Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°81 du 11 mai 2010
Sommet et précipice.


Si le week-end dernier a été marqué par les trois dates des 8, 9 et 10 mai en lien direct avec la seconde guerre mondiale et l'Europe (trois dates qui ont rythmé mon discours du 65ème anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie), on ne m'en voudra pas de revenir aujourd'hui sur un autre 10 mai, le 10 mai 1981.
J'avais alors 36 ans, François Mitterrand, à 64 ans, gagnait l'élection présidentielle, le peuple de gauche était fou de joie et d'espoir, une certaine droite disait craindre « l'arrivée à Paris de chars soviétiques »...

À 20 heures sur les télévisions, un « certain monde » explosait : la Gauche était de retour !

Si les résultats ne furent, sans doute pas, ensuite, à la hauteur des attentes, si beaucoup de rêves se sont brisés sur « le mur des réalités », François Mitterrand restera un de nos grands présidents devant l'histoire avec 14 ans de mandats (12 ans pour Jacques Chirac, 11 ans pour Charles De Gaulle, 7 ans pour Valérie Giscard d'Estaing, 5 ans pour Georges Pompidou, 3 ans aujourd'hui pour Nicolas Sarkozy), et pour l'instant, le seul Président de la République de Gauche.
Les nouvelles « élites » de la gauche d'aujourd'hui, qui, après avoir échoué en 1995, en 2002 et en 2007, devraient méditer ces leçons à la veille d'une échéance 2012 où tout reste possible, le meilleur comme le pire.

Je n'avais pas, on le sait, attendu le 10 mai 1981 pour être mitterrandiste, et c'est pourquoi « l'après 1995 » n'a pas fait de moi un « judas » contrairement à beaucoup de celles et ceux qui lui devaient tout et qui ont tout fait pour le faire oublier... (« La reconnaissance est inversement proportionnelle à ce que l'on vous doit »). Cela ne les a pas servis (confère le droit d'inventaire de Lionel Jospin).
On devrait d'ailleurs aussi réfléchir à tout cela à droite... dans les « arrières-cuisines » élyséennes.

De tous côtés, il ne faut vraiment jamais oublier ce que nous a rappelé Jacques Attali : « Les leçons de l'Histoire enseignent que le sommet est le point le plus rapproché du précipice ». Et j'ajouterai, pour l'avoir moi-même vécu la belle phrase d'Agnès Guitard : « Il importe peu qu'un homme pleure et flanche le jour où la vie lui casse la figure. Ce qui importe, c'est ce que cet homme fait le lendemain ».

J'ai aussi pensé à cela hier, dimanche 9 mai, en rendant hommage à Milou Debisschop lors d'une émouvante manifestation au cœur du quartier de la Résidence.
Milou, une grande dame, une élue pugnace, une militante de toujours, une artiste dans tous les sens du terme, « une éternelle enfant rebelle », une citoyenne à qui sied si bien ces paroles prêtées à Mahomet : « La vraie richesse d'un homme en ce monde se mesure au bien qu'il fait autour de lui ».
L'histoire humaine est aussi faite de citoyennes et de citoyens comme elle, heureusement.

Je sais qu'aujourd'hui, dans une situation de crise qui va aller en s'aggravant malgré des plans de soutien aux économies et aux finances (pour rassurer les spéculateurs), au niveau local, à Villeneuve d'Ascq, j'ai la chance d'avoir des équipes avec des femmes et des hommes, des élu(e)s, des militant(e)s, des personnels communaux, des militants associatifs, des acteurs de l'économie locale, des équipes de très grandes qualités.
Les villeneuvois commencent à les connaître toutes et tous car ils et elles sont partout dans la ville à toutes les occasions de rencontres citoyennes.

Je citerai aujourd'hui pour illustrer mon « enthousiasme » serein et, par ailleurs, parfaitement mesuré, Farid Oukaïd, un jeune adjoint aux sports qui a, dimanche encore, remporté une nouvelle victoire (c'était aux 10 kilomètres de Bondues). Farid est pour moi, un symbole et un bel exemple pour beaucoup de nos jeunes dans les quartiers...
Et je pourrais sur tous les secteurs et dans tous les domaines citer avec la même chaleur une très grande partie des élus qui composent ma majorité...

C'est, je l'avoue, en cette période très difficile, mon premier sujet de satisfaction.
J'aimerais, qu'à tous les niveaux de gestion de notre société, il y ait la même rigueur et le même dévouement que l'on retrouve dans une commune comme la nôtre et dans beaucoup de villes et villages.
Si l'ambition est légitime, elle est insuffisante pour faire face à des crises profondes.

Si le talent peut séduire, mieux vaut l'expérience telle que définie par Patrick Süskind : « Le talent n'est presque rien et l'expérience est tout ce que l'on acquière à force de modestie et de travail ». Il en faudra de l'expérience, de la pugnacité et du courage pour faire face à la « rigueur-austérité » annoncée par l'UMP pour satisfaire les marchés et, sans doute, pour faire payer aux plus modestes 2 ans de laxisme et de « petits cadeaux » fiscaux faits aux plus aisés.

Un sommet « social » ? Pour l'instant, je n'ai entendu que la Présidente du MEDEF pour s'en féliciter et les bourses du lundi pour s'en enthousiasmer.

Cette fin de semaine aura été bien dense en termes de souvenirs, d'hommages, d'angoisses, de décisions, d'inquiétudes et d'espoirs sous une météo d'avril frisquette et une nouvelle menace du nuage volcanique.
Heureusement le LOSC a battu Marseille et conforté ainsi sa deuxième place en ligue 1.
Ses supporteurs, en fête, n'ont pas boudé leur plaisir samedi soir au Stadium, et même les riverains ont, pour beaucoup, apprécié le feu d'artifice de la victoire.
La fête populaire, c'est aussi cela et en période de crise beaucoup de nos concitoyens en ont plus que jamais besoin.

« Il faut se convaincre qu'aucune situation n'est éternelle, même pas les bonnes... alors les mauvaises... »
Nadia Ghalem







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