Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°59 du 23 février 2010
Apprendre partout où c'est possible.


Si l'Histoire (avec un grand H) n'appartient à personne et si même, il est très peu de personnages qui l'ont (en bien ou en mal) véritablement façonnée, la plupart y compris parmi les plus « grands » n'étant finalement là qu'au bon ou au mauvais moment pour accompagner, symboliser et parfois accentuer un mouvement, un épisode ou un événement qui, presque toujours, se serait produit sans eux. Chacun a aussi son histoire (avec un petit h), une histoire qui s'inscrit dans la grande avec plus ou moins de bonheur.

Si, parce que, convaincu que « les mémoires d'un politique » ne sont à l'Histoire que ce que Viollet-le-Duc est à l'architecture, je me suis toujours refusé à écrire les miennes, on m'autorisera néanmoins aujourd'hui, à la veille du 40ème anniversaire de la fusion du 25 février 1970 qui a donné naissance à « la nouvelle ville » de Villeneuve d'Ascq, de survoler ces 40 années de ma vie, voire même un peu plus...

Né en 1945 dans l'Aisne à Royaucourt et Chailvet, j'arrive en 1964 à Lille pour des raisons professionnelles. J'y adhère à la SFIO avant de rencontrer pour la première fois François Mitterrand en 1965 au Palais de la Bière et de le soutenir ensuite à Clermont-Ferrand durant 2 ans au sein de la FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste).
Revenu dans le Nord fin 68 et arrivé à Villeneuve d'Ascq début 70, je milite à gauche pour des idées et des valeurs qui ne varieront jamais depuis mon adolescence jusqu'à aujourd'hui et ce, sans avoir de projet de carrière politique.
La fusion du 25 février 1970 n'est pour moi qu'un épisode où je regrette simplement le manque de transparence des droites de l'époque. Les municipales de 1971 où le PS arrive en 4ème position ne me mobiliseront pas davantage.
Il faudra une crise municipale à droite en 1975 et les élections partielles de 1976 pour que je m'affirme comme « animateur » de l'équipe socialiste villeneuvoise avant de passer devant le PCF d'Ivan Renar, un PCF qui en 1971 était près de sept points devant le PS.
C'est ce qui me conduira au poste de maire en 1977 avec des réélections toujours en progrès en 1983, 1989 et 1995 accompagnées de trois mandats de député européen.
Le 27 février 2000, j'annonce que je ne serai pas candidat en 2001.
J-M Stievenard, allié aux Verts, l'emporte avec 58 % (contre 67% en 1995 sans les Verts).
Quelques mois plus tard, c'est ma rupture avec le PS.
Le 27 février 2002, je fonde Rassemblement Citoyen avant d'échouer en juin aux législatives où je me présente contre Bernard Derosier et l'appareil socialiste.
« Mis à l'index » de la politique, on tentera de m'effacer de tout, y compris de Villeneuve d'Ascq, ce qui ne m'empêchera pas de construire une nouvelle équipe et un nouveau projet pour l'emporter en mars 2008 aux municipales et aux cantonales.

Tel est, en résumé, un parcours politique de 46 ans structuré par deux grandes charpentes :

Je le dis sans ambages malgré toutes les « limites »du personnage : je suis fier de me dire encore aujourd'hui de "la génération Mitterrand". Il m'aura beaucoup apporté et beaucoup appris. Un personnage comme lui n'a pas, pour longtemps encore, fini de manquer au camp du progrès.

Dès 1985, nous lançons la Technopole Verte et lors du colloque du 26 février 2000, j'en appelais déjà à un programme de « Ville Nouvelle renouvelée ».
Il faudra attendre ma réélection en 2008 pour que ce concept prenne réellement racine sur l'ex-ville nouvelle à travers le programme et les décisions de la nouvelle majorité de LMCU dont je fais partie.

Né donc aux racines du socialisme traditionnel et populaire, accompagné de la pensée de François Mitterrand, à la tâche en Europe et surtout dans ma ville, qui restera « la grande passion » de ma vie, j'ai dit et je redis ma double volonté de relancer ma ville, et son avenir à l'horizon 2020/2025, et de contribuer à « refonder le camp de progrès » dans notre pays sur la base de nos valeurs républicaines de solidarité, de justice et de laïcité, le tout en essayant de rassembler les bonnes volontés trop souvent divisées artificiellement.

J'avais envie de le réécrire en ce mardi 23 février 2010. Voilà qui est fait, avec en lien avec le reste de mon carnet deux citations.
Une de Lao-Tseu : « La seule façon d'accomplir est d'être »
L'autre d'Andrée Maillet : « Nous croyons tous à l'impossible sans quoi nous n'arriverions jamais à l'accomplir ».

Est-il vraiment impossible de changer la vie, de changer les gens, de changer les profondes injustices qui traversent nos sociétés, de changer notre manière de penser et même de gérer ?
Je veux y croire. C'est ce que je fais en préparant le budget 2010 où, grâce à notre détermination, nous sortons de « l'effet-ciseaux », dont nous avions hérité avec des dépenses qui, chaque année, augmentaient plus vite que les recettes.
De budget primitif 2009 à budget primitif 2010, nos dépenses réelles sont aujourd'hui en augmentation de 0,48% tandis que nos recettes réelles augmentent de 0,81%.
C'est ce que j'appelle : « ajuster les dépenses sur les recettes. »
Ce n'est pas facile, les tensions et les mécontentements sont nombreux, mais faire autrement comme le fait le gouvernement UMP, serait parfaitement irresponsable.

Si j'ajoute à cela que, de BP à BP, nos frais de personnel n'augmenteront que de 0,81% alors que le journal « Les échos » nous indique que sur l'ensemble des collectivités locales, elles auront augmenté de 4,6% entre 2009 et 2008 après une hausse de 8% entre 2008 et 2007, on mesure l'effort et la qualité de notre gestion.

C'est sur ces bases assainies qu'on pourra maintenant travailler à l'horizon 2020/2025, troisième point de notre colloque de samedi, ce qui nous conduira à imaginer, pour la construire, la ville de demain, une ville équilibrée, active, animée et sans doute un peu plus dense pour répondre aux besoins en logements.
Et j'espère qu'enfin, celles et ceux qui souhaitent de tels réponses refuseront bientôt dans leurs prises de positions des réactions du type : « oui, mais pas près de chez moi ».

Je ferai tout pour qu'on y arrive avec ma nouvelle génération d'élus, de nouveaux et anciens pionniers villeneuvois, de nouveaux objectifs pour exister encore dans la métropole lilloise de demain avec nos différences, nos valeurs, nos convictions et notre tempérament.

Et j'avoue que j'en ai particulièrement envie quand je lis « l'humour du créateur de la SEDAF et de Brigode » qui nous dit aujourd'hui plaider « pour une véritable mixité sociale en ajoutant que c'est ce qu'il a toujours fait » (ce qui n'enlève en rien les qualités du quartier de Brigode et l'intérêt de son existence pour notre ville).

Comme l'a écrit Vaclav Havel :
« Il faut apprendre partout où c'est possible ».
Et je l'avoue, au gré des journaux et des petites phrases, chaque jour, j'apprends.

Pour terminer, une petite dernière de François Mitterrand :
« On crée pour l'éternité même si elle se charge de démentir ».







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