Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°51 du 26 janvier 2010
Manger à sa faim.


J'aurais, sans doute, pu ouvrir ce carnet sur la prestation présidentielle d'hier soir à TF 1...

Je n'ai, je l'avoue, rien trouvé à dire de particulier que je n'ai déjà écrit sinon que, décidément, la forme et le paternalisme, assortis d'une once de démagogie, ne remplaceront jamais le fond, ajoutant, que quelles que soient les qualités de Monsieur Sarkozy, il ne pourra jamais faire oublier ses cruels échecs en matière de sécurité, de solidarité, de gestion financière et budgétaire, de croissance, d'écologie et surtout d'emploi.

Je préfère donc m'arrêter là et commencer mes pages d'écriture de ce jour par une citation de Franklin Delano Roosevelt :
« Le premier des droits de l'homme est celui de pouvoir manger à sa faim ».

Voilà bien une phrase à méditer quand on sait que, déjà aujourd'hui, des milliards d'êtres humains ne mangent pas vraiment à leur faim, qu'ils seront demain et après-demain encore plus nombreux avec les conséquences des dérèglements climatiques, que l'eau potable et sa raréfaction provoqueront de nouvelles guerres et que, dans nos pays « riches » eux-mêmes, le besoin alimentaire redevient de plus en plus prégnant.

J'y pensais dimanche matin devant les 150 jardiniers présents, salle Marianne, pour l'assemblée générale d'une association, vieille de 83 ans et forte de 360 jardiniers. Depuis 1927, elle a d'abord répondu à des besoins alimentaires avant de devenir davantage un mode de vie sinon de loisirs, se teinter il y a 30 ans déjà à Villeneuve d'Ascq « d'écologie au quotidien » dans les choix d'aménagements de notre ville, pour reprendre aujourd'hui du fait de la crise, des revenus en baisse et des aggravations de la misère, une dimension alimentaire vitale pour beaucoup de familles.
Une belle association, du beau travail, un bon partenariat avec la municipalité, un bel exemple de citoyenneté et de « vivre ensemble »!
Voilà des questions à ne pas oublier dans nos décisions d'aménagement urbain à venir.

J'y pensais aussi lundi matin en entendant les derniers chiffres du drame d'Haïti, ses centaines de milliers de victimes et ses cohortes d'affamés et ce, malgré l'armada américaine et les contingents humanitaires venus des quatre coins du globe.

J'y pense toujours quand je m'angoisse de l'avenir de notre planète, des écarts abyssaux entre les riches et les pauvres, les puissants et les faibles, les privilégiés et les autres...

À méditer, si vous me le permettez, Monsieur Sarkozy... Et je vous le dis Monsieur le Président, non pas pour vous faire le reproche insensé de tout ce qui ne va pas, mais pour essayer à mon modeste niveau de relayer un cri qui monte des profondeurs de nos sociétés que n'entendent pas les dirigeants du monde qu'ils soient politiques ou économiques et que vous n'avez sans doute pas non plus vous-mêmes compris hier sur TF 1.

Et je pense, en cet instant, à un extrait d'une belle profession de foi de Vaclav Havel :
« Pour les hommes politiques, l'essentiel devrait être que la vie soit plus belle, plus intéressante et plus humaine »...
et j'ajouterai... pour être moins insupportable.

C'est ce que je me répète tous les jours dans mon travail d'élu, du plateau de France 3 avec les maires de Lens et de Valenciennes pour y parler de l'avenir de notre Région à mon rendez-vous avec Florence Hartmann à qui j'ai pu confirmer notre soutien dans une demande qui vise à tout dire de la guerre dans les Balkans, une condition pour moi d'une unité européenne qui verra un jour les ennemis d'hier rejoindre l'Union Européenne comme l'ont fait il y a plus d'une demi siècle les ennemis d'avant hier à l'appel des pères fondateurs de l'Europe.

C'est ce que j'ai à nouveau vécu durant un week-end villeneuvois à travers les richesses de sa vie associative, festive, culturelle et sportive.

C'est ce que j'ai répété aux partenaires et citoyens du nord de notre ville réunis pour des vœux autour du bilan des festivités du centenaire du grand boulevard.

Si, souvent, il est de petit(e)s politicien(ne)s qui m'irritent dans leurs rancœurs et absences de rigueur intellectuelle, si parfois même l'égoïsme de certains de mes concitoyens me désole, cela ne m'empêche pas de croire en l'homme et en l'avenir !

Et ce, avec en tête, cette belle expression de Georges Bernard Shaw :
« Vivre ce n'est pas se trouver mais se créer », le tout pour éviter que raison soit encore donnée en ce 21e siècle à Mao Tse-Toung qui disait : « La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre, une politique sanglante ».
À nous tous, chacun à nos niveaux et avec nos pratiques, de lui donner tort sur la première partie et d'éviter enfin à jamais la deuxième.

Et si à l'instar d'Albert Camus je crois aussi « qu'un exemple n'est pas forcément un exemple à suivre », j'essaie de suivre certains exemples passés et, je l'espère, dans certains domaines et sur certaines questions, j'essaie d'être aussi en mesure de laisser derrière moi quelques exemples à suivre.
Oui, notre monde est bien périlleux et nos sociétés sont bien malades, mais n'est ce pas justement la raison d'être de la politique que d'essayer, même modestement, d'y remédier ?

Le travail ne manque pas et le temps nous est compté alors ne l'oublions jamais :
« Il n'est pas nécessaire d'être d'accord sur tout pour travailler ensemble au service de tous ».

J'espère que nous y penserons tous ce soir en conseil municipal, demain pour préparer le budget 2010 de la Ville, après demain pour travailler à la place de Villeneuve d'Ascq dans les 15 ans qui viennent tout en ayant l'obsession de la solidarité, du quotidien, du « mieux vivre pour tous » à tous moments et en tout lieu.

Si, en politique, je sais, comme Jean Jaurès, que « Le courage c'est de chercher la vérité et de la dire », je pense aussi comme Anatole France qu'« à mesure qu'on avance dans la vie, on s'aperçoit que le courage le plus rare est de penser ».

avec, (et on me le permettra à ce stade de ma vie)... une petite dernière que je fais mienne :

« J'avance dans l'hiver à force de printemps » (Charles Joseph de Ligne)







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