Le journal d'une mauvaise herbe, 101 carnets au fil du temps
… pour quelques coquelicots de plus

Carnet n°57 du 16 février 2010
La vie engendre la vie.


Huit ans après la création de Rassemblement Citoyen, le 27 février 2002, et à l'heure de son développement dans plusieurs secteurs de Lille métropole et de la région Nord Pas-de-Calais, on me demande souvent de m'expliquer sur deux de ses principes fondateurs qui d'ailleurs se conjuguent :

N'être pas d'accord sur tout pour bien travailler ensemble ne signifie pas nier les différences et encore moins l'existence d'un camp du progrès d'un côté et d'un camp conservateur de l'autre.
Cela veut dire qu'on obtient de meilleurs résultats et une plus grande force quand on réussit à additionner des différences plutôt que de fausses et artificielles ressemblances à condition de partager des valeurs et des règles d'éthiques compatibles et cohérentes.

Faire de la politique autrement : c'est, en plus, chercher sa vérité, la dire et essayer de la mettre en œuvre sans préjuger ni s'inquiéter « du camp où elle vous placera » dans la tête des « observateurs ».
Dans le même esprit, je le redis aujourd'hui encore :
« Le courage, c'est de savoir dire NON si on veut que son Oui ait du sens ».

En cette année 2010, où tous les périls guettent notre société, nos concitoyens et les gouvernants, il est bon de se rassurer à la lecture de cette citation de Voltaire :
« Nul n'a le privilège de toujours se tromper ».
Voilà qui devrait plaire à notre Président Sarkozy qui, depuis son élection en 2007, n'a pas cessé de nous conduire à l'opposé de ce qu'il nous avait promis en particulier avec son slogan : « Travailler plus pour gagner plus » !
Près de trois ans plus tard, pour la majorité de nos concitoyens le résultat est là : ils travaillent moins, faute de travail, et ils gagnent moins, même parfois, il leur arrive de devoir travailler plus pour gagner moins.
C'est tellement vrai qu'une étudiante chinoise a vu, effarée, dans « le pays des droits de l'homme », son œuvre sur ce thème censuré par l'école des Beaux arts de Paris.
« Ma brave dame, dans quel monde vivons nous »... aurait dit ma grand-mère, à l'instar de cette citoyenne chinoise qui nous a dit que cela n'aurait pu arriver chez elle...

C'est cela le système Sarkozy et le système UMP : plus il y a d'échecs, plus les gouvernants se trompent, plus ils se crispent sur leurs certitudes, croient en leurs discours et produisent de nouvelles lois (comme en matière de sécurité).
Les soi-disant(e)s vigies locales et plus certainement « mouches du coche » devraient le reconnaître au lieu de critiquer tout ce qui se fait. Elles gagnent sans doute l'écoute des grincheux et des mécontents de toujours, elles perdent en crédibilité chez celles et ceux qui ont du bon sens et le goût de l'intérêt collectif.

C'est en gérant bien et mieux dès notre retour en mars 2008 qu'avec de la rigueur, certes parfois douloureuse, nous évitons en 2010 une cure d'austérité comme nous le promet pour les mois à venir le Premier ministre, François Fillon, un Premier ministre qui s'est fendu d'une formule : « voter pour les partis extrémistes revient à voter pour les socialistes ». Très franchement, ces derniers n'en méritaient pas tant.

« La vie engendre la vie. L'énergie produit l'énergie ».
Puissent nos dirigeants de droite (et ceux qui à gauche rêvent de les remplacer) méditer cette formule, se remettre en cause, sortir des sentiers battus conservateurs qui consistent à faire payer par les plus modestes et les plus pauvres le prix de leurs erreurs et de leurs fautes.

On nous annonce en 2010 un grand débat sur les retraites. Ce n'est pas moi qui nierais le problème issu de la conjugaison entre la démographie et la compatibilité. Mais je crains une nouvelle fois que ce soient les plus modestes et les plus fragiles qui en paient l'essentiel du prix.

Voilà ce qui arrive quand on privilégie la facilité et le laxisme sur le courage et c'est aussi vrai en matière de sécurité : l'engorgement de nos prisons et l'explosion des gardes à vue n'ont pas empêché une violence de plus en plus aiguë et une délinquance de plus en plus grave.

Et pourtant comme l'a écrit le Dalaï Lama, je pense qu'
« Il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel ».

C'est ce que je me dis quotidiennement au cœur de la gestion de la ville en préparant un budget 2010 rigoureux et difficile, en finalisant le colloque du 27 février, en vivant nos fêtes hebdomadaires avec, en particulier, des lotos populaires et conviviaux dans tous les quartiers, et, depuis quelques jours, en réceptionnant les recours contre le permis de construire du stade du LOSC.
Sur ce point, je veux dire très clairement et sans circonvolution que j'ai avec mon collègue maire de Lezennes apposé ma signature, en conscience, au bas du permis de construire.
Les motifs soulevés dans les recours ne me surprennent pas : je les ai moi-même souvent pointés du doigt pour tout ce qui concerne les accès et le stationnement.
Sont-ils de nature à interdire un permis de construire ? Je ne l'ai pas pensé en décembre dernier et je ne le pense pas davantage en février 2010.

Si la justice devait en décider autrement, elle en prendrait la responsabilité avec toutes ses conséquences et les élus que nous sommes se plieraient à ses injonctions. Une fois encore, je le redis, un permis de construire c'est le constat d'une concordance entre les règles d'un droit existant et un projet.
Ce n'est pas un jugement d'opportunité ni même l'expression d'une opinion, aussi légitime puisse-t-elle être. Alors nous attendrons sereinement, convaincus que nous avons fait notre travail dans le cadre légal de notre république.

Certains me trouveront peut-être aujourd'hui particulièrement calme et serein.
Je l'expliquerai par cette phrase d'Albert Camus : « Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été ».

Et puis, surtout, il y a tellement de gens qui souffrent et qui se battent contre les difficultés, la misère et la maladie que je ne me sens pas le droit de me laisser écraser par des difficultés qui sont le lot d'une fonction que j'ai choisie et que mes concitoyens m'ont fait l'honneur de me confier.

Comme l'a écrit François Mitterrand :
« Qui a peur de son ombre attend midi pour se lever. Pendant ce temps les autres courent ».

Et moi je suis plutôt du genre à commencer à travailler tôt le matin, même si je travaille aussi tard le soir...
Je me retrouve effectivement dans cette pensée de Bertrand Blier :
« Ce que l'homme voudrait, c'est vivre plusieurs vies. Et ce n'est pas possible parce qu'il n'en a qu'une, et, en plus, elle est courte ».







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