Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n° 75 du 20 avril 2010
Trouver d'autres solutions et ouvrir d'autres voies.


A l'heure où, à travers le monde, des millions de voyageurs galèrent dans l'attente d'un avion qui doit les ramener chez eux, où 150 000 Français, nous dit-on, attendent un vol pour regagner notre pays, où des millions de tonnes de marchandises et d'aliments ne quittent plus leurs lieux de stockage, j'ai peiné à chercher une citation pouvant ouvrir mon 75ème carnet dans de telles circonstances.

En voici une de Charlie Chaplin :
« Quand le destin se mêle du sort des hommes, il ne connait ni pitié ni justice ».
Citation, sans doute pas très optimiste, que j'ai donc accompagnée d'une autre qui l'est davantage,
elle est de W. Clément Stone :
« L'adversité contient toujours le ferment d'une nouvelle chance »

Voilà en effet presque cinq jours complets qu'en raison du réveil d'un volcan islandais, notre monde moderne s'est quasiment arrêté de bouger.
Aux informations, quatre simples questions reviennent en boucle :
« Rouvriront ? Rouvriront pas ? Où ? Quand ? »

S'il fallait un exemple de plus de notre fragilité, le voilà trouvé.
Nous vivons en permanence au bord d'un précipice dont nous nous sommes volontairement rapprochés par facilité, et nous nous rendons compte, aujourd'hui, que nous pouvons y tomber.

C'est vrai pour notre fragilité vis-à-vis des pulsions de la nature : raz-de-marée, volcans mais aussi des cycles courts climatiques. C'est vrai pour nos pollutions et gaspillages.
C'est vrai pour la santé. C'est vrai pour l'alimentation et l'eau.

Et je ne parle pas aujourd'hui des conséquences, en termes de violence et de liberté, de nos lâchetés vis-à-vis de ceux pour qui le désir de liberté est « un luxe pour riches », finalement bien pratique pour essayer de les asservir.

« Dans quel monde vivons nous ? » aurait dit ma grand-mère qui, pourtant de 1914 à 1918 et de 1940 à 1945, « en avait vu d'autres ».

Mais parce que je suis, envers et malgré tout, un incorrigible optimiste, j'ajouterai l'autre question : « Dans quel monde vivrons-nous ? » (une question dont la réponse dépend davantage de nous), car comme l'a écrit Tacite :

« Il y a plus de grandeur d'âme à supporter le poids de l'adversité qu'à s'en décharger »

Le monde, en effet, ne peut pas continuer à accroitre ses fragilités d'autant plus que chaque fois le sacro-saint « principe de précaution » contribue à en aggraver brutalement les conséquences (souvenons nous de la gestion du risque grippal H1N1...).

Si principe de précaution il y a, il faut l'intégrer dans tous nos dispositifs pour éviter les voies uniques qui conduisent à des impasses. Il faut concevoir en toutes choses, des dispositifs alternatifs qui ouvrent d'autres solutions et voies de passage.
C'est vrai pour les communications de toute nature ; c'est vrai pour les énergies et leurs diversifications, c'est vrai pour les productions d'aliments, leurs réserves et l'eau (Rappelons nous les greniers à grains d'autrefois) mais c'est vrai aussi quand on parle du dossier des retraites, de l'emploi, de la formation voire des modes de vie.

On ne peut se contenter d'essayer de répondre aux enjeux du futur en modifiant plus ou moins profondément les conditions d'aujourd'hui.

Il faut savoir « remettre les questions à plat ».
Il faut savoir retrouver le bon sens en s'appuyant sur l'expérience et sur l'histoire.
Il faut savoir ne jamais oublier que, vis-à-vis de l'espèce humaine, c'est la nature qui a été, qui est et qui sera toujours la plus forte.

L'être humain paie et paiera sa folie de croire qu'il domine tout !

Je repense en cet instant à la Fontaine qui dans « Le corbeau et le renard », au moment de conclure, nous disait « Cette leçon vaut bien un fromage... »
Aujourd'hui le fromage est bien gros et sans doute très coûteux mais ce n'est rien à côté de ce qui nous attend si l'espèce humaine ne change pas de comportement !

Très, très modestement, c'est cette philosophie qui domine largement ce mouvement que j'anime depuis huit ans et qui s'appelle "Rassemblement Citoyen".

Il faut savoir sortir des cadres préétablis, refuser les petites facilités et les grandes lâchetés, rassembler toutes les bonnes volontés... Il faut savoir OSER !

Au quotidien, le développement durable implique de mesurer toutes les conséquences et tous les coûts de nos décisions, et ce, au delà des modes.
En permanence, il faut que l'action sociale vise à aider les gens à s'en sortir et à ne pas « plonger » plutôt que de les aider à moins souffrir quand ils sont « au fond du trou ».
Il faut concevoir la vie dans sa globalité avec le travail qui la nourrit à tout âge, qu'il soit le résultat d'un contrat ou d'une action au service des autres.

Il faut rappeler à chaque instant à tous qu'il n'est pas de droits sans devoirs, que la république est là seule alternative au communautarisme, que la laïcité est la seule garantie d'une vie libre dans la diversité.

Somme toute, si « Changer la vie » est un rêve démesuré, et, sans doute, difficilement accessible, il sera d'autant moins accessible qu'on n'essaiera pas de l'atteindre !

Oui, avec « Rassemblement Citoyen » à Villeneuve d'Ascq et dans un nombre croissant de communes, c'est ce à quoi nous réfléchissons en visant non pas à être les seuls mais à être un exemple pour d'autres mouvements ou partis plus puissants que nous.

Si « la crise du ciel » pouvait nous y aider en nous obligeant à regarder l'avenir, à réduire nos fragilités, à rajouter de la vie aux années, à utiliser mieux l'expérience, somme toute, si cette crise pouvait nous inciter à remettre l'humain dans toutes ses dimensions au cœur de tout, elle n'aura pas été inutile.
Mieux, elle aura été utile !

« Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au dessus des hommes, il faut être avec eux »
Charles-Louis de Seconda, baron de la Brède et de Montesquieu
(plus connu sous le nom de Montesquieu)







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