Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°71 du 6 avril 2010
Personne ne m'enlèvera ma liberté de penser.


Il y a huit mois, le 6 août 2009, je reprenais l'écriture de mes carnets, une écriture interrompue à la suite de ma réélection de mars 2008 après 19 ans d'exercice presque quotidien.
Ils sont devenus bi-hebdomadaires et leur style a changé, comme sans doute leur auteur.
Ils sont moins descriptifs du quotidien qu'auparavant et, je l'espère, davantage profonds.
Ils sont lus chacun près de 400 fois et quelques fois repris par la presse locale sous forme de « petites phrases ». Ils sont souvent commentés et à peu près connus de tous ceux qui s'intéressent à « la chose publique ».
Ils sont aussi, pour moi, le moyen de me ressourcer en permanence pour mieux inscrire mes multiples décisions et actions journalières dans un cadre de valeurs et de pensée que j'espère cohérent.
Ils sont rythmés de citations, ce qui étonne plus d'un de mes lecteurs et en agace quelques autres... et la question m'est souvent posée du « pourquoi » de ce choix d'écriture.
La raison première est simple : il s'agit pour moi de prouver ce que je crois profondément : qu'il n'est de richesse que dans l'humain, que la pensée de l'homme est intemporelle voire éternelle, qu'elle colle toujours à une actualité, elle-même quasiment éternelle, et ce, quel que soit le nombre d'années, de décennies, de siècles ou de millénaires qui nous séparent de leurs auteurs.
Il en est de même de Jean de la Fontaine qui vécu au 17ème siècle, dont certaines de ses fables n'ont pas pris une ride quand il s'agit de décrire les mœurs politiques tout en éclairant d'un jour, par beaucoup méconnu, la liberté de ton qui existait sous Louis XIV.
Tout est dit ou presque, avec « Le corbeau et renard » (cette leçon vaut bien un fromage), « Le loup et l'agneau » (la raison du plus fort est toujours la meilleure) sans oublier bien sûr ma petite préférée «  La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » (et la chétive pécore...)

Alors, oui bien sûr, à l'heure des SMS et des blogs, il est parfois difficile de lire un texte en entier, d'en analyser les nuances et d'en accepter l'absence de langue de bois ou de pensée unique.
Ce n'est pas cela qui me fera changer de style et de ton.
J'aime cette citation (dont je n'ai pas retrouvé l'auteur) : « Personne, j'ai bien dit personne, ne m'enlèvera ma liberté d'expression et de pensée », une citation, sinon un cri, repris par Florent Pagny : « Vous n'aurez pas ma liberté de penser ! »

Alors oui, quand je parle d'effet « Marine », je n'accuse ni ne compare personne. Je constate simplement, en le regrettant, que le débat politique, l'échange de propositions, la recherche de points d'accord possibles, s'effacent de plus en plus au profit d'invectives. Quand le but n'est plus que d'exister en s'opposant à tout, il n'est pas étonnant de voir les citoyens prendre davantage de recul encore vis-à-vis de « la chose publique ».

Et pour moi « la chose publique », en France, quand il y a plus de 3 millions de chômeurs, près de 10 millions de citoyens sous le seuil de pauvreté, des centaines de milliers de mal logés ou de sans logement , des millions de jeunes et de moins jeunes en sous ou mal nutrition, oui pour moi « la chose publique » c'est de chercher des solutions y compris en écoutant « l'adversaire politique » et de trouver ensuite les bases du plus large consensus possible pour les mettre effectivement en œuvre.
C'est ce qu'une nouvelle génération de socialistes essaie de faire, certes en balbutiant, à propos des retraites ou de la justice fiscale.

Pour moi, à Villeneuve d'Ascq aussi, « la chose publique » c'est d'essayer de faire plus et mieux même quand on n'a pas davantage de moyens, c'est d'aller à la racine de la misère pour sauver tous ceux qui peuvent l'être, c'est d'ajouter de la vie aux années et de bons moments à vivre pour celles et ceux qui n'ont pas les moyens d'aller les chercher ailleurs.

J'avoue avoir pris, ce week-end, malgré le temps, beaucoup de plaisir à regarder tous ces enfants aller à « la chasse aux œufs » dans plusieurs quartiers grâce au partenariat renforcé entre des associations et la mairie.

Non, vraiment non, personne, ne m'empêchera de penser et de m'exprimer contre les intégrismes religieux de tous bords, pour une défense résolue du droit républicain et de la démocratie représentative, pour une recherche scientifique qui se penche sur les graves problèmes de notre planète, pour des modes de vie choisis et cela même s'il faut tenir compte des contraintes, pour une éducation nationale priorité n°1, pour un droit absolu à la sécurité et des moyens d'État pour le faire respecter.
Contrairement au chanteur, je ne suis pas prêt « à vendre mon âme au diable » mais comme lui « on ne m'enlèvera pas ma liberté de penser ».

Vacances scolaires et choix de vie obligent, les prochains jours vont me laisser un peu de temps, ce qui me permettra :

On le voit, le travail ne manque pas pour toutes celles et tous ceux qui, au delà de leurs différences, veulent, réellement, apporter quelque chose aux autres et à leur ville en dépassant de tristes pantomimes et postures politiciennes.

Et je terminerai ce 71ème carnet avec d'ores et déjà en tête un ouvrage estival qui reprendrait des « morceaux choisis » des 101 carnets que j'aurai alors écrit « Pour quelques coquelicots de plus... », par ces deux citations :

Une est de Luis Sepulveda,
« Il est dit que tout homme doit découvrir quelque chose qui justifie sa vie ».

L'autre est de Marie-Claude Bussières-Tremblay,
« La vie est trop courte pour la passer à regretter tout ce qu'on n'a pas eu le courage de tenter ».







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