Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°39 du 15 décembre 2009

Chaque goutte de sève...


« Chaque goutte de sève contient la plénitude de l'arbre entier ».

Quelle belle image, cette citation de Maharishi Maresh qui nous dit tout, en dix mots, de la vie, de sa force et de sa fragilité...

Je l'avais bien sûr à l'esprit quand, ce samedi 12 décembre 2009 à 10 heures, nous avons planté un Ginkgo Biloba, « l'arbre aux 40 écus » symbole de la régénération de la nature depuis des millions d'années, cet arbre qui a résisté et qui a repoussé après la bombe à Hiroshima, un arbre donc qui illustre parfaitement l'urgence écologique qui menace aujourd'hui de terrasser l'espèce humaine.

Nous l'avons dressé sous un soleil automnal en haut de notre Colline des Marchenelles 27 ans après avoir « inventé » avec Alain Villain cette forêt aujourd'hui majestueuse, une demi-heure après avoir baptisé le géant KLIMATO sous l'œil de nos géants Villeneuvois et le souffle de la fanfare « TE KOOP TE HUUR » au bord du lac du Héron, un espace de plus de 100 hectares lui aussi sauvé par la municipalité d'après 1977 sous mon impulsion, il y a donc 30 ans, « d'une urbanisation intense ». Le Héron un autre et beau symbole d'une volonté écologique de notre part qui ne date pas, on le voit, « d'avant hier matin »...

Si, en effet, aujourd'hui, notre ville compte encore des dizaines d'agriculteurs et des centaines d'hectares de terres agricoles, ce n'est pas dû ni au hasard ni à une mode récente mais à une volonté anticipative que nous avons alors portée envers et contre de puissantes forces financières.

Et même si, comme l'a écrit Benjamin CONSTANT : « la reconnaissance a la mémoire courte » ... (et c'est vrai dans tous les domaines...), il est parfois bon de le rappeler.

C'est ce que j'ai fait samedi dernier, 27 ans après les 100 000 premiers plans forestiers, en nous donnant rendez-vous dans 27 ans pour nous retrouver sous le feuillage du Ginkgo Biloba...

J'avais aussi en tête cette image de la Ville du 21ème siècle et de Villeneuve d'Ascq dans 15 ans, vendredi dernier en Conseil LMCU, quand j'ai fait mon rapport de 18 mois de travail sur le logement. Comment construire davantage ? Rénover l'existant ? Assurer une continuité résidentielle ? Répondre aux besoins ? Conserver de l'espace et des surfaces agricoles ? Gérer les économies d'énergie ?
Somme toute, comment répondre à cette « quadrature du cercle » sans redresser des tours et réinventer des ZUP qu'on s'empresse aujourd'hui de « déconstruire »?

Une belle question pour les tenants de la densité et de l'intensité urbaine qui vont des Roubaisiens socialistes aux Verts communautaires et qui couvrent bien des bancs du conseil de LMCU.

Dans ce débat, j'apporte ma contribution avec pugnacité. C'est ce qui m'a conduit à décliner des offres de places, pour d'autres sans doute « alléchantes », aux élections régionales considérant que je n'aurai pu, pour des raisons d'éthique et de temps, la cumuler avec mon travail communautaire encore inachevé en 2010.

Cela n'aura pas empêché Rassemblement Citoyen de négocier avec les Verts d'Europe Écologie, après le non-lieu des Socialistes, le peu d'empressement du Front de Gauche et l'attentisme du Modem.
Cela n'a pas, au contraire, empêché un rapprochement important à LMCU entre le groupe RC et l'APM du maire de Mons.

Vendredi prochain, le 18, les militants de RC décideront entre une alliance, sans doute pas facile, mais peut-être porteuse d'avenir et un repli plus confortable dans l'attente d'échéances sans doute plus propices.

Je peaufine ma position, en m'entourant d'avis et de conseils, tout en re-précisant les conditions et l'esprit d'une nouvelle alliance dans la diversité, le respect mutuel et la solidarité, des principes qui s'appliquent aussi aux dossiers villeneuvois dans notre vie quotidienne.

J'ajoute enfin que ces réflexions s'inscrivent aussi pour moi dans la construction nécessaire pour faire reculer l'UMP d'une « arche » humaniste et républicaine, citoyenne et solidaire, volontaire, et laïque qui pourrait, le moment venu en 2012 autour du PS et des Verts, avec des forces citoyennes comme RC, l'apport du MODEM et l'engagement du Front de Gauche, constituer la force alternative à la droite conservatrice, libérale et marchande aujourd'hui au pouvoir.

Cet espoir mobilise aujourd'hui toute mon énergie et toute ma foi dans l'avenir, conscient comme She LAO que : « La vie est une œuvre que l'on crée à chaque instant »,

et que : « Celui qui veut être vrai doit risquer de se tromper » (Karl Jasper).

Somme toute, à cet instant de ma vie, peut-être à un tournant, plus que jamais je me suis convaincu que « si on ne peut s'empêcher de vieillir, on peut s'empêcher de devenir vieux » et que si on a la certitude « que tout a une fin, même la vie », on a une conviction, « qu'il faut toujours vivre chaque instant, penser et construire l'avenir... comme si on était éternel ».

En ce matin d'hiver, à l'heure où tant de nos concitoyens souffrent de faim, de froid et d'absence, d'espoir, je terminerai par deux pensées d'Albert CAMUS, extraites du « mythe de Sisyphe » pour l'une,
« Une seule certitude suffit à celui qui cherche »,

« Les Justes » pour l'autre,
« La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur terre ».






039