Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n° 89 du 8 juin 2010
Réfléchir humainement la ville.


« Gouverner, c'est maintenir les balances de la justice égales pour tous »

Voilà des paroles de Franklin Delano Roosevelt que devraient méditer tous les gouvernants d'aujourd'hui. Ils aggravent les crises, tout en disant vouloir les combattre, et, ensuite, s'étonnent de leurs « côtes de popularité » (34% pour M. Sarkozy soit -4%) avant d'être chassés par les électeurs dès l'élection suivante.
Ce n'est pas ainsi que l'on gouverne quand tout va mal. Il faut le faire à tous les niveaux, avec, en tête, la volonté d'être juste dans les réformes nécessaires à concevoir et en rassemblant le plus d'énergies et de bonnes volontés possibles pour les mettre en œuvre...

Gilbert CESBRON l'a dit à sa manière : « Que le monde soit absurde, c'est l'affaire des philosophes. Mais qu'il soit juste, c'est notre affaire à tous ! ».

Certes, il faut savoir dire NON ; il faut même savoir déplaire, si au bout il y a du résultat !

C'est vrai, dans la vie quotidienne d'une commune, où il faut, en permanence, concilier des demandes à priori inconciliables.
C'est vrai, pour un état, où on ne peut favoriser les riches « pour qu'ils restent au pays » et aider les pauvres sans uniquement taxer et appauvrir les moins pauvres.
C'est vrai, en Europe, où la commission européenne doit cesser de multiplier les mesures ultra-libérales qui ont fait la preuve de leurs nocivités.
C'est vrai, dans le monde, où les pollueurs, les intégristes, les apprentis dictateurs, n'ont qu'une idée en tête : dominer les autres comme au temps d'Hitler et du nazisme.

Si on a le droit de se tromper, on a le devoir de le reconnaître, et de changer de voie et de politique quand les nécessités et le bon sens l'imposent.

La loi du plus fort et celle du plus riche conduisent d'abord à l'injustice puis aux violences puis aux désordres puis à la ruine. C'est une règle vieille comme l'humanité, et pourtant, elle perdure...

Quand je vois l'euphorie qui préside au dynamitage de trois tours à Sartrouville, je m'interroge sur les excès des densités urbaines qui reviennent à la mode...
Et je pense surtout aux paroles de Daniel Pennac : « La prévention de la criminalité commence par une réflexion humaniste sur l'urbanisme »

S'il faut éviter de gaspiller l'espace agricole dont le monde aura tant besoin demain, il faut refuser les soit-disant réformes territoriales qui vont conduire à de nouvelles désertifications d'un côté et de nouveaux engorgements urbains porteurs de pollutions, de « mal-de-vivre », de violences et d'insécurité de l'autre.

Oui c'est beau la ville, à condition de ne pas la réduire à des immeubles de plus, à des concentrations renforcées, à des étages rajoutés aux étages.
La ville, c'est la vie et il lui faut des lieux d'habitat, des lieux de travail, des commerces, de la culture, du sport, des fêtes, des lieux de méditation, des lieux de vie, des lieux de promenade, des transports... de la vie, de la joie et du partage dans le respect de nos règles républicaines, laïques et pleines de civilité dans les comportements, le langage et le respect.
Là aussi, c'est l'affaire de tous !

Combien de fois je me dois de dire à des adultes qui n'arrêtent pas de critiquer les jeunes qu'ils devraient leur montrer l'exemple dans leurs comportements, attitudes et langage ?
Le respect... oui, le respect des règles, des lois et des autres...

Ce respect, j'ai voulu le manifester ce samedi en rendant un hommage à Jean Demarets, mon prédécesseur à la mairie de Villeneuve d'Ascq en 1977, maire de Flers d'abord de 1947 (où il avait succédé à un autre grand maire, Alfred Dequesnes, élu en 1924) à 1970 avant d'être le premier maire de Villeneuve d'Ascq de 1970 à 1977. Il aurait eu cent ans le 3 juin.

Ce respect je le manifeste quotidiennement à tous mes concitoyens qui font notre ville et qui se dévouent pour elle et pour ses habitants, des citoyens qui animent les associations, les clubs sportifs, qui organisent des fêtes, des festivals, des kermesses, des concerts...
Villeneuve d'Ascq, une nouvelle fois, a bouillonné tout au long du week-end, des cours d'écoles aux terrains de sports, des salles de fêtes aux parcs et aux fermes.

« Que du Bonheur ! »
C'est cela pour moi « une ville intense » y compris dans nos parcs et autour des lacs qui vont du Héron au Château, une ville où les citoyens se rencontrent intensément et pas un ensemble de dédales où chacun s'épie et se craint.

Le terroir, ce n'est pas ringard : le terroir c'est la terre et la terre, c'est la vie.

Heureux d'avoir passé l'âge d'avoir encore une carrière à bâtir, je garde au cœur ce credo de Bertold Brecht :
« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ». Alors oui.... je continue à combattre.

« Il y a deux attitudes possibles devant la mort. Ce sont les mêmes attitudes que devant la vie. On peut les fuir dans une carrière, une pensée, des projets. Et on peut laisser faire, favoriser leur venue, célébrer leur passage »
Christian Bobin







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