une nouvelle ville à taille humaine.

Non à une fusion avec Lille. Oui à un partenariat positif pour les deux et pour notre métropole.

Non à un système politicien sectaire. Oui à un rassemblement autour de valeurs.

Non à une dissolution dans un appareil politique dominant. Oui à une addition de diversités au service d'un même idéal.

L'actualité nous fournit quotidiennement son lot d'exemples nouveaux :

Dire NON, au laisser-aller et OUI à la propreté, au fleurissement, aux réparations et aux rénovations de nos quartiers.

Dire NON au droit du premier occupant et du dernier disant pour un OUI au droit de décider de celui qui a été élu pour cela pendant le temps de son mandat.

Dire NON aux intégrismes religieux et OUI à la liberté de pensée et de croire.

Et là aussi, en toutes choses, je fais miennes ces paroles de Pierre de Coubertin « Le succès n'est pas un but mais un moyen de viser plus haut », des paroles assorties du bon sens de Georges Bernard Shaw « Le succès ne consiste pas à ne jamais faire d'erreur mais à ne jamais faire les mêmes erreurs deux fois ».

Pour terminer plus paisiblement ce 91ème carnet, je parlerai d'une « lucarne ouverte sur l'éternité » ce dimanche matin à l'EHPAD du Moulin d'Ascq avec des moments de rêves offerts par le Jeune Ensemble Harmonique aux résidents.

Il y avait des jeunes, il y avait des vieux ; il y avait des musiciens, il y avait des amateurs de musique ; il y avait des hommes et des femmes bouillonnants de vie et d'autres que la vie commençait à ignorer.

Tous ont communié durant une heure sous un rayon d'éternité filtrant à travers une lucarne, la lucarne de la vie.
La musique, ce langage universel, de tout temps, de toutes cultures, de tous âges, sans âge même, ni temps, ni lieu.

Il y a quelques mois, nous l'avions vécu à Jean Baptiste Clément. Dimanche, le miracle a à nouveau eu lieu qui nous a ensuite préparés à un après-midi villeneuvois de culture, de fêtes, de sports, de balades et de nature.
J'y ai rencontré des milliers de citoyens de l'espace Concorde, avec le LCR Thalès et ses talents, au vide-greniers des Cousins en passant par le Château et l'Italie, la ferme du Terroir et ses secrets, les chants et les tirs au but.
Ce dimanche villeneuvois m'a, une fois encore, réconcilié avec la vie.

Savoir dire OUI à la ville et OUI à la vie, en disant NON aux égoïstes, aux sectaires et aux intolérants.
Car s'il est vrai, comme l'a écrit Tzvetan Todorov que si « la vie est perdue contre la mort... la mémoire gagne son combat contre le néant ».
Et quelle belle ambition que de façonner, de construire et d'écrire cette mémoire qui nous protégera à jamais du néant.







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