Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°74 du 16 avril 2010
Ce qu'il faut, c'est de l'action.


Le soleil était là. Mon petit voyage s'était bien passé. Au volant de ma voiture, je regagnais Villeneuve d'Ascq en écoutant « La symphonie inachevée » de Schubert.

Les panneaux d'informations électroniques annonçaient la fermeture de l'aéroport de Lesquin pour une une durée de 24 heures, du fait sans doute, pensais-je alors, de travaux d'entretien.
La réalité était toute autre. Au sud de l'Islande, le volcan du glacier Eyjafjallajökull était entré en éruption et le ciel européen se fermait immédiatement à tout trafic. Somme toute, un volcan s'était réveillé et notre monde « dit moderne » était entré brutalement dans une forme de sommeil.
Quelle leçon de plus sur nos fragilités, après toutes celles consécutives à nos actions et activités humaines : pollution, épuisement de nos ressources, violences et terrorisme.
Dans la soirée, on nous confirmait la fermeture de 25 aéroports en France et celle de la plupart des espaces aériens européens.
Pour combien de temps ? En ce vendredi 16 avril au matin, personne ne le sait encore.
Tout sera fonction de la durée de l'éruption et du sens des vents, toutes choses qui ne dépendent pas de l'action humaine.
Je pensais à cet instant à un roman d'anticipation lu dans ma lointaine jeunesse « Et le soleil devint tout noir ». Certes, on en est encore loin, mais après les dernières catastrophes naturelles qui se sont abattues sur tous nos continents, n'est-il pas temps de s'interroger sur la fragilisation croissante de notre planète qui réduit le temps et l'espace et permet une réaction à la dimension de la catastrophe majeure qui pourrait un jour nous frapper ?

On sait, par exemple, que certaines catastrophes interrompraient toutes les communications terrestres liées aux champs magnétiques.
« Adieu (alors) veaux, vaches, cochons, couvée... » - (« La laitière et le pot au lait » de Jean de la Fontaine, à lire, pour les amateurs, dans son intégralité).

Si on ajoute à cet événement, aux conséquences planétaires, la grève de la SNCF qui perdure dans le Sud-Est, les « naufragés des transports » vont, en cette fin de vacances d'avril, se compter en France par centaines de milliers.

Le fait est, en effet, que tout est imbriqué dans nos sociétés fragilisées : les transports, les communications, les approvisionnements et demain l'alimentation et même l'eau.

Ajoutons à cela les poussées de violence qui, dans certaines villes et certains quartiers, illustrent ce que l'on appelle « la loi de la jungle » et qui aussi nous remémorent certains films catastrophes ou d'anticipation. N'est-il pas temps, je le répète, de retrouver « nos fondamentaux », de refuser le confort de nos faiblesses, de dire haut et fort les conditions d'un monde qui cesserait de marcher sur la tête.

Raymond Queneau l'a écrit : « L'histoire est la science du malheur des hommes ».
Jean Giraudoux, dans un sens, l'a confirmé en s'interrogeant : « Qu'est-ce que la tragédie ? C'est l'affirmation d'un lien horrible entre l'humanité et un destin plus grand que le destin humain ».

On comprendra que tout cela me conforte dans une dernière croisade pour une autre vie, un autre monde, une autre croissance.
On comprendra aussi que les débats politiciens à tous les niveaux et dans tous les partis m'agacent au plus haut point quand on sait que c'est la vie même de nos enfants qui est en jeu.

Je citerai une nouvelle fois encore Jean de la Fontaine qui nous prévenait déjà en son temps en déclarant :
« Quand le mal est certain, la plainte ni la peur ne change le destin ».
Ce qu'il faut, c'est de l'action :

Le travail que je fais sur le logement à LMCU s'inscrit dans ce cadre, la préparation de notre ville à l'horizon 2020 aussi, notre action quotidienne contre la misère, la violence et la délinquance en est une forme récurrente et essentielle.

Si on ajoute à cela le dossier des retraites dont la gravité mériterait mieux que cette saillie à la hussarde de l'UMP en la matière, oui il serait plus que temps de voir s'opérer un peu partout de grands rassemblements d'idées avec des femmes et des hommes ayant en commun une volonté forte d'actions sur les leviers essentiels de l'avenir de l'humanité.

Puissent les oppositions de toutes couleurs, de gauche au niveau national, comme de l'UMP au niveau local, méditer cette citation d'Alphonse Karr :
« L'opposition systématique se donne bien garde de demander quelque chose qu'elle pourrait obtenir, car alors il lui faudrait être contente pour l'opposition, et être contente pour l'opposition, c'est cesser d'être... ».
C'est très cruel mais tellement vrai !

Pour autant dans le monde périlleux que nous vivons, je veux encore croire que cela peut changer.







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