Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n° 79 du 4 mai 2010
Penser ce que l'on dit.


Le week-end passé s'est déroulé sous le signe du travail et en hommage aux travailleurs avec la traditionnelle fête du 1er mai, ses manifestations syndicales et, à Villeneuve d'Ascq, une cérémonie en l'honneur des médaillés du travail à l'Espace Concorde.

Bernard Clavel en a donné une belle et juste image en écrivant :
« L'histoire du travail est souvent une fresque de la misère ; elle est aussi un long roman d'amour et de joie ».

C'est aussi ce message que j'ai voulu faire passer dans mon discours, le 27ème du genre depuis 1977, avec, en tête, une formule très forte de Victor Hugo :
« Le travail ne peut être une loi sans être un droit »

L'émotion des médaillés Villeneuvois et la maigreur des cortèges syndicaux contre la réforme des retraites me confortent dans mon opinion que le progrès humain sera de raisonner davantage en termes d'activité salariée et sociale de chacun tout au long de sa vie.
Car si le travail est d'abord une source de revenus et donc de vie, la vie c'est aussi de l'activité et un échange avec les autres, à qui l’on donne et de qui on reçoit, des activités et des échanges au travers desquels on construit sa vie et on essaie de se réaliser.
Encore faudrait-il, pour y arriver, davantage de justice, moins d'inégalités, la fin des fortunes insolentes et des misères insupportables.
A laisser le monde aller à vau-l'eau, on laisse se multiplier les crises, comme celle d'origine bancaire et financière, dont on n'est pas sorti et celle où l’on rentre derrière la Grèce victime d'un système incontrôlé et « achevée » par ses tenants qui après l'avoir poussée au pire lui mettent le couteau sous la gorge.

Et je fais miens ces mots de Coluche : « La franchise ne consiste pas à dire ce que l'on pense mais à penser ce que l'on dit »,
Personne ne doit douter de ma franchise ni quand je parle des crises et de leurs responsables, ni quand je réfléchis à l'avenir de nos retraites, ni quand je m'inquiète de l'avenir de notre terre.
Si, en effet, les conséquences d'une éruption volcanique sont difficilement prévisibles et même si elles nous interpellent sur nos fragilités, la marée noire du golfe du Mexique est le résultat unique d'une activité humaine désordonnée et souvent irresponsable, pour cause de « gros sous ».

Il est donc bien malheureux de constater que le gouvernement français, suivant en cela les autres gouvernements a entrepris une démarche peau-de-chagrin pour ce qui fut sans doute au départ « l'immense espoir du Grenelle »...
Le MEDEF est passé par là.

Et tous à Shangaï !, le temple chinois libéralo-communiste, du clinquant et du gaspillage.
La Chine s'est éveillée ! Elle a découvert le capitalisme dans ses formes les plus irresponsables pour notre avenir et « nos vieux mondes », éblouis, applaudissent.

De vieux mondes qui, chez eux, croulent sous l'indifférence, l'égoïsme et les incivilités. Ces incivilités, je le dis, ne sont pas que le fait de jeunes difficiles dans les quartiers, pas plus que la délinquance, une délinquance qui, nous dit-on, coûte à la France 115 milliards d'euros (soit autant que l'Education Nationale), une délinquance et ses images récurrentes de « caillassage » de bus, une délinquance dont la partie la plus coûteuse reste encore celle que l'on appelle « délinquance en cols blancs ».

Confucius l'a dit vers 500 ans avant J-C. :
« Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux ».
2500 ans plus tard, tous les responsables politiques, économiques et sociétaux devraient le méditer sans cesse.

Personnellement, je m'y emploie, ne serait-ce que pour éviter ce qu'à dit Alfred CAPUS, journaliste et dramaturge :
« C'est surtout quand les journées paraissent longues que les années passent vite ».
Quand on a passé les 65 ans, les années passent vite...

Il m'arrive, comme beaucoup sans doute, de me pencher sur mon passé, un passé relativement récent de 30 à 35 ans qu'il est facile de maîtriser, un autre beaucoup plus ancien, celui de sa jeunesse, voire de son enfance, qui finit par se confondre avec un passé plus livresque, un passé qui n'est pas le sien mais qu'on ressent parfois comme tel et qui nous donne des vertiges et des onces d'espoir.

J'aime beaucoup à ce propos ces paroles de Ciceron (Marcus Tullius Cicero) :
« L'histoire est le terrain des temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, l'institutrice de la vie », des paroles qui ont 21 siècles d'âge... et qui « n'ont pas pris une seule ride ».

Dois-je aujourd'hui 4 mai 2010, écrire encore autre chose ?
Ou ces paroles se suffisent-elles à elles-même ? La question porte en elle sa réponse.







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