Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°80 du 7 mai 2010
Sortir des cadres pré-établis.


Albert Einstein l'a écrit :
« La folie est de croire qu'en faisant toujours la même chose, on puisse arriver à un résultat différent ».

Il en est ainsi de toutes choses, des guerres et de leurs conséquences, des crises et de leurs sorties, de la recherche du bonheur collectif comme de celle des bonheurs individuels.

A la veille du 8 mai, où l’on commémorera le 65ème anniversaire de la fin en Europe de la 2ème guerre mondiale, à trois jours du 10 mai, où on rappellera le 70ème anniversaire du début de l'invasion nazie des Pays-Bas, de la Belgique et de la France, à deux jours du 9 mai, qui nous rappellera que Robert Schuman, 60 ans plus tôt, a, nous dit-on, signé l'acte de naissance de l'Union Européenne, cette citation d'Albert Einstein sonne comme un avertissement.

On n'évitera pas de nouvelles guerres, si on commet à nouveau les mêmes erreurs, les mêmes lâchetés avec une cécité et un abandon de nos valeurs.
On ne sortira pas de crises de plus en plus graves, si on persiste à faire payer le coût de leurs sorties par leurs premières victimes que sont les peuples et dans ces peuples les citoyens les plus fragiles et les plus pauvres.
On n'assurera pas la durabilité de l'Union Européenne, si on continue à la faire cheminer sur des voies qui l'ont éloignée des fondamentaux de ses pères fondateurs et qui la conduisent au désastre.

Et si j'ajoute à ces 3 dates du 8 mai 1945, du 10 mai 1940 et du 9 mai 1950, celle du 10 mai 1981, il y a 29 ans, où le peuple de gauche en France laissait exploser sa joie avant de connaître la déception, sans oublier le 6 mai 2007 où c'est la droite qui pavanait sur la place de la Concorde avant de se lamenter aujourd'hui devant un désamour des Français, à 70%, quel que soit le domaine, les discours et « les coups de menton » ne suffisent pas.

Il est impossible d'arriver à des résultats différents si on emprunte les mêmes chemins, si on use des mêmes méthodes et si on commet les mêmes erreurs.

En cette semaine d'intense concentration de dates commémoratives, il était bon de se le redire :

On ne sortira pas le monde d'une voie en impasse, l'Europe de son enlisement, la France d'une crise économique, sociale et sociétale sans sortir des cadres « pré-établis ».
L'impasse post-électorale annoncée en Grande-Bretagne nous le rappelle aussi et devrait sonner clair et fort aux oreilles de celles et ceux qui vont essayer de se partager le pouvoir en 2012 dans notre pays : hors de projets novateurs, voire révolutionnaires au sens premier, propre et démocratique du terme, point de salut pour nos vieilles sociétés.

Pour revenir un instant sur le « couple » guerre et paix, je citerai ici le Général de Gaulle qui en 1959 à Dunkerque déclarait : « Ce qu'il faut pour la paix, c'est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c'est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ».

Avec en écho à un 20ème siècle qui a meurtri l'Europe avec ses deux guerres mondiales, ses guerres coloniales, sa grande crise économique mondiale, la chute de ses démocraties et toutes leur lot d'horreurs innommables, cette citation de Johann Huizinga : « Chaque époque laisse plus de traces de ses souffrances que de son bonheur : ce sont les infortunes qui font l'histoire ».

Et si chacun, à son niveau, modestement sans doute, essayait de bâtir des parcelles de bonheur :
- en rendant sa ville plus humaine,
- en luttant contre les solitudes et toutes les formes de misère,
- en proposant des fêtes et des petits plaisirs,
somme toute, en vivant une vie citoyenne...

C'est sans doute l'instant de se souvenir d'un être devenu éternel après nous avoir quitté brutalement, il y a 50 ans, à l'âge de 37 ans, et qui a tant marqué la jeunesse de ma génération : Gérard Philippe, en nous donnant son talent et bien des plaisirs.
C'est sans doute, aussi, le moment pour moi de décrire tous ces enfants aux yeux pétillants rencontrés dans nos restaurants scolaires à l'heure de la semaine de l'Europe à travers ses plats, ses goûts et ses saveurs.
C'est le moment de parler musique, de sa fête qui s'annonce en juin, de celle qui va entourer le 14 juillet et de celles qui vont sonner la réouverture en septembre du musée d'Art moderne : notre ville a une telle richesse en la matière.

J'aime cette phrase d'Andrei Stoiciu : « La musique a été donnée à l'homme pour qu'il soit heureux, pour accentuer les moments important de sa vie ».
De la musique, il ne va pas en manquer, du sport aussi, de belles images avec les Montgolfiades, « rien que du bonheur » par addition de petits plaisirs tout simples et de « petits bonheurs ».
J'aimerais tant que le monde politique dans son ensemble retrouve ce sens de la vie, retrouve du bon sens, abandonne ses petites pratiques politiciennes qui, à tous les niveaux, permettent sans doute de « réussir des coups » mais qui, à terme, sont toujours sanctionnés par les citoyens.

On peut rêver, non ?







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