Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°96 du 6 juillet 2010
Eviter de refaire les mêmes erreurs.


En entendant, ce lundi, sur tous les médias, ce résultat terrible pour notre démocratie d'un sondage réalisé auprès des Français qui, nous dit-on, considèrent, à 64%, que les hommes politiques sont corrompus, j'ai repensé à cette citation de Konrad Lorenz :
« Il faut se demander ce qui porte le plus gravement atteinte à l'âme des hommes d'aujourd'hui : leur passion aveuglante de l'argent ou leur hâte fébrile? »

Il faut dire que le pouvoir UMP aux affaires à Paris, à l'Élysée, à Matignon et dans les ministères n'a pas cessé, depuis trois ans, de creuser un terrible sillon jusqu'à en faire une profonde fracture, qui, d'un désamour croissant, est devenu un véritable rejet qui fait le lit des populistes et des extrémistes.
Certaines ou certains s'en consoleront en disant qu'il suffira en 2012 de changer de président, de parti dominant au pouvoir et de majorité politique.
Ce n'est pas si simple, car quand bien même ce changement serait une condition nécessaire, il est bien loin d'être une condition suffisante.

« Les mauvaises habitudes », les petits mépris de la loi, les « arrangements entre amis » ne datent pas d'hier et je suis même obligé de dire qu'ils ne sont pas l'exclusivité de l'UMP.
J'en ai connu bien d'autres, et pas simplement au niveau national, et ce n'est pas parce que des amnisties bien pratiques sont venues les effacer des « tablettes de la loi » qu'elles les ont effacés de nos mémoires.

Quand l'attrait du pouvoir, ou son désir de conquête, conjuguent hâte fébrile et passion aveuglante de l'argent, notre république et ses valeurs sont blessées. Non seulement, ils sont à l'origine de délits financiers, mais, en plus, ils conduisent à toutes les formes de mensonges et de réécriture de l'Histoire qui contribuent à accroître les troubles, les doutes et les angoisses de nos concitoyens.
Et ils conduisent, bien sûr, « les politiques » à chercher chez les autres les raisons de leurs désaveux d'abord et de leurs échecs ensuite...

Quand un Président de la République, trois ans après son élection, est rejeté par plus des deux tiers des citoyens ou qu'un maire sortant dépasse à peine le quart des suffrages exprimés, ils devraient savoir se remettre en cause sans chercher ailleurs qu'en eux-mêmes les motifs de ces rejets.

Et c'est pourquoi je le redis : si en 2012 je souhaite le départ de Monsieur Sarkozy, je sais aussi que cela ne suffira pas à changer le système si les comportements politiques classiques ne sont pas changés et leurs auteurs définitivement écartés.
Au niveau de l'État comme au niveau d'une collectivité territoriale, il faut respecter toutes les règles qui consistent d'abord à appliquer les décisions prises quitte à en modifier certaines modalités.

Il faut surtout ensuite dans ses propres décisions éviter de refaire les mêmes erreurs.

Il faut cesser de considérer que la communication tient lieu d'action et rompre définitivement avec ce que j'appelle « l'effet barbe à papa ». Il faut donc gérer au mieux les conséquences des décisions passées, prendre aujourd'hui les bonnes décisions et surtout préparer un avenir différent.

A Villeneuve d'Ascq, c'est ce que nous avons fait pour gérer les conséquences des décisions prises sur quelques grands dossiers comme le Grand stade, mais aussi sur de gros équipements de toutes natures, que le maire précédent aurait sûrement dû mieux calibrer pour mieux les intégrer. Et il en est de même pour des opérations de logements trop densifiées et sans équipements publics d'accompagnement suffisants.

On ne fait, en effet, pas une ville en se soumettant aux autres, que ce soit à d'autres collectivités, d'autres leaders politiques ou toutes autres forces ou pouvoirs. Les citoyens villeneuvois ne l'ont jamais accepté et ne l'accepteront jamais.
C'est pourquoi, depuis deux ans à Villeneuve d'Ascq, nous avons entrepris une réhabilitation accélérée de nos équipements municipaux et du patrimoine de logements locatifs sociaux sans oublier les espaces publics systématiquement réparés et nettoyés.

Nous avons instauré une extrême rigueur financière, dès mars 2008, après des années de hausses de toutes les dépenses de fonctionnement ce qui nous a évité « d'aller droit dans le mur » à l'heure de la crise.
Nous avons resserré, en la remobilisant, notre « machine municipale » pour rendre mieux les services à la population tout en en maîtrisant les coûts.

A Villeneuve d'Ascq, la vie quotidienne des citoyens est redevenue notre priorité sous les responsabilité de ma première adjointe, Maryvonne Girard.

Si, comme l'a écrit Ben Tilton : « Le succès n'est jamais total, l'échec n'est jamais complet. Il n'y a que le courage qui compte », je peux dire que ce n'est pas le courage qui me manque, pas davantage que la volonté et la santé.

Je veux m'appuyer pour cela à Villeneuve d'Ascq, et au-delà, sur les citoyens en leur tenant un langage de vérité, sans concession, ni mensonge, ni démagogie. Je veux aussi m'appuyer sur notre jeunesse en l'ouvrant davantage encore aux sports (les vrais) et à la culture (la vraie).

Nous voulons aider nos jeunes à s'ouvrir davantage sur la vie en leur offrant des perspectives et des motifs de se battre pour réussir dans le cadre de notre république et sous les couleurs d'une France européenne.

J'essaie ainsi de répondre à Jesus Hermida qui demandait :
« Faites en sorte que l'enfant que vous étiez n'ait pas à rougir de l'adulte que vous êtes ».

Et quand Jacques Attali pose cette question: « Y a-t-il encore place aujourd'hui pour les utopies après tant de crimes perpétrés en leur nom ? », j'ose répondre oui, si ce sont des "utopies" républicaines, laïques, morales et citoyennes dans un esprit de rassemblement de toutes celles et tous ceux, qui, un peu partout, partagent ces mêmes valeurs et ces mêmes volontés.

Si personne n'en a l'exclusivité naturelle, personne ne doit en être à priori exclu s'il partage les valeurs de notre république. Mais d'ici là, et très vite, le Président de la République doit remettre de l'ordre dans son camp et l'opposition, tout aussi vite, se débarrasser de celles et ceux qui, une fois en place, ne feraient sans doute pas mieux que ceux qui sont aujourd'hui en service.

« I have a dream », j'ai un rêve.

En ce début de juillet 2010, en lisant ces mots de Warren Buffet :
« Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps »,
alors, oui, j'ai fait un rêve, le rêve que, le moment venu, beaucoup de nos enfants et de nos petits enfants profitent des ombres portées par les arbres que nous avons plantés.







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