Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°33 du 24 novembre 2009

La volonté d’arriver suffit à tout.


Né en 1913 et mort le 4 janvier 1960, trois ans après avoir reçu le Prix Nobel « pour l'ensemble d'une oeuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes », l'auteur de « La Peste » et de « L'étranger », Albert CAMUS, restera, depuis mes années d'adolescence, l'auteur dont la pensée, l'écriture plurielle, la morale plutôt que la doctrine a marqué ma vie et ma pensée. Près de 50 ans après sa disparition, le monde médiatique l'a rattrapé avec bonheur.
Ses biographes ont dit de lui qu'il ne pouvait être réduit à un archétype et qu'en politique comme en philosophie, il occupe une posture « en équilibre, personnelle, en tout cas difficile à rattacher à une quelconque idéologie ».

Si on pouvait un jour dire cela de moi, cela m'irait très bien, car c'est bien là le signe d'une vraie liberté.
Les citations qui me viennent de lui sont particulièrement nombreuses et je ne m'en priverai pas aujourd'hui :

« La société politique contemporaine : une machine à désespérer les hommes » (Extrait d'Actuelle)

«  Que préfères-tu, celui qui veut te priver de pain au nom de la liberté ou celui qui veut t'enlever ta liberté pour assurer ton pain ? »
Tout est dit ou presque avec ces deux citations, qui, dès les années 50 expliquent encore bien des choses en ce début de 21e siècle.

L'affrontement des idéologies communiste et capitaliste, la victoire du libéralisme en 1989, et consécutivement aujourd'hui une vie politique « qui désespère » car réduite à des querelles de personnes, des ambitions effrénées et un jeu partisan de répartition des postes de pouvoir qui prime sur tout le reste.

La préparation des élections régionales s'inscrit tout à fait dans ce schéma avec, à droite, le chiffon rouge de l'insécurité assorti de propositions parfaitement disproportionnées et surtout inefficaces, tandis qu'à gauche, faute d'avoir des idées, on joue à la calculette pour essayer de contenter le plus grand nombre possible d'apprentis candidats.

Au risque de décevoir certains de mes amis, j'ai bien fait de refuser de me prêter personnellement à ce jeu préférant me consacrer à mon travail de maire et de vice-président au logement de LMCU.

Au demeurant, Rassemblement Citoyen continuera cette semaine à parler programme et gouvernance d'une région Nord-Pas-de-Calais qui a souvent failli en la matière ces dernières années. Notre place éventuelle sur une liste ne sera donc effective qu'en cas d'accord sur des lignes nouvelles et vote d'approbation des militants de RC.

« La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent » (Albert CAMUS : « L'homme révolté »)
Dans le même esprit, les propos d'Eric Besson sur les employeurs de sans-papiers, le procès pour délits d'initiés des anciens dirigeants d'EADS, mais aussi les grèves justifiées à la Poste et à l'Education Nationale, le tout assorti des doutes citoyens sur la vaccination contre la grippe A illustrent parfaitement une situation délétère quand il faudrait une société rassemblée pour nous sortir de la crise.

« Celui qui désespère des évènements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou » (Albert CAMUS : « Carnets »).
Oui, envers et contre tout, je préfère être un fou plutôt qu'un lâche et c'est pourquoi je ne ménage pas mon temps pour ma ville qui devra être un grand pôle rayonnant avec tous les attributs de l'urbanité en termes d'activités, de loisirs, de sport, de foisonnement, de culture, de jeunesse.

Tout est une affaire de limites et d'équilibre, sans quoi il n'est pas de vie collective possible et la porte est ouverte à « la dictature des égoïsmes ».

« 2010 la belle année pour Villeneuve d'Ascq », une année de relance pour un nouveau développement dans une métropole rassemblée dans sa dimension transfrontalière.

Hier, lundi, l'Eurométropole se réunissait en assemblée générale à Courtrai.

Une belle image, cependant assombrie par des embouteillages et des bouchons infernaux qui nous rappellent l'urgence écologique, les besoins d'infrastructures nouvelles et surtout l'insuffisance de transports collectifs métropolitains « tissés plus serrés ».

« Créer, c'est vivre deux fois » (« Le mythe de Sisyphe », Albert CAMUS)

En Europe aussi, il faut créer car tout reste à faire en ce début du 21e siècle où le souffle originel est retombé sans être relayé par un nouvel élan.

C'est pour essayer d’y contribuer très modestement que « Citoyen d'Europe » continue et tiendra son AG demain. Celles et ceux qui veulent y croire encore y seront les bienvenus.

Que personne n'oublie qu'il y a 65 ans, on comptabilisait dans le Bloc 15 de la caserne d'HAÏDARI, notre ville jumelle grecque, près de 2000 fusillés pour des faits de résistance aux Nazis ou tout simplement parce que leurs bourreaux en avaient décidé ainsi.
Ces temps ne sont pas si lointains et il ne faudrait pas les oublier.

Pas plus qu'il ne faudra jamais oublier ce que la classe ouvrière du Nord-Pas de Calais a donné au développement industriel de la France.
Les plus de 3000 victimes de la mine de la Chine en un an nous le rappellent.

Tout comme la belle création « Entreterres », sur le travail et la mine, déjà évoquée ici et qui sera reprise à la Rose des Vents en novembre 2010. Ce sera un beau symbole de la rencontre entre modernité et tradition, condition d'un nouvel avenir bien ancré sur ses racines.

C'est ce que les deux grandes dames qui nous ont quitté ces derniers jours, Thérèse Vermuse et Milou Debisschop ont toujours eu au coeur dans leur militantisme, leur humanité et leurs passions, tels aussi Paul et Christiane Bergiron.

Et à leur intention comme à celle de toutes celles et de tous ceux qui souffrent et nous quittent au fil du temps qui passe, une citation de Camus :
« Le grand courage, c'est encore de tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort »

Et puis encore, lue dans « Le Mythe de Sisyphe »
« En vérité, le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout »






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